La propriétaire est mademoiselle Jeanne Brelivet en 1924, lors du classement de sa maison aux Monuments Historiques. C'est une "maison avec rez-de-chaussée, un étage et un grenier avec une lucarne, maison se trouvant à la naissance de la rue Lann et au haut de la place de Locronan et ayant une petite niche avec une statue en bois sculptée qui représente un ange les mains jointes et comprise au plan cadastral sous le numéro 162 de la section I".
Elle avait été acquise en 1882 par ses parents, Sébastien Brelivet et Anne Marie Hémon. Sur le cadastre de 1847, les propriétaires sont Mathurin Daniélou, tisserand, et Marie Renée Moreau.
Cette maison avait été achetée par la fabrique de l'église Saint Ronan "du sieur Laporte et de Pierre Lamé dit la Touche et Françoise Gero sa femme", en vertu d'un contrat de 1683, qui sera contesté et cassé par jugement. La vente sera finalement confirmée par une transaction de 16881, qui indique que "lesdits Lamé et femme, ont vendu et transporté la maison où demeuroit ledit la Touche à Locronan, sittuée vis-à-vis de la Croix qui est dans la grande place, joignante d'orient aux mazières appartenantes à Louis Challain et joignantes au midy et à l'occident aux héritiers de Jacques l'Ollivier, au fief du prieuré, à Bernard Kergoat fabrique de ladite paroisse, à Mre Mathurin Séné vicaire et aux paroissiens".
Nous retiendrons de cet acte qu'il y avait une croix à cette époque au haut de la place de Locronan, ce qui est confirmé par un autre acte de 1736 relatif à la maison 161, et que les revenus de sa location doivent apparaître dans les cahiers de compte de la fabrique Saint Ronan. On y trouve effectivement un ferme de 18 livres, payée par Pierre Lamé dit La Touche en 1690, puis par René Guezennec en 1703 et 1708.
Le 26 juillet 1707 est signé "un contract de vente à titre de cens par la fabrice de l’église parroissialle de Locronan d’Hervé Marhic alors fabrique à Ollivier le Quiniou et Louise challin sa femme du fond et propriété d’une maison vulgairement la maison de la Touche sittuée sur la grande place dudit Locronan donnant du nord sur ladite place (les autres debornements sont effacés et déchirés) laditte vente faitte aux points et conditions que par ladite adjudication y recours etant par devers n :h : Louis René Moreau Sieur de Rozaven sindic perpetuel dudit Locronan et à la charge auxdits Quiniou et femme de payer par an à la Saint Michel à ladite fabrice 24 livres de rente censive et d’acquitter toutes les charges qui pourraient être dues à la seigneurie dudit Locronan2".
Cette rente censive de 24 livres sera payée par Ollivier Quiniou en 1713 et par sa veuve en 1733. Après le décès de Louise Chalin en 1742, la maison passera aux enfants du couple, plus particulièrement à Marguerite épouse de Pierre Moreau selon un acte de partage entre les héritiers du 04.06.1746, suivi d’un état d’indigence3 de la maison et d’une revente des parts du couple Brelivet x Catherine Quiniou autres héritiers en 17484.
Dans l'état d’indigence de juillet 1746 on découvre une maison en très mauvais état, comme beaucoup de maisons de la place à cette époque : "Les deux murs costiers dont il y a une grande partie à refaire à neuf en consortie avec ceux avec lesquels ils sont mitoiens estimés en l’état qu’ils sont soixante livres ; le pignon du midi de ladite maison est presque ruiné estimé l’état qu’il est quinze livres. Ce qu’il y a de pignon à la façade de ladite maison donnant du nord sur la place dudit Locronan avec la porte et la boutique estimé quarante deux livres".
Remarquons enfin que cette maison restera dans la même famille jusqu'au XIXème siécle : l'épouse de Mathurin Danielou est Marie Renée Moreau, arrière-petite-fille d'Ollivier Quiniou.
Au début du XVIIIème siècle, plusieurs autres maisons de ce coin sud-ouest de la place étaient habitées. On trouve en effet dans les comptes de Notre Dame de Bonne Nouvelle et de Saint Eutrope un acte de 17045 rapportant un "contract de vente à titre de cens faite par adjudication à éteinte de chandelle par maitre Mathurin Lymon en qualité de fabrique de la chapelle Saint Eutrope à Locronan et Louis Challain aussi comme fabrique de la chapelle de Notre Dame de Bonne Nouvelle audit Locronan, à n :h : Allain Rochel et delle Françoise Olivet de deux mazières, l’une nommée la maison de Jacques l’Ollivier avec son jardin derrière, donnant de face du côté du septentrion sur la grande place de ladite ville, du levant sur autre maison à la fabrice Saint Ronan appellée la maison de (déchiré) du midy sur ledit jardin et courtil du recteur, et d’occident sur autre maison appellée la maison du Coguen, et ladite maison et mazière aussi ruinée nommée la maison de Jacques Coguen aussy comprise dans la présente, donnant de face sur (déchiré), d’orient sur la même mazière dudit Ollivier du midy sur le petit jardin dépendant d’icelle vieille mazière, et sur le courtil du recteur et du couchant sur autre vieille mazière nommée la maison de Maurice Calvez ladite vente faite à la charge auxdits sieur Rochel et femme de payer par an à la Saint Michel la somme de 18 livres de rente censive savoir à la fabrice de N : D : de Bonne Nouvelle 9 livres et à la fabrice de Saint Eutrope pareille somme de 9 livres".
Le sieur Rochel, maître chirurgien, achète la maison de Jacques Ollivier qui donne du levant sur une autre maison appartenant à la fabrique Saint Ronan : c’est probablement la maison de la Touche, ce qui est confirmé par une décharge du compte de 1707 : « A Mathias le Gal pour avoir fait une gouttière de pierre entre la maison de la Touche et celle du sieur Rochel payé trois livres ».
Notes
1 Arch. Diocésaines de Quimper, Locronan, série AAA 7 , Vente de sa maison par Pierre Lamé, dit La Touche, à la fabrique de l'église Saint Ronan, 1688.
2 Arch. Diocésaines de Quimper, Locronan, série AAA 7 , Vente à titre de cens par la fabrique de l'église Saint Ronan, du fond et propriété de la maison de La Touche, à Ollivier Le Quiniou et Louise Challin sa femme, 1707.
3 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 9, Etat d'indigence et de réparations de la maison de Pierre Moreau, 1746.
4 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 12, Aquet fait par Pierre Moreau de Guillaume Brélivet et femme, 1748.
5 Arch. Diocésaines de Quimper, Locronan, série AAA 7, Contrat de vente à titre de cens par les fabriques des chapelles Saint Eutrope et Notre Dame de Bonne Nouvelle, à Alain Rochel et Françoise Olivet sa femme, 1704.