Le Styvel

Le village du Styvel est situé au nord et à environ 1 km du bourg de Locronan. Son orthographe a varié au cours du temps : on écrivait An Stiffell, ou Ar Stiphell au XVIème siècle, Le Stivel en 1680 et 1878, et Le Styvel sur les cadastres du XIXème siècle et sur les dernières cartes IGN. Sa traduction est La Pompe dans un aveu du marquis de Nevet de 1684, mais dans les dictionnaires on trouve plutôt La Source.

Le village est divisé en deux exploitations par un chemin qui était au XIXème siècle la route de Locronan à Châteaulin. Avant 1929, la plus à l'ouest (la plus à gauche sur la photo) était en Plonévez-Porzay et l'autre en Locronan.

 

Les deux villages du Styvel

Sur le Portail de l'Institut Géographique National, l'option "remonter le temps" permet de comparer la photo aérienne du village à sa position sur la carte.

Le Manoir du Styvel (Plonévez-Porzay)

 

Le plus ancien document que nous possédons sur ce village est un bail à domaine congéable et réparable consenti le 24 juin 1628 par Maitre Henry Moreau, sieur du Stifvel, à Guillaume Hémon et Marie Fer sa femme1. Selon les anciennes archives du prieuré, les "Moreau" étaient présents à Locronan à la fin du XVIe siècle, puisque Maitre Louis Moreau signe un acte en 1587. Si Locronan était à cette époque une ville judiciaire qui abritait de nombreuses juridictions seigneuriales, c’était surtout un des rares lieux où l’on fabriquait des toiles à voile pour les grands navires de France et d’ailleurs. On comprend qu’elle attirait de riches bourgeois convaincus d’y faire de bonnes affaires. Plusieurs d'entre eux vont acquérir des propriétés agricoles à Locronan et dans les paroisses voisines, et feront suivre leur patronyme de celui du nom de leur bien. On trouve à Locronan des sieurs du Menec, de Kerourien, ou encore de Rosancelin. Mais cela n’implique pas qu’ils demeurent dans ces villages. Henry Moreau, sieur du Styvel, réside dans sa maison de la ville de Locronan, et n'a aucun titre de noblesse.

          Dans ce bail de 1628 Guillaume Hémon et Marie Fer sont les domaniers. Ils possèdent les droits réparatoires du Styvel, paroisse de Plonevez-Porzay, qu’ils transmettront à leurs descendants. Les actes doivent se faire devant la ou les justices seigneuriales dont dépendent les terres du village : le vassal doit se plier à la justice de son suzerain, qui est lui-même vassal d’un autre seigneur, et ainsi de suite jusqu’au roi ; il doit périodiquement lui rendre un aveu de ses possessions, et lui verser une redevance pour sa protection.

          Les actes de 1628 fixent les conditions du bail du " Manoir du Stiffell ses yssues appartenances et despandances et a ce pour le temps de neuff ans qui commenceront a la Sainct Michel prochain venant et finiront a pareil jour iceulx finis et revolus et ce pour en payer par chacun an de ferme et taille convenanciere audit Moreau le nombre de sept combles froment, houict combles seigle et houict combles foulés avoine le tout mesure du Roy, et trente soubtz de corvées, droit de champart, a comencer à faire le premier payement a la Sainct Michel prochaine venante et en outre payer les charges qui se trouvera d'estre debues dessus ledit lieu nottement à la seigneurie de Nevet".

          Mais pour passer ce bail, les domaniers doivent posséder les droits réparatoires, ce qui n'était pas le cas du couple Hémon. Il faut donc qu'ils les achètent, ce qui est fait sur le même acte, qui précise que "de ce jour ledit Moreau a vendu cédé et délaissé et transporté tous et chacuns des droicts supperficies et réparatoires estantz sur et authour ledit Manoir du Stifel audit Hemon et femme pregnantz et et acceptant de ce pour et moyenant la somme de trois centz soixante et dix houict livres thournois". Après avoir détaillé le plan de financement, l'acte indique encore que "ne pourra ledit Hemon estre expulsé desdits droitz que au prealable il ne soict remboursé de ladite somme de trois centz soixante et dix houict livres et de ses améliorations qu'il pourra justifier avoir faict". Ce qui explique que dans un autre acte, Guillaume Hémon fasse établir un état des lieux2 :

"Ce vingt et neuffiesme jour de Juign avant midy l’an mil six centz vingt et neuff nous notaires soubzgnants" se rendent "jusques au lieu et manoir du Stiphel parroisse de Plonevez Porzay et ce pour faire estat du proces verbal des indigences des reparations tant maisons et creches escuries qui auroient à la requeste de Guillaume Hamon de [Keroutous ?] dicelluy lieu ayantz en nostre compagnie Henry le Teo maitre maczon de Sainct rené du boys Bernard Hadou demeurant au manoir de Kervellic en ladicte paroisse de Plonevez Porzay et Pezron le Guellec du lieu du Jeun en la paroisse de Quemeneven".

Pour effectuer les travaux correspondants, le domanier devait obtenir l'accord du propriétaire foncier, car les améliorations augmentaient les droits réparatoires, et donc la somme à rembourser en cas de congément.

Après la signature des actes de vente ci-dessus, la transaction se termine par une prise de possession des lieux par Guillaume Hemon et femme datée du 26 juin 1628, durant laquelle ils ont "faict feu et fumée dans le dit logis et faict tous autres actes requis et necessaires pour bonne et ample possession".

L'achat des droits réparatoires par Guillaume Hémon indique que c'est un nouvel occupant du lieu. Par la suite il pourra les transmettre par héritage à ses successeurs. La famille Hémon (parfois écrit Hamon), va les conserver pendant de nombreuses années.

Ainsi, le 12 mars 1667 les domaniers du manoir du Styvel rendent aveu à leur propriétaire foncier, dans un acte passé devant la juridiction de la baronie de Nevet et Pouldavid3 : "Jacques Hamon  demeurant au manoir du Stiphel paroisse de PlonevezPorzay, et Jacques Dagorn demeurant au village du Creach paroisse de Sainct René du Boys, sont connaissants et confessent tenir ledit manoir du Stiphel à tiltre de domaine congéable et réparable de et soubz noble homme Henry Moreau sieur du Stiphel demeurant en sa maison en la ville de Sainct René du Boys … ". Jacques, et Janne (l'épouse de Jacques Dagorn) étaient probablement les enfants de Guillaume Hamon et de Marie Fer.

L'acte décrit ensuite tous les constructions et les terres de l'exploitation dans le détail. Ainsi les batiments comprennent :

" La maison ancienne avecq la chambre estant au bout devers occident de ladicte maison contenantz de longueur quarante et trois pieds [14 m], hauteur sept pieds, francq à douze pieds et demi, à trois pignons, une cheminée de pierre de taille, deux portes aussi de pierre de taille, autre porte de simple maçonnage, trois fenestres aussi de pierre de taille trois fenestres orbée garnies de pierre de cheffrons, le tout couverte de gleds.

Plus la maison à four contenant contenant de longueur quarante trois pieds, de hauteur six et demy, et de franc douze pieds à deux pignons, deux portes de pierre de taille, trois fenestre aussi de pierre de taille avecq pierre à cheffrons, couverte de gled.

Item le four dudict manoir du Stiphel contenant de rond par dedans sept pieds [2,3 m de diamètre intérieur] et une cheminée de pierre de taille.

Plus la crèche nommée craou bras contenant de longueur trente huict pieds, de hauteur six pieds, de francq traize pieds à deux pignons, une cheminée de pierre de taille, deux portes aussi de pierre de taille, trois fenestres de pierre de taille, cincq fenestres orbées de pierre à cheffrons, couverte de gled.

La maison nommée marchossi [l’écurie], contenant de longueur saize pieds, de hauteur six pieds et de francq huict pieds, avecq une porte de pierre de taille, aussi couverte de gled.

Plus la maison à pourceaux contenant de longueur neuf pieds, de hauteur quatre et de francq cinq pieds, avecq une porte de simple maçonnage couverte de gled.

Une muraille entre la grande creiche et maison à four contenant de longueur vingt et deux pieds, et de hauteur six pieds".

Le Manoir du Styvel, 1850
Arch. Communales

Il y a cinq maisons, toutes couvertes de gled, c'est-à-dire de chaume, dont trois avoisinent les 14 mètres. Les deux premières peuvent servir d'habitation, si plusieurs couples vivent au village. Le four est accolé à la maison du même nom et, outre la cuisson, il était souvent utilisé pour terminer le séchage du chanvre. Les trois dernières étaient destinées aux animaux, bovins dans la grande crèche, chevaux dans l'écurie (marchossi en breton), et porcs dans la maison à pourceaux. Il pourrait s'agir des bâtiments du plan de 1850.

Les terres sont situées sur les deux paroisses de Plonévez-Porzay: parc an Houldri, courtil à herbe, parc an Hoeton, gagnerie du Stiphel, autre courtil à herbe, parc Trihorn, garenne du Stiphel, et de Locronan :  parc Connan, parc Balanou, parc an Haon, courtil à chanvre, parc ar Men Guen, une grande prée fauchable, une part de la montagne du prieur.

Pour chaque parcelle l'acte indique la surface principale, à laquelle il faut ajouter celle de ses fossés (fossé et talus), souvent plantés d'arbres, et la situation. Par exemple (avec 1 journal = 4862,4 m² et 1 corde = 60, 78 m²) :

"Davantage un courtil à chanvre contenant de fond trente et deux cordées, cerné de ses fossés et murailles. Il y a trente et deux pieds d’arbres, tant chaisnes, fresnes qu’ourmeaux, donnant devers orient et midy sur le chemin dudict Sainct René audict manoir du Stiphel, devers occident sur parc ar Provost et devers le nort sur parc ar Haon.

Plus parc ar Men Guen terre chaude contenant un journal et deux cordées, de fossé vingt et six cordées. Il ya traize pieds d’arbres tant ourmeaux que chesnes, donnant devers orient et midy sur terre de l’église paroissiale dudict Sainct René du Boys, devers occident sur venelle conduisant dudict manoir du Stiphel à la montaigne dudict sieur prieur de Sainct René du boys, et devers le nort sur le grand chemin de Chaulin [Châteaulin] audict Sainct René du Boys".

Pour terminer, il fixe la redevance due par les domaniers, qui n'a pas variée depuis 1628 :

"…lesdicts advouants s’obligent solidairement payer audit tiltre de domaine de congeable audit sieur du Stiphel leur seigneur scavoir par chacun an et à chacque terme de Sainct Michel Monte Gargane pendant qu’ils jouiront dudit manoir du Stiphel scavoir le nombre de sept combles froment huict combles de seigle huict combles foulés avoine le tout mesure du roy nostre sire, deux chappons et trente sols en argeant avecq les corvées et droict de champart…"

Henry Moreau doit ensuite déclarer cette possession au baron de Nevet son suzerain, qui lui-même en rend aveu au roy, comme en 16844 :

Extrait de l'aveu de Nevet, 1684

L'article donne la position du Manoir du Stifel, qui joint à l'est le chemin de Saint Ronan à Châteaulin. En outre, on voit que son propriétaire foncier, Henry Moreau le vieux, doit à la Seigneurie de Nevet un comble de froment, redevance que Henry Moreau avait déjà répercutée sur ses domaniers qui, sur l'acte de 1667 doivent "acquitter leurdit seigneur foncier d’un comble de froment aussi mesure du roy deu par an de cheffrente à la seigneurie de nevet…" en plus de leur bail.

          Un autre acte5, daté de 1627, relatif au bail de terres transmis au prieuré par feu Loys le Noy, ancien recteur de Plogonnec, fait également mention des Moreau : le corps politique de Locronan, dont l’un des membres est Louis Moreau, se réuni après la messe pour bailler ces terres qui étaient auparavant affermées à Henry Moreau. Ces Moreau étaient sans doute descendants de Louis, le notaire de 1587 ; ils feront partie des plus importants notables de Locronan tout au long du XVIIe siècle, Henry étant sieur du Stivel et Louis sieur de Rosancelin.

          Louis le Noy avait cédé ses terres à l’église en créant une fondation : la rente assise sur ses propriétés devait servir à perpétuer des prières annuelles pour le repos de son âme, qui étaient faites par les prêtres du prieuré. Cette rente, payée tous les ans par les héritiers, les propriétaires ou les locataires, apparait dans les cahiers de compte annuels de la fabrique Saint-Ronan, avec le nom des personnes qui la payent et celui du bien en question.

          On relève dans ces comptes6 une rente de 6 livres " pour la fondation due par le sieur de Pratmenou sur le lieu du Stivel ". Ce sieur de Pratmenou était l’un des bourgeois de la fin du XVIème siècle ; en 1591 le fabrique paye cinq sols et dix deniers " à Monsieur de Pratmenou et Me Louis Toulguengat, notaires, pour avoir fait l’acte d’accord entre lesdits paroissiens et ledit vitrier », et en 1602 il reçoit 50 sols " du sieur de Pratmenou dessus son tombeau ". Sa fondation date donc de cette époque ; mais avait-il un autre nom, un lien avec Louis Moreau notaire ? Ces questions sont sans réponse, mais l’homme devait être important puisqu’on l’appelait Monsieur, comme on disait Monsieur de Tresseaul ou Monsieur de Keroullas.

          Deux autres déclarations vont nous renseigner sur les propriétaires et les domaniers du Styvel de Plonévez-Porzay au XVIIIe siècle. Elles sont quasi-identiques à celle de 1667 : mêmes maisons, mêmes terres, mais avec la mention de la paroisse où elles se trouvent, mêmes redevances.

En 17507 deux des seigneurs fonciers sont des héritiers et descendants de Henry Moreau : Thérèse Renée Moreau sa petite-fille, Bertrand de Leissègues de Trévascoet, époux de son arrière-petite-fille Louise Marie Le Goff. Un troisième, Jean Guillier sieur du Marnay avait acheté une rente du Stivel en 1740. En 17878 leurs descendants seront Jacques Valentin de Leissègues de Trevascoet, Me Louis Bescond de Coatpont et Jean Marie Guillier sieur du Marnay.

          Les domaniers étaient en 1750 Marie Hémon veuve de Barthélémy le Tartu, avec sa fille Françoise épouse de Jean Gouriten. Françoise le Tartu, devenue veuve, semble être la seule propriétaire du bail en 1787. Dans cet acte, le manoir est qualifié de manoir noble du Styvel, ce qui s'accorde avec l'existence d'un ancien colombier dans le parc an Houldry.

Sur le cadastre napoléonien de Plonévez-Porzay, vers 1850, le propriétaire foncier est Ansquer et le domanier Pierre Ligavan. Mais lors du percement de la nouvelle route en 1881, c’est Pierre Ligavan qui en est le possesseur.

 

Le Styvel de Locronan (Styvel Huelaf)

Les données sont beaucoup plus rares que les précédentes. Ces terres dépendaient de la juridiction du prieuré de Locronan, comme l’indique l'aveu de son prieur en 16809, où il déclare "le lieu et village du Stiffvel contenant en fond vingt trois journal profité par Guillaume Guézennec et Guillaume Hémon comme domainier soubz la Dame de Bodillieau et payent par an de chefrante audit seigneur prieur douze livres froment et douze livres avoinne".

La dame de Bodillieau est aussi qualifiée de dame de Tresseaul dans l'article concernant le Menec. Mais s'agit-il de Marie-Anne du Plessis, épouse de François  Joseph du Boys, qui donne naissance à Jacquette Ursule du Bois en 1681, ou de Ursule de Kergoet, veuve de François du Boys, qui est la marraine de l'enfant ?

Le 24 avril 1731, le bureau de contrôle des actes de Locronan10 enregistre la vente à Anne Boger, par le marquis du Pleuc, d'héritages situés au Stivel pour 1900 livres et au Ménec pour 750 livres. En 1740 Anne Boger déclare "fonder à perpétuité une messe à basse voix à estre dite tous les jours de chaque année". Pour cela, une somme de 156 livres 10 sols est prise sur les revenus de Kerjaury (60 livres), le Stivel (54 livres), et le Menec (42 livres 10 sols)11.

Au décès de Anne Boger en 1752, "le lieu du Stivel à domaine possédé par le Bris, Bossennec et Hemon arrenté 120 livres 08 sols" fait partie de sa succession12. N'ayant pas d'héritiers directs, les biens seront partagés entre ses neveux et petits-neveux, dont Catherine Boger, qui avait épousé Antoine Laurent de la Barre en 1748. C'est leur fille Reine Marie Françoise, épouse de Guillaume Massard de la Houssaye, qui est la propriétaire foncière en 1787, selon un dénombrement de cette époque13.

Cet acte est particulièrement intéressant, puisqu'il nous renseigne non seulement sur les propriétaires fonciers, mais aussi sur les domaniers, tous descendants de ceux de 1752 :

" L'an mil sept cent quatre vingt sept le premier mars avant l'après midi, devant nous soussignés notaires de la juridiction de Guengat et Leshascoët avec soumission à celle du prieuré de Locronan Saint Ronan du Bois furent présents Guillaume le Hémon et Jean le Bris demeurant séparément au lieu du Stivel Huelaf sur la paroisse de Locronan Saint Ronan du Bois, lesquels reconnoissent et avouent tenir et profiter à titre de domaine congéable et réparable suivant l'usement local de Cornouaille de et sous écuyer Guillaume-Gilles-Anne de Massard mari et procureur de droit de dame Reine-Marie-Françoise du Laurent demeurant en la ville de Landevennec paroisse du même nom, savoir est ledit lieu roturier du Stivel Huelaf en ladite paroisse de Locronan Saint Ronan du Bois, avec ses circonstances et dépendances, et le lieu vulgairement appellé Kerdelant aux issues dudit lieu du Stivel depuis longtems réduit en ruine sans qu'il en paroisse aucun vestige, mais seulement les terres en dépendantes aussi roturières, dont la description par tenants et aboutissants, mesurages et cordées suit…".

Il nous apprend la disparition de l'ancien village de Kerdelan, à l'est du Ménec, au croisement de deux chemins ruraux nommé "Croix de Kerdelan" sur le cadastre de 1847. Notons aussi que le village de Kerjaury situé entre le Stivel et le Ménec, recensé en 1680, a lui aussi disparu.

Le dénombrement se poursuit par la description des constructions et des terres de chacune des loties : celle de Guillaume Hémon, celle de Jean le Bris, ce dernier exploitant en outre un troisième lot qui correspond aux héritages feu de Claude Le Hémon. Chaque lot possède ses propres bâtiments (habitation, crèche, écurie).  Signalons dans celui de Guillaume Hémon, la maison nommée Ty Stern, dédiée au tissage, et dans celui de Jean Le Bris celle appelée Ty Nevez, que son aïeul maternel Yves Bossenec avait pu construire grâce à un accord concédé en 1722 par le propriétaire foncier de l'époque, le sieur de Parpoulic-Ansquer.  

Le Styvel Huelaf, 1847.
Arch. Communales

Les champs qui appartiennent à ce village sont : Parc Goulven, parc Nevez, parc Trou, parc Lann, parc Menez Bihan, Gagnerie, Foennec Bihan, parc Calet, Parc Kerdelant Bras, parc Kerdelant Bihan, Jardin, Courtil à chanvre, Liors ar Guéot. Ils sont répartis entre les trois lots, et plusieurs sont divisés en deux ou trois portions.

La présence d'un courtil à chanvre nous renvoie au tissage des toiles, qui était l'une des activités principales des exploitations agricoles autour de Locronan. Ceci est confirmé par l'étude des inventaires de meubles faits périodiquement à l'occasion d'un partage.

En 1749, Jean le Bris le jeune, fils de Jean le Bris et de Anne le Bossennec, se marie avec Jeanne Bernard. Un inventaire14 est fait le quatre décembre, conformément à  leur contrat de mariage du 12 février. On y trouve, entre autres, les objets suivants, qui témoignent de la culture et du tissage du chanvre :
Un peigne à peigner le chanvre, 10 sols
Trois peignes de chanvre à peigner le chanvre, 4 livres
Un dévidoir, 10 sols
Un mettier à tisserant avec une lame, charrette et rateau, 30 livres
Autre mettier à tisserant, 18 livres
Les lames de cuivres, 30 livres
Les broys, 3 livres
Le chanvre à broyer, 35 livres
Trois castellées de graine de chanvre

Un autre inventaire15 est fait la même année lors du partage des biens de Jean Hémon et Françoise Bossennec entre leurs enfants, dans lequel est aussi mentionné un métier à tisserand, avec ses lames et appareaux, évalué 15 livres.

Au XIXe siècle les propriétaires fonciers sont les descendants de Guillaume Massard de la Houssaye et de son épouse Aimée Olive Mancel, fille d’un ancien notaire de Locronan. En 1919 François Billon et Marie Keroulas, héritiers des domaniers du XVIIIème siècle, achètent le fond à Emma Dubuisson, qui le tenait de sa mère Alexandrine de la Houssaye.
Entre 1875 et 1885, la route Quimper-Lanvéoc est rectifiée dans la traversée de Locronan. Le plan ci-dessous montre la nouvelle route entre Le Ménec et Le Styvel :

Rectification de la route Quimper-Lanvéoc entre Le Menec et Locronan (1883)

La frontière Plonévez-Porzay / Locronan est en Jaune. Côté Locronan, les terres du Styvel sont exploités par Billon Yves fils, domanier de Massard de la Houssaye.
Cette portion de route a été modifiée encore une fois à la fin du XXème siècle

 

Notes

1 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,
Contrat de vente des droits réparatoires du Manoir du Stiphel fait par feu Maitre Henry Moreau en son vivant Sieur du Stivel à Guillaume Hemon et femme pour 378 livres.
Bail a tiltre de ferme domaisne congéable et réparable.
Prise de possession faite par Hémon au Manoir du Stivel, 1627-1628.
2 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,

Procès-verbal des indigences et réparations des maisons, crèches et écurie au Manoir du Stiphel, 1629. (acte incomplet).
3 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,
Déclaration et dénombrement des édifices et des terres du  Manoir du Stivel, faite au propriétaire foncier Henry Moreau, par les domaniers Jacques Hamon et Jacques Dagorn, 1667.
4 Arch. Dép. Finistère, A 88, Aveu au roi du seigneur de Nevet, 1682.
5 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,
Réunion du corps politique de Sainct René du Boys, 1627.
6 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,
Comptes de la fabrique Saint-Ronan, 1688-1690.
7 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,
Déclaration et dénombrement des édifices et des terres du  Manoir du Stivel, 1750.
8 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,
Déclaration et dénombrement des édifices et des terres du  Manoir du Stivel, 1787.
9 Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 1164, Rentier du prieuré de Locronan, 1680.
10 Arch. Dép. Finistère, 25 C 2 9, Héritages au Styvel et au Ménec acquis du Marquis du Pleuc, 1731.
11 Arch. Dép. Finistère, 4 E 33 4, Fondation d'Anne Boger au profit de la paroisse Saint-Ronan, 1740.
12 Arch. Dép. Finistère, 25 C 18, Estimation des biens de la succession d'Anne Boger, 1752.
13 Arch. Dép. Finistère, 4 E 38 71, Déclaration et dénombrement des édifices et des terres du Styvel Huelaf en Locronan, 1787.
14 Arch. Dép. Finistère , 4 E 36 13, Etat de meubles au Stivel, 1749
15 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 13, Démission de meubles au Stivel, 1749.