Maison 207

 

C'est l'avant-dernière maison du côté nord de la rue des Charettes avant la place du même nom. Les photographies récentes montrent qu'elle a été reconstruite il y a quelques années.

Sur le cadastre de 1808, le propriétaire est Guillaume Conan, artisan tisserand. Un inventaire1 est réalisé chez lui le 24 mars 1806, après décès le décès de son épouse Marie Jeanne Le Bidan. On y trouve tout le matériel d'un tisserand en activité :

un dévidoir soixante quinze centime
deux métiers à tisserand estimés soixante francs
dix sept lames estimées quatre vingt cinq francs
trois chaines de fils estimées quatre vingt dix francs
une pièce de toile quarante cinq francs 

On y mentionne en outre des produits finis :

dix huit draps estimés cinquante quatre francs         
sept nappes sept francs
dix sept chemises de femme, estimées quatre vingt cinq francs
quarante deux coiffes estimées quarante deux francs
dix neuf cornettes dix neuf francs
neuf mouchoirs de cou trente trois francs
huit jupes et huit justins ou camisolles cent quarante et un francs
quatre tabliers vingt quatre francs

Enfin, un cheval avec ses équipage, estimé cinquante quatre francs, permet d'aller vendre tous ces produits dans le voisinage.

L'inventaire des papiers mentionne aussi la copie de contrat d'affranchissement d'une rente censive de trente six francs par an, fait par Margueritte et Guillaume Conan, de la citoyenne Ladvenant épouse Guillier du Stivel, en datte du vingt deux thermidor an six, au rapport de Guéguenou, en son vivant notaire, y enregistré à Châteaulin le vingt sept dudit mois, portant de principal quatre cent francs.

Nous avons retrouvé ce contrat2, qui avait été passé le 25 mars 1749 entre Jean Guillier du Marnay d'une part et Jean Conan et Jannine Le Douirin (les grands-parents de Guillaume) de l'autre. La propriété concernée est " une petite maison scittuée en la rue des Charettes de cette ville de Locronan, vulgairement nommée le pavillon à présant proffittée par René Riou et Marie Favennec sa femme comme simples fermiers, une mazière et un jardin au midy et à l’occidant de plein pied à laditte maison, le tout donnant d’oriant sur maison à la demoiselle Moreau du midy sur laditte rue des Charettes, d’occident sur maison et jardin aux demoiselles de Gourio, et du Nord sur l’issue nommée Ros an Torcol et le jardin de l’hopital dudit Locronan…Jean Conan et femme acceptants laditte vente faite convenue et accordée entre partyes pour et moyennant la somme de trante et six livres par an de rente censive et non franchissable que lesdits acquéreurs payront par chacun an à la saint Michel en septembre quitte et franche de toutes charges audit sieur du Marnay".

Le neuf juillet 1788, leur bien est partagée entre leurs enfants, Guillaume, de Crozon, Jean Conan boucher et Catherine le Dréau sa femme, et Margueritte Conant veuve d'un autre Jean Conan assistée de son fils Guillaume3. Il leur "appartient en indivis "deux maisons et un jardin situés rue des Charettes de cette ville, chargés d'une rente de 36 livres due aux sieurs du Marnai de Douarnenez et voulant procéder au partage ils l'ont fait comme suit, scavoir est qu'il restera audit Jean Conan boucher la maison qu'il occupe actuellement avec le tiers du jardin au midy de leur ditte maison qu'ils seront libres de clore par ce que désormais ils paieront leur part de la rente censive cy dessus 9 livres par an. Reste conséquemment entre lesdits Guillaume Conan et Guillaume Conan son neveu l'autre maison et les deux tiers du jardin au nord d'icelle. Et comme cette maison et dépendances se pouroient difficilement se partager, ledit Guillaume Conan a par le présent vendu sa moitié audit Guillaume Conan et Françoise Le Foll sa femme pour 126 livres que ces derniers lui ont comptés à vu de nous. Il reste de la rente censive 27 livres à payer annuellement avec une cheffrente de vingt sous au Seigneur prieur de Locronan. Le tout est évalué 378 livres.

La maison échue à Jean Conan est enregistrée au nom de sa veuve en 1808, et correspond au lot N°209 du cadastre de 1847. C'est alors la propriété de Léocadie Clermon Félep, qui la laisse en ruines en 1862.

Celle de Guillaume, qui donne sur la rue des Charettes, portera le N°207 en 1847.

Elle appartient à Edouard Clermont Félep, qui fait faillite en 1852. Elle est alors vendue à Maudé Brélivet. qui la cède en 1871 à Pierre Morvan. Mais ce n'est plus qu'une ruine, puisque ce dernier la fait démolir en 1872, et en revend l'emplacement à Maudé Brélivet fils en 1874. Elle sera reconstruite en 1878. Maudé Brélivet, ferblantier, marié à Marie Julienne Morvan, aura sept enfants à Locronan, rue des Charettes ; après 1886 il s'installe à Saint-Renan, et la maison revient à son frère Alain, époux de Marie Catherine Le Doaré, qui en est le propriétaire en 1892.

L'environnement de l'acte précédent est confirmé par l'expertise de la chapelle Saint Eutrope du 4 thermidor an IV (22 juillet 1796), avec son "cimetière faisant aujourdhui jardin ensemencé de pomme de terre contenant sept cordes donnant au levant sur le chemin à Rose avec une ouverture sur icelui, au midi coté du levant sur une maison appartenant aux héritiers de Jean Conan autre partie du midi sur les jardins de Guillaume Conan et de Jean Piclet, du couchant sur la cour de l’ancien hopital et du nord sur le jardin de l’ancien presbytère, séparé par un petit muret dépendant dudit cimetière.. "4.

Notes

1 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 60, Inventaire à Locronan, après le décès de Marie Jeanne Bidan, 1806.
2 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 13, Contrat d'acquet à titre de censive fait par Jean Conan et femme, 1749.
3 Arch. Dép. Finistère, 4 E 38 73, Partage et licitation passé entre Jean Conan et femme, et Guillaume Conan, et Guillaume Conan fils de Jean et Françoise Le Foll sa femme, 1788.
4 Arch. Dép. Finistère, 1 Q 507, Expertise de la Chapelle Saint Eutrope, 1796.