Yvonne Jean-Haffen

Locronan et les artistes de son musée : Yvonne Jean-Haffen

Yvonne Jenny Haffen, dite Yvonne Jean-Haffen, née à Paris IX^e le 27 octobre 1895, décédé à Léhon (22) le 24 novembre 1993, mariée à Paris XVIII^e le 14 février 1920 avec Edouard Prosper Jacques Jean, est une artiste peintre, décoratrice, dessinatrice, graveuse et céramiste française.

Parmi les collections du musée d’Arts « Charles Daniélou » de Locronan, on trouve plusieurs de ses œuvres. Dans la section peinture du catalogue d’ouverture du musée municipal de Locronan en 1934, on trouvait sous le n°27 une huile intitulée « la grande troménie de Locronan ». Ultérieurement, notre musée va s’enrichir de cinq linogravures originales sur papier japon représentant des huttes de la grande troménie (« Ecce Homo », « Saint-Mathurin », « la Kroaz Keben », « Hutte ND de Kergoat » , « Descente de Plaç ar Horn »), deux huttes en céramique polychrome, moulées et décorées : « Ecce Homo » et « Saint-Mathurin » qui ont été réalisées en collaboration avec la faïencerie Henriot

Originaire de l’est de la France mais née à Paris en 1895, Yvonne Haffen s’intéresse très tôt au dessin auquel elle s’initie dans une école privée ; sa passion l’incite à suivre les cours de la Grande Chaumière puis, encouragée par son mari Edouard Jean, à travailler dans l’atelier du peintre Auguste Leroux.

Elle participe au Salon des Artistes Français en 1924 puis en 1925, année déterminante pour Yvonne Jean-Haffen qui rencontre Mathurin Méheut dont elle devient l’élève, la collaboratrice puis l’amie.

Avec son mari, Yvonne Jean-Haffen avait peint Paris et l’Ile de France ; avec Mathurin Méheut, elle va découvrir la Bretagne dès 1926 et y fera de multiples séjours. Elle est séduite par la couleur tamisée et changeante du ciel breton, la variété des paysages et les scènes de la vie quotidienne. Ses sujets de prédilection sont les activités de la pêche et les paysages des bords de mer ; mais elle découvre aussi les pardons comme celui de la grande troménie de Locronan et de Sainte-Anne-la-Palud. Elle aime beaucoup les ambiances de foule active et a laissé de nombreuses études sur les costumes traditionnels et coiffes de Bretagne. Ses œuvres peuvent donc être considérées comme de véritables témoignages ethnologiques.

Pour ses premiers dessins de paysages bretons, elle utilisa fréquemment la gouache ; on peut d’ailleurs admirer un tableau sur la grande troménie au musée municipal de Locronan. Vers les années 1930, apparaît le crayon gras noir, plus facile d’emploi que le fusain ou l’encre, qui permettait des noirs plus francs et dont Yvonne Jean-Haffen se servit dans de nombreuses œuvres, tant pour des œuvres documentaires que pour des scènes de paysage et d’études multiples.

Yvonne Jean-Haffen se consacra aussi à la technique de la gravure : gravure sur bois, lithographie et plus particulièrement la linogravure. Le musée de Locronan en possède cinq originaux sur la grande troménie : « Ecce Homo », « Saint-Mathurin », « la Kroaz Keben », « Hutte ND de Kergoat » , « Descente de Plaç ar Horn ». Au Salon de la société nationale des Beaux-arts en 1930, Yvonne Jean-Haffen exposait sous un même numéro, six « gravures sur bois », avec un titre commun la Grande Troménie. Ce sont vraisemblablement cinq de ces œuvres que l'on retrouve aujourd'hui dans notre musée toutes numérotées 1/50.

Dès 1927 et jusqu’aux années 1950, elle collabore avec la faïencerie Henriot ; elle y réalise diverses œuvres moulées et décorées comme les deux huttes de la grande troménie : « Ecce Homo » et « Saint-Mathurin » visibles au musée de Locronan et dont il existe une autre version avec une polychromie différente.

Entre les deux guerres, l’essor des lignes transatlantiques lui permettra d’honorer un certain nombre de commandes pour la décoration de paquebots.

En 1930, elle collabore avec Mathurin Méheut à la décoration de la salle de conférences de l’immeuble Heinz et Cie à Pittsburg dont il ne reste malheureusement rien aujourd’hui.

Yvonne Jean-Haffen pratique aussi l’illustration de livres ou d’articles de revues dont Fontaines en Bretagne d’Yves Milon paru en 1964. En 1942, Yves Milon avait demandé aux deux artistes Yvonne Jean-Haffen et Mathurin Méheut de décorer les salles de l’Institut de Géologie de Rennes dont il était directeur, décors que l’on peut admirer aujourd’hui à l’Université de Rennes.

C’est à Dinan, à la Maison de la Grande Vigne achetée en 1937 avec son mari, lieu de rencontre de nombreux artistes et écrivains, havre de paix pour elle, que s’éteint Yvonne Jean-Haffen en 1993. En 1987, la donation à la ville de Dinan de la propriété et du fonds d’œuvres, permet d’ouvrir, depuis 1994, cette maison où, sur des thèmes choisis chaque année, les œuvres d’Yvonne Jean-Haffen sont présentées au public dans le cadre que l’artiste a tant aimé.