La Révolution à Locronan

1789

Les documents  sur les débuts de la Révolution à Locronan sont très rares. Le mois d'avril 1789 avait été occupé par la rédaction des cahiers de doléances. On connaît ceux des paroisses voisines de Plogonnec et de Ploaré, qui dépendaient de la sénéchaussée de Quimper1. Mais ils n'ont pas été conservés dans celle de Châteaulin, où se trouvait Locronan.

A Plogonnec le rédacteur du cahier a été Germain de Leissègues, procureur fiscal de la juridiction de Névet, qui résidait à Gorrequer, Locronan, où il était notaire ; les revendications des habitants de Locronan ne devaient être très éloignées de celles de Plogonnec. Sans doute y avait-il en outre des demandes particulières des tisserands, qui n'avaient cessé de déplorer au cours des années 1780 la crise de leur industrie de toiles à voiles, et les abus du contrôleur des toiles.

Ce dernier obtiendra la fermeture du bureau de contrôle en 1781, malgré l'opposition unanime de la population. La production va immédiatement chuter de moitié, et ne reprendra pas après le rétablissement du contrôle en 1787. Locronan, traumatisé par tous ces évènements, était sans doute mûr pour rallier avec enthousiasme les luttes de 1789. Le bureau de contrôle sera définitivement supprimé en 1791.

A Plogonnec, la population réclame l'abolition des domaines congéables, contrats qui permettaient aux seigneurs fonciers de congédier leurs colons à la fin du bail, des corvées, du logement gratuit des troupes. Mais elle exige  surtout une égale répartition des impositions entre les trois ordres de la province. A la fin du texte, les habitants déclarent adhérer à tout ce qui sera fait par la municipalité de Quimper de bon et d'utile pour le Tiers-Etat.

C'est à Quimper que naissaient les idées et où l'on discutait de toutes ces revendications. La nouvelle de la prise de la Bastille y arrive par courrier le 19 juillet. Elle va relancer l'affrontement entre les tenants de l'ordre ancien, et ceux qui veulent le changer. Ces derniers vont constituer un Comité Permanent le 8 août 1789, qui se veut légitime face à l'ancienne municipalité, qu'il finira par supplanter. Après la création des communes par la loi du 14 décembre 1789, il va organiser les élections de la nouvelle municipalité en Janvier 1790.

A Paris, le mois d'août avait vu le vote des premières lois qui abolissaient la féodalité. A Locronan, la tradition orale rapporte que l'on avait brûlé sur la place des centaines d'actes qui assujettissaient le colon à son propriétaire foncier, mais sans précision de date, sans doute quelques mois plus tard. Le tombeau des marquis de Névet avait été démoli et sorti de l'église, comme le montreront plus tard les fouilles de 1905, mais ses pierres seront récupérées depuis, et replacées dans l'église. Aucun écrit de cette époque n'a été conservé, mais l'abbé Pouchous relate au milieu du XIXème siècle le témoignage d'un vieillard de Plonévez-Porzay, "qui a vu brûler sur la place de Locronan, pendant la Révolution de 1790, trois charretées de titres et papiers de la Maison de Névet".

Les lois et décrets votés de 1789 à 1794 sont en ligne sur le site de l'Université de Stanford2.

Parmi les nombreux ouvrages qui ont été publiés sur la Révolution française, nous citerons seulement celui de Jean-Clément Martin3, l'un des plus récents.

Pour la Bretagne, nous ferons souvent référence à l'œuvre de A. Maufras du Chatelier4, et plus localement pour la région de Locronan, le Porzay, à celle de Christian Petibon5 ou de Maurice Dilasser6.

 

Notes

1 Arch. Dép. Finistère, 10 B 22, Cahiers de doléances de la sénéchaussée de Quimper, 1789.
2 Université de Stanford, Archives Numériques de la Révolution Française,
3 Jean-Clément MARTIN, Nouvelle histoire de la Révolution française, Perrin, 2012.
4 A. MAUFRAS du CHATELIER, Histoire de la Révolution dans les départements de l'ancienne Bretagne, Paris, Dessesart, 1836, T1, p279
5 Christian PETIBON, Histoire de Guillaume 1751-1806, Episodes de la Révolution à Plonévez-Porzay, Quimper.
6 Maurice DILASSER, Locronan et sa région, Paris, 1979.