Nous avons exposé par ailleurs les problèmes posés en 1924-27 par le classement des lots 84, 85 et 86, qui appartenaient tous à Madame veuve Gautier. Après l'abandon du projet d'un nouvel hôtel sur leur emplacement, les Monuments Historiques accepteront que la maison soit reconstruite.
Dans l’aveu de la famille Piclet de 17801, il est dit que leur maison "Ty Bodolec " , le lot 85, donne du nord sur la maison de Louis Conan, qui doit donc être le lot 84.
Cette maison est décrite dans un aveu de Louis Conan et femme du 24/01/17812, où il est bien précisé qu’elle donne du midy sur la maison de la veuve d’Allain Piclet :
"l’an mil sept cent quatre vingt un le vingt quatre janvier avant midy devant nous notaires de la juridiction du prieuré de Locronan saint Ronan des Bois y duement soumis furent présents Louis Conan et Etiennette Nedelec sa femme icelle de son mary à sa prière et requête bien et duement authorisée demeurants en la ville et paroisse dudit Locronan Saint Ronan des Bois lesquels connoissent et confessent tenir et posséder prochement, ligement et roturièrement à titre de fois hommage et devoir de chambelenage, lods et ventes, dixmes à la dixième gerbe des bleds froment, seigle, avoine, pilatte, orge et lin, suite de cour et de moulin et exempt de rachat de et sous noble et discret missire Dom Mathieu Genitor Testhu du Bois de la Vaud seigneur prieur titulaire et commendataire du prieuré de Locronan Saint Ronan des Bois les droits et héritages cy après sittués en la ditte ville et paroisse de Locronan des la description et débornement par tenant et aboutissant fait
et premier
Une maison couverte d’ardoise sittué au cotté du levant de la grande place dudit Locronan consistant en une cuisine et une chambre au dessus et un grenier ayant ses ouvertures en son pignon du couchant donnant sur ladite place, une cheminée en son pignon du levant avec une porte pour fréquenter ladite chambre une autre cheminée au mur costier du nord mittoyen avec les propriétaires d’une maison occupée par Pierre Berrou et femme contenante laditte maison de long dix neuff piedz sur quinze piedz de hauteur et de largeur onze piedz.
Une autre petite maison au levant de la précédente aussy couverte d’ardoises ayant ses ouvertures du levant et d’occident contenant de long à un pignon et demy dix sept piedz de largeur dix et demy et de hauteur quatorze piedz, donnant du levant sur une place nommée Leur an Autrou, du midy sur autre maison à la veuve Allain Piclet, du couchant sur sur la cour et l’autre maison dudit avouant et du nord sur autre maison occupée par ledit Berrou et femme…
Lesquels dits droits sont echus et avenus auxdits avouants en partye de la succession Marie le Goff leur mère et belle-mère l’autre partye par l’avoir acquise de cette dernière de François Glivian Annette le Bossennec et Guillaume Glivian et de François Guillerm à titre de licitation et partage en deniers par contrat du douze septembre mil sept cent cinquante deux au rapport de Leissegues duement controllé et insinué à Locronan le dix sept desdits mois et an ; et six avril mil sept cent soixante six au rapport d’autre de Leissegue nottaire controlle et insinué à Locronan le treize des mêmes mois et an, lesquelles dittes maisons cy dessus sont chargées envers cette seigneurie d’une cheffrente de quinze deniers par an payable à chaque et terme de [en blanc] et d’une rente annuelle de sept livres dix sols par an à la fabrique de Saint Ronan des Bois, au payement de laquelle ditte cheffrente de quinze deniers par an lesdits avouants s’obligent ainsy qu’à porter foy, fidélité et obéissance audit seigneur avoué et à laditte juridiction du prieuré de Locronan, suivre son moulin et four à ban et de luy faire touttes autres obéissances dues par raport à son seigneur féodal sous obligation de tous leurs dits et héritages présente et à venir qu’ils soumettent aux rigueurs du droit de coutume [] d’ordonnance …. »
Un contrat de licitation du 6 avril 1766 entre Louis Conan et Jean François Guillerm, dont les épouses, Marie le Goff et Jeanne Clivian, qui étaient demi-sœurs par leur mère Anne Riou, apporte quelques précisions.
Jean François Guillerm demande qu'il soit "ordonné audit Conan de luy faire délais et abandon du quart d’une mazière de maison luy appartenant du cheff de sa mère et de luy payer les sommes que pourait avoir produit ledit quart depuis la mort de sa mère par la jouissance que ledit Conan en a fait mais les parties ayant considéré les frais coutageux d’un pareil procès et attendu la maudicité desdits héritages lors de l’acquisation faite par Louis Conan et Marie le Goff et Guillaume Ligavan et femme dans lequel temps lesdits héritages ne consistant que dans des emplacements ainsy que conste par l’estat qui en fut faite lors de la possession prise par ledit Conan dans son acquet le six aoust mil sept cent cinquante trois au rapport de de Leissegues en son vivant nottaire duement controllé et enregistré au bureau de Locronan le onze dudit mois et an par J.Gueguen lesdits Guillerm et femme ont pris et requis ledit Conan de vouloir bien les licitter et pattager en deniers dans le quart de laditte mazière de maison donnant d’oriant sur l’issue nommée Leur an Autrou, du midy sur maison au sieur Allain Piclet, d’occidant sur la grande place de Locronan et du nord sur maison à François Chaplain. Les dits héritages chargés de sept livres de rente censive au proffit de l’église de Saint Ronan des Bois leur revenant de la succession de deffunte Jeanne Glivian leur mère et belle mère".
Nous retiendront que ces maisons étaient en ruine au milieu du XVIIIème siècle.
Hélène, fille de Louis Conan et Etiennette Nedelec épouse Jérome Albert le 10 novembre 1789 à Locronan ; par une licitation du 5 ventose an 5 (23 février 1797), Jean Marie Rougié et Jeanne Conan sa femme transmettent à Jérome Albert et Julienne Conan le cinquième leur revenant sur la maison de Louis Conan leur père.
La rente censive de sept livres dix sols est rachetée par Jérome Albert. Le dossier permet de remonter la propriété jusqu’à Penfrat Lair qui avait fait cette rente, sans doute au début du 17e siècle. Par un acte du 16 octobre 1721 Yves Glevian et Anne Riou sa femme reconnaissent devoir l’an de rente censiye à la fabrique de Saint Ronan "la somme de 7 livres 10 sols dessus la petite maison où ils demeurent, eschue à ladite Riou de la succession de deffunte Janne le Compte sa mère icelle fille de Mathurin le Compte et que icelluy le Compte avait ladite maison du deffunt Penfrat Lair lequel avait assis ladite rente sur icelle maison".
Les livres de compte de la fabrique confirment toutes ces données : en 1703-4 Yves Glevian dessus la maison de paille sur la place en acquis de Janne Lecompte sa belle-mère doit la somme de 7 livres 10 sols ; il paye cette some au moins jusqu’en 1733 ; elle est acquittée en 1741 par François Glévian son fils et par Louis Conan en 1788.
Notes
1 Arch. Dép. Finistère, 4 E 38 92, Déclaration de Jeanne Marhic, 1780.
2 Arch. Dép. Finistère, 4 E 38 66, Aveu des droits situés en la ville de Locronan fourni par Louis Conan et femme, au sieur prieur de Locronan, 1781.