La plus ancienne description de la place est contenue dans les aveux au roi du prieur de Locronan en 1550 et 1557. Elle est alors appelée "La Rue Creis an Kaer", la rue du centre. Chaque rubrique précise, en principe, la situation de la maison et la taxe que paye son propriétaire Par exemple : "dessus l'hostel Le Berre, qui fut à Glanchart, jouxte le pignon de l'esglise Sainct Renné, à présent aux enffentz feu Yvon Calvez, douze deniers". Cette maison sera détruite par la chute du clocher en 1808. Face à elle on trouvait "l'hostel Le Marrec, depuix à Yvon Pensere, estant vis à vis de ladite maison qui est contre le pignon de l'esglise Sainct Renné, de l'aultre costé de ladite placze, joignant la maison de Jehanne Le Borgne, à présent à Guillaume Conan".
Ce dénombrement n'est pas repris dans le troisième aveu connu, daté de 1680. Il faudra attendre les cadastres napoléoniens de 1808 et 1847 pour avoir une description détaillée de la Place de l'Eglise. Nous utiliserons la numérotation de 1847 pour repérer chaque maison.
Des travaux importants de rectification de la route départementale N°1 sont réalisés au cours des années 1870-80. Ils vont modifier sensiblement la place de l'église en deux endroits :
- en 1875 l'ouverture de la route face à l'église se fait au détriment d'une maison qui devait être l'une des plus belles du village.
- en 1882 une autre maison est détruite au coin nord-est.
La place et ses maisons sont classées comme monuments historiques depuis les années 1920.
Nous utiliserons la numérotation de 1847 pour repérer chaque maison.
Maison 161
Bien que classée aux monuments historiques, cette maison a été démolie et reconstruite en 1933. Certaines pierres ont cependant été réemployées, comme le linteau de la porte, qui porte l'inscription "Louis Chalin 1686", et qui surmontait auparavant la fenêtre supérieure de l'édifice. Louis Chalin devait y tenir une auberge, car il est qualifié dans les actes d'état civil de "maître-cuisinier, hoste et débitant de vin".
Sous la Révolution, c'est là que sera créé la première gendarmerie.
Maison 162
Les anciennes cartes postales du siècle dernier montrent que le toit de cette maison avait été refait avant son classement de 1925.
Au XVIIème siècle elle appartenait à Pierre Lamé, marchand, sieur de la Touche, et Françoise Guérault sa femme. Un acte daté de 1688 nous apprend que "lesdits Lamé et femme, ont vendu et transporté la maison où demeuroit ledit la Touche à Locronan, sittuée vis-à-vis de la Croix qui est dans la grande place" à l'église Saint Ronan. Il y avait donc une croix sur la place à cette époque.
Maison 163
Cette maison porte une inscription sur le linteau de la porte d'entrée :
METRE RENE : TROB
ERT : DEMOISELE MARIE
ELISABETH : (MILLIER ?)
Elle est due à maitre René Trobert, sieur de la Garenne, qui était contrôleur des actes des notaires au début des années 1700. Il se marie en 1710 avec Elisabeth Millier, domiciliée au château de Névet. La famille Trobert occupait déjà cette maison depuis plus de 80 ans : un Jean Trobert signe comme notaire en 1627, et sera fabrique de l'église Saint Ronan en 1630. C'étaient des hommes de loi, procureurs et notaires, et sans doute aussi marchands.. Ils avaient noués des alliances avec la petite noblesse locale. Jean Trobert, grand-père de René, avait épousé Anne, fille de Jacques de Coatsquiriou, écuyer, sieur du Boulvern, et d'Anne Jouhan, Notons que la sœur d'Anne Coatsquiriou, Françoise, avait elle aussi épousée un notaire de Locronan, Henry Moreau, sieur du Stivel.
Maison 167
Au XVIIème siècle la maison est occupée par Jacques Trobert, qualifié de sergent et notaire, ainsi que de cabaretier. Elle sera ensuite acquise par Louis Le Grand, greffier de la juridiction de Guengat, procureur et notaire de celle de Névet. Les hommes de loi avaient des fonctions dans plusieurs juridictions.
Anne Boger, demoiselle Pommier, y demeure au début XVIIIème siècle, et c'est sans doute elle qui la rénove en 1737, date que l'on peut lire sur la lucarne du toit.
Elle est appelée maison des Trois Pigeons dans un bail de location de 1746.
Maison 171
La maison actuelle n'est qu'une partie de l'ancienne construction, détruite en 1875 pour permettre le passage de la route Quimper-Lanvéoc. Elle va ressusciter provisoirement en 1990 lors du tournage du film Chouans :
Elle avait été achetée en 1720 par le Marquis Malo de Névet, à la suite de la succession vacante de ses anciens propriétaires, Maîtres Jean et Michel le Berre. Sa fille Marie Thérèse de Névet la revendra en 1730 à Guillaume Guéguen, sieur de Kermorvan, procureur fiscal de Locronan.
En 1737, ce dernier y accueille Armand Le Bigot de Kerjégu, conseiller du Roy, à l'occasion de la procession sexennale de la Grande Troménie. D'une des fenêtres, il va témoigner des incidents qui se produisirent au départ du cortège entre les deux services d'ordre, celui de Locronan, constitué par "trente à quarante jeunes garçons, armés de batons, touts habillés de blanc, avec des bonnets de même, garnis de rubans, qui paroissoient la pluspart épris de vin, pour renger le peuple, quinze mil personnes au moins", et d'autre part cinq cavaliers à cheval de la maréchaussée de Châteaulin, venus à la demande du recteur pour protéger les reliques de Saint Ronan. Mais les paroissiens s'opposèrent à leur présence, et les cavaliers furent contraints de se réfugier à l'auberge de La Croix Blanche.
Au début de la Révolution, la maison était occupée par Louis Piclet, sénéchal du Prieuré. Nommé juge de paix à Pont-Croix après la suppression des justices seigneuriales, il sera élu au conseil départemental du Finistère. Pour son malheur, puisqu'il sera condamné à mort et exécuté lors du procès de ses membres en 1794.
Maison 172
Au XVIIIème siècle, c'était l'une des maisons de la famille Kermorvan-Guéguen. En 1737, elle était habitée par maître Jean-Bernard Bouriquen, sieur de Quénechdu, sénéchal de la juridiction de Pouldavid et autres, et époux de Perrine Guéguen.
On y trouve aujourd'hui la crêperie Ty Coz, ouverte sans interruption depuis sa création en 1952, ce qui en fait la plus ancienne du village.
Maison 176
Cette édifice est appelé Maison du Boisdanet dans un acte de vente de 1794. Cela nous ramène en 1662, lorsque Guillaume le Baron, sieur de Boisdanet, quitte l'évêché de Vannes pour s'installer à Locronan, où il épouse Jeanne Le Liepvre, qui vient de perdre son premier mari. Marchand de drap, il y est probablement attiré par la prospérité du commerce des toiles à voiles à cette époque. Il aura aussi des responsabilités au général de la ville, dont il sera syndic perpétuel et capitaine.
On lui doit la datte de 1669 que l'on peut encore lire aujourd'hui sur la lucarne supérieure, sans doute apposée à l'occasion d'une rénovation du bâtiment.
Le couple décède sans enfants, et ses biens reviennent à leur nièce Perrine Huchet, épouse de François Guéguen, sieur de Kermorvan, et ensuite à leurs descendants. Au cours du XVIIIème siècle, cette famille possédera les trois maisons 171, 172 et 176, où ils seront marchands et hommes de loi.
Pour améliorer la qualité de la production toilière locale, un règlement sur les toiles pour la manufacture de Locronan est publié en 1742. La loi prévoit la création d'un bureau de contrôle des toiles, qui sera ouvert dans une des pièces du rez-de-chaussée. Avant leur mise en vente, tous les tisserands devaient y présenter leurs rouleaux de toiles pour y recevoir une marque attestant leur bonne qualité. Un écusson sculpté au dessus de la porte, témoigne de ce rôle passé. A partir de 1748, il sera tenu par Michel Le Duff de Mésonan qui, n'hésitant pas à confisquer les rouleaux de toiles défectueuses, deviendra rapidement l'ennemi public des tisserands. Les bureaux de contrôle seront supprimer définitivement en 1791.
Le tissage lui-même va décliner rapidement sous la Révolution, et les descendants de La famille Guéguen-Kermorvan vendront la maison en 1794 à Corentin Le Lons, procureur de la commune. marchand de toile et colporteur. Après lui, deux de ses enfants seront boulangers, activité qui persiste encore aujourd'hui.
Maison 177
Elle est décrite dans un aveu du 25 février 1781, consenti par Pierre Chapalain et Marie Guivarch sa femme, et autres, à noble et discret missire Dom Mathieu Genitor Testaud du Bois de Lavaud seigneur prieur titulaire et commendataire du prieuré de Locronan Saint Ronan des Bois :
"Une maison nommée les Trois Piliers sittuée au couchant de la grande place dudit Locronan couverte d’ardoises consistant en une boutique cuisine chambre au dessus et grenier donnante et ouvrante du levant sur laditte grande place de Locronan, du midy joignant la maison du sieur Villeneuve Gueguen, du couchant joignant l’écurie cy après, et du nord joignantes autre maison nommée « La Croix Blanche », ayant laditte maison un demy pignon en son bout du midy et un autre demy pignon en son bout du nord, contenante de long à deux longères vingt cinq pieds, de franc par dedans seize et de hauteur vingt cinq pieds".
L'acte d'achat de la maison par Pierre Chapalain date de 1778. Il y est indiqué qu'il possède la boutique où est la forge, et devait donc être maréchal ferrant.
Après les lois de 1905 relatives aux biens du clergé, elle sera acquise par madame Lemonnier pour servir de logement aux sœurs du Saint-Esprit. L'école religieuse des filles, construite à l'arrière, est devenue aujourd'hui l'école publique de Locronan.
Maison 180
Avant la Révolution, cette maison était l'auberge de la Croix-Blanche, selon plusieurs actes notariés. Au début du XVIIIème siècle, les tenanciers sont issus de la riche bourgeoisie locale. Ils doivent reverser à l'église "le billot", impôt sur les boissons alcoolisées, à cause d'un ancien privilège accordé par les ducs de Bretagne.
En 1688, le billot est payé par Catherine Tancre, épouse de Jacques Moreau, sieur du Menec, général d'armes, avocat, procureur fiscal. Leur fils Jacques épouse Antoinette Doute, qui sera aussi hôtesse à la Croix Blanche, même après le décès de son mari en 1718, celui de sa belle-mère en 1721, et son remariage avec Jean de la Marre cette même année.
Lors des incidents de la troménie de 1737 entre les habitants de Locronan et les cavaliers de la maréchaussée de Châteaulin, ceux-ci se réfugient "chez la demoiselle de La Marre, hôtesse".
Après son décès en 1744, l’auberge est acquise par noble homme Jean Guillier, sieur du Marnay, qui en fait la prise de possession le 4 mai 1745. Ses héritiers la vendront à Thomas le Tallec en 1793.
Maison 183
L'immeuble du bas de la place est connu actuellement comme l'Hôtel de la Compagnie des Indes. La lucarne de la partie centrale porte la date de 1689. En réalité, il appartenait au moins en partie, à la demoiselle Anne Boger, qui avait l'exclusivité du négoce de toiles à voiles avec cette compagnie, basée à Port-Louis. Avant son décès en 1752, elle transmet sa maison au sieur Chardon, son neveu, qui était officier de la Compagnie des Indes et inspecteur des manufactures de toiles :
"moy demoiselle veuve Pommier déclare par le présent vendre et transporter purement et simplement avec garantie au dit sieur Chardon acceptant, scavoir est la maison dans laquelle je demeure actuellement en laditte ville de Locronan, le magasin, écurie et jardin à l’occident et nord de laditte maison, le tout situé en laditte ville et paroisse de Locronan des Bois, donnant laditte maison, magasin, écurie et jardin donnants sur autre maison à laditte demoiselle Pommier, actuellement profittée par la veuve du Sieur Joseph le Bel, du mydy sur la grande place dudit Locronan, d’occident sur la venelle nommée Toul Prigent, et du nord sur jardin à Allain le Piclet et sur maison dépendante de la chapelenie du Mat, bien roturier relevant du proche fief de la jurisdiction de Locronan, laditte vente faite et convenue entre nous , pour et moyennant la somme de deux mille quatre cent livres…"
Le sieur Chardon agrandira son bien en 1757, par l'achat de la maison situé au coin ouest de l'immeuble. Ses héritiers la revendront au sieur de Leissègues en 1787, et en 1816, elle sera louée au département pour servir de gendarmerie jusqu'en 1864.
Après le classement des maisons de la place, madame Louise Pré obtient l'autorisation de construire un hôtel en 1933, connu sous le nom d'Hôtel Saint-Ronan.
Très prisé après la seconde guerre mondiale, il accueillera de nombreuses personnalités dans les années 1950, avant d'être transformé en magasin de "souvenirs", sous la pression du tourisme de masse.
Maison 184
Elle est citée en 1783 dans l’aveu1 des enfants de François Moreau et Elisabeth Fresnay ; « …Et finalement une maison couverte d’ardoises située en la ville de Locronan donnant du midi sur la grande place, du levant sur la rue conduisant à Saint Eutrope, d’occident sur maison au sieur Chardon, et du nord sur [en blanc] contenant de long trente deux pieds, de haut vingt quatre et de franc treize. » Cette maison est acquise de la dame veuve Guillier sieur du Marnay par contract au rapport de Gueguenou notaire royal, daté, contrôlé et insinué les vingt trois et vingt quatre mars mil sept quatre vingt deux.
Maison 81
Cette maison a été démolie lors de la rectification de la roue départementale N° 1 en 1882. Au XVIIIème siècle on y trouvait l'auberge du Treillis vert.
Maison 82
Elle est appelée "La Descente des Voyageurs", sur le cadastre de 1847, car elle sert de relais de poste entre Quimper et Lanvaux. Elle appartient aux héritiers de Mathias Kervern, qui l'avait achetée en 1785. Nommée alors Maison des Trois Piliers, l'acte indique qu'elle "ouvre à l'occident d'une porte, d'une boutique et de deux fenêtres sur la grande place". La vente est conclue pour 435 livres. Un état des réparations indispensables réalisé à cette occasion, par un maçon, un couvreur et un charpentier, montre qu'elle était alors dans triste état :
"…ils nous ont fait voir et nous avons vu que les deux murs costiers de la crèche en appentis ont besoin d’être démolis, les deux portes et la fenêtre sont à faire à neuf, la charpente entièrement pourrie est à changer, et la couverture dont il manque un tiers de pierres d’ardoises à refaire ; après quoi nous avons entré dans la maison des Trois Piliers à l’occidant de ladite crèche, où ils nous ont encore fait voir et avons vu que le manteau de la cheminée bout d’oriant est rompu par la moitié, duquel il y a un bout parterre, et par conséquent à changer, la lucarne au haut du pignon du couchant est à refaire, les murs costiers de ladite maison sont entièrement dégradés, ainsi que le pignon d’orient ; l’escalier en pierre de ladite maison est à démolir, le planché de la chambre bout du couchant peut être réparé avec un tiers de planches de plus, le planché sur le pont allée entièrement pourri, le planché de la chambre bout d’orient de ladite maison est aussi entièrement pourri, et à être fait à neuf, ainsi que le planché du grenier, toutes les poutres sous lesdits planchés sont passables, les fermes du grenier sont aussi passables. Les portes, fenêtres et boutique de ladite maison sont à refaire à neuf, la plus grande partie des cloisons pourries et à refaire, la charpente de ladite maison est entièrement pourrie et à être rechangée, et qu’enfin la couverture dont il n’y a que le tiers des pierres d’ardoises à être refait à neuf ; et toutes lesquelles réparations urgentes et nécessaire lesdits ouvriers estiment valoir faire et fournir une somme de mille cinquante livres…". Donc bien plus que le prix d'achat.
En 1951, Jean Meigan et son épouse y ouvriront la première crêperie de la ville, aujourd'hui fermée.
Maison 84 et 85
Plusieurs actes notariés montrent que ces maisons avaient leur pignon tourné vers la place au XVIIIème siècle. Ainsi, celle de Louis Conan (N°84), est "une maison couverte d’ardoise sittué au cotté du levant de la grande place dudit Locronan consistant en une cuisine et une chambre au dessus et un grenier ayant ses ouvertures en son pignon du couchant donnant sur ladite place, une cheminée en son pignon du levant avec une porte pour fréquenter ladite chambre une autre cheminée au mur costier du nord mittoyen avec les propriétaires d’une maison occupée par Pierre Berrou et femme contenante laditte maison de long dix neuff piedz sur quinze piedz de hauteur et de largeur onze piedz."Il possède en outre à l'arrière, "une autre petite maison au levant de la précédente aussy couverte d’ardoises ayant ses ouvertures du levant et d’occident contenant de long à un pignon et demy dix sept piedz de largeur dix et demy et de hauteur quatorze piedz, donnant du levant sur une place nommée Leur an Autrou, du midy sur autre maison à la veuve Allain Piclet, du couchant sur sur la cour et l’autre maison dudit avouant et du nord sur autre maison occupée par ledit Berrou et femme".
La maison 85 est décrite dans une déclaration fournie en 1780 par Jeanne Marhic, veuve de feu Alain Piclet, comme "une maison couverte d’ardoises nommée Ty Bodolec avec sa cour à l’oriant et une crèche ou une écurie du même côté aussi couvertes d’ardoises même leur issue sur la rue aux Parcs contenants sous fond soixante seize pieds, donnant d’occident sur la grande place de Locronan, du midy sur maison à l’église Saint Ronan et aux avouants, du nort sur maison à Louis Conan, et d’orient sur la rue aux Parcs".
Chaque propriété est constituée d'une maison donnant sur la place, et d'un seconde donnant sur la place appelée aujourd'hui place de la Mairie, appelée à l'époque Leur an Autrou, ou encore la rue aux Parcs comme en 1550.
Louis Conan était artisan, maître menuisier et charpentier, fils de Jan, sergent du prieuré, et de Marie Goff. Alain Puclet, marchand, et Jeanne Marhic étaient les parents de Louis Piclet, qui deviendra sénéchal du Prieuré au cours des années 1780.
Une carte postale ancienne montre l'état des maisons au début du XXème siècle. La maison 84 a perdu son grenier et son ancien toit, et sa voisine de droite a déjà été reconstruite et "annexée" au numéro 86.
Maison 86
A la fin du XVIIe siècle elle appartenait à Yves Guezengar et Marie Decourt sa femme qui l’avaient « acquise d’escuier Pierre Jouan sieur de la Garaine, conseiller du Roy et son advocat au siège présidial de Quimper… le 7e may 1672…». N’ayant pas d’héritier direct, ils la vendent à la fabrique Saint Ronan en 1688, moyennant une somme d’argent et une fondation et le droit dy demeurer jusqu’à leur mort pour 15 livres par an de rente censive. On lit dans les comptes de la fabrique Saint Ronan, « receu d’Yves Guezengar la somme de quinze livres pour la ferme de la maison où il demeure », puis après son décès en 1703 « pour la maison de Ty Born ar Gazek Guezengar la veuve dudit Claude Merrot paye quarante et cinq livres ».
Sous la Révolution, la maison est vendue au citoyen René Albert le 28 messidor an IV, comme bien de l'église.
Maisons disparues
Il y avait autrefois, de part et d'autre de l'église, 2 maisons aujourd'hui disparues.
Au coin nord, face à la maison 86, une petite construction appartenait à la fabrique Saint-Ronan. A la fin du XVIIème siècle, elle est affermée à Claude Mérot, tisserand et marchand de toile. Elle est appelée Ty Bian an Ilis lors de son expertise et de sa vente à René le Broche sous la Révolution. Ruinée par la chute du clocher en 1808, son terrain sera revendue une première fois en 1810 à Jean Cornic, et une seconde fois en 1848 à Jean Forestier. Ce dernier y fera bâtir une maison, en dépit du classement de l'église aux monuments historiques de 1845, mais qu'il sera obligé de la démolir à la suite d'un arrêté préfectoral de 1851.
Selon Yves le Guennec, la rue était fermée en cet endroit par une porte cintrée, d'après un croquis de F. Debret de 1820 qu'il reproduit de mémoire.
Une autre construction existait sur la petite place située à droite de l'église (Maison 100 en 1847). C'était la Maison prioralle , qui appartenait en propre au domaine temporel du prieur de Locronan. Ainsi, dans un aveu au Roi de 1550, le prieur avoue posséder "la maison prioralle avec ses estables, basse court, jardin, vergier, ung parc et ung four a ban avec son jardin, toutz ensembles contenant envyron ung journau et demy de terre feran d’un endroict sur ladicte eglise, d’autre endroict sur la maison son jardin du vicaire d’icell prieure que a presant tient et o demeure maistre Yves le Gentil d’aultre endroict sur la rue appellé la rue du parc d’aultre endroict sur la maison et jardin de missire Paul le Carn pretre et d’aultres endroicts sur la maison et jardin Henryette Calvez oupvrant sur la place du marché de la ville dudit Sainct Renne du Boys".
En réalité, le prieur ne résidait pas sur place, et louait sa maison à un bourgeois de la ville.
Classée bien national sous la Révolution, elle sera expertisée mais échappera à la vente après avoir été reconnue nécessaire à l'instruction publique.
Elle servira ensuite de presbytère au recteur. Mais elle est en très mauvais état et, faute de crédits pour la réparer, elle sera détruite vers 1860. Un nouveau presbytère est construit en 1865, dans un terrain contigüe au cimetière. Ce bâtiment deviendra lui-même inoccupé lorsque Locronan perd son prêtre titulaire à la fin du siècle dernier, et sera finalement vendu en 2016.