17 décembre 1914
Nous étions au repos à Bray depuis quelques jours, cela nous semblait bien drôle, cela n'était pas l'habitude on se doutait bien qu'il faudrait donner un coup dur, cela se confirme la nuit du 16 au 17 où nous faisons l'attaque. Tout le monde se rend compte que ce sera dur, car beaucoup font lettres, testaments pour les leurs, seuls quelques pauvres comme moi, n'ont qu'une pensée pour les leurs qui sont loin d'eux et pour eux afin que nous restions à ceux qui nous sont chers. Nous partons, nous sommes dans nos tranchées, et il faut en sortir pour aller trouver l'ennemi. Le moment est dur car on sait que la mort est certaine . Malgré tout pas d'hésitation, nous partons, nous parcourons 200 mètres et cela va tout seul quand par malheur pour nous la 21ème compagnie qui était devant nous crie à l'assaut. Au même instant les mitrailleuses balaient le terrain. Nous sommes fauchés comme les blés, les blessés crient, les mourants gémissent, c'est affreux, que ceux qui déchainent la guerre soient maudits. Nous sommes faits prisonniers et pour combien de jours, de mois, d'années, nous ne savons rien. On est à l'exil et aux mains des allemands . nous le sommes de fait mais de cœur Jamais.
(dernière page du cahier de notes de Léon Blanfaney, grand-père d'une de nos adhérentes. Il décède en captivité le 24 octobre 1918)
Entre 1914 et 1918, il y aura plusieurs millions d’individus qui seront prisonniers, qu’ils soient civils ou militaires. Bien qu’en retrait du front, la Bretagne va en accueillir un certain nombre.Des camps spéciaux seront ouverts pour les internés civils : dans la presqu’île de Crozon, celui de l’Ile Longue, l’un des plus grands camps, recevra plusieurs milliers d’internés, pour la plupart des voyageurs intellectuels et artistes d’où le développement d’une vie culturelle. Dès août 1914, arrivent en Bretagne les premiers prisonniers militaires. Une dizaine de camps y seront alors édifiés ; celui de Coëtquidan accueillera 2 500 allemands. Très rapidement, ces «prisonniers boches» serviront de main d’œuvre ; on les utilise pour les travaux agricoles, la manutention ou d’autres tâches. Il en est de même en zone allemande pour les prisonniers français ; les bretons, issus d’une région rurale et agricole, seront assignés dans des fermes. Après l’armistice, plus de 500.000 soldats français sont rapatriés, souvent dans une relative indifférence. Beaucoup reviennent traumatisés, aussi bien physiquement (amputés, gazés, mutilés…) que psychologiquement ; pour « les gueules cassées », ces combattants vont vivre un véritable enfer, avec, en premier lieu, la honte de se montrer ; pour ceux souffrant du syndrome de stress post-traumatique : l’alcoolisme pour les uns, le désespoir et la folie pour les autres...
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CHAPALAIN Jean Joseph Marie
Né le 30 mai 1890 à Plonévez-Porzay (Kérislay, rattaché à Locronan depuis 1929), fils de Jean et MOCAER Marguerite. Nommé adjudant au 62ème régiment d’infanterie, 11ème compagnie à partir du 4 octobre 1915. Il est fait prisonnier le 17 avril 1916 à Verdun et interné à Hameln. Rapatrié le 27 janvier 1919, il est envoyé en congé de démobilisation le 9 août 1919. Il se retire ensuite à Plonévez-Porzay où il se marie le 21 novembre 1919 avec MAUGUEN Marie Catherine. Il décède à Locronan le 30 mars 1931.
Médaille militaire
COSMAO Pierre Marie René, carrier
Rue saint-Maurice à Locronan. Né le 11 mai 1894 à Locronan à Rosancelin, fils de Pierre et LE PORS Marie. Appelé le 8 septembre 1914 ; soldat de 2ème classe au 62ème R.I. il est blessé par éclat d’obus et fait prisonnier le 17 avril 1916 à Fort de Vaux, a été hospitalisé à Germershein (Allemagne). Revenu de captivité le 30 décembre 1918 pour une permission de 45 jours. Il rentre dans ses foyers le 16 février 1919 puis se marie à Locronan le 24 avril 1921 avec GOURITEN Marie Perrine. Il décède à Locronan le 21 juin 1960.
Médaille militaire
GARREC Guillaume Marie
Né le 17 novembre 1894 à Locronan, fils de Pierre Marie et JONCOURT Marie. Il est incorporé aux armées le 9 septembre 1914 au 137ème R.I. puis passe dans les chasseurs à pied. Blessé deux fois, à Souchez et à la ferme Vauxin, il est évacué le 21 septembre 1915 mais repart aux armées le 10 mai 1916 et se fait remarquer par sa très belle conduite les 15 et 16 septembre 1916. Disparu le 15 juillet 1918 à Saint-Hilaire-le-Grand, il est interné dans un camp jusqu’au 22 novembre 1918 puis rapatrié le 23. Envoyé en congé illimité de démobilisation le 17 septembre 1919, il se retire à Locronan. Le 7 mars 1940, il est affecté en personnel de renforcement à la Pyrotechnie de Saint-Nicolas. Il se marie à Ploëven le 4 juin 1934 avec GOURLAY Marie Jeanne.
Médaille militaire. Croix de guerre étoile de bronze.
GARREC Jean Louis Marie
Né le 21 septembre 1897 à Locronan, fils de Pierre Marie et JONCOURT Marie. Parti aux armées le 18 septembre 1916 avec le 77ème R.I., il disparaît le 19 juillet 1917 au plateau de Californie au N.O de Craonne et se retrouve prisonnier à Limburg. Rapatrié le 28 novembre 1918, il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 30 septembre 1919 et se retire à Locronan. Il est affecté à la poudrerie de Pont-de-Buis le 2 mai 1935 puis de nouveau le 28 septembre 1939 avant d’être renvoyé dans ses foyers le 19 décembre 1939. Il se marie à Plomodiern le 8 juin 1925 avec TRETOUT Catherine Louise.
GONIDEC Yves Marie, boulanger
Né le 17 novembre 1885 à Locronan, fils de Mathurin et PERENNES Marie Anne. Mobilisé le 4 août 1914, il est affecté au 19ème R.I. à Brest. Blessé le 12 mai 1915 à Bécout puis le 16 avril 1916 à Verdun , il est porté disparu le 17 avril 1916 à Douaumont. Il est fait prisonnier le 27 juin 1916 au camp de Platz-Platinat puis se retrouve au lazaret de Germershein le 27 juin 1916 jusqu’au 30 janvier 1919. Démobilisé le 6 avril 1919, il se retire à Brest où il s’était marié le 12 décembre 1910 avec MEVEL Marie Jeanne.
Médaille de la victoire, médaille commémorative.
JEZEQUEL Pierre Marie
Né à Quéménéven le 16 février 1896, fils de Guillaume et CORNEC Anne. Incorporé le 9 avril 1915 au 93ème R.I., il intègre le 120ème R.I. en décembre 1915 puis le 77ème R.I. en avril 1916. Il disparaît le 12 décembre 1917 dans le bois d’Herby au nord de Chavignon (Aisne) puis est interné en Allemagne au camp Giesen où il restera jusqu’au 14 novembre 1918. Rapatrié le 12 décembre 1918, il sera démobilisé le 20 septembre 1919. Pendant la seconde guerre mondiale il sera affecté pour trois mois à la Poudrerie de Pont-de-Buis puis renvoyé dans ses foyers le 9 décembre 1939. Il se marie à Locronan le 18.05.1924 avec LE DUFF Marie-Anne. Il décède à Locronan le 15.12.1982.
LAROUR Guillaume, menuisier
Né le 4 avril 1891 à Mahalon, fils d’ Henry et GOURRET Anne Marin au 1er régiment de marine, 5ème Cie, il est mobilisé le 3 août 1914 dans ce même régiment. Il est fait prisonnier le 22 décembre 1914 à Bischotte (Belgique) puis interné à Meschède (Allemagne). Rentré en France le 27 décembre 1918, il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 15 juillet 1919. Il se retire à Pont-Croix, mais on le retrouve domicilié à Locronan en août 1921. Passe dans la réserve de l’armée de terre le 17 mars 1927. Il se marie à Locronan le 9 septembre1919 avec MEVEL Marie-Anne. Il décède à Locronan le 03 mai 1966.
LE DUFF Louis Pierre Marie, tailleur de pierres
Né le 21 janvier 1886 à Locronan (Kerjacob), fils de Jean-Louis et GUEGUEN Marie-Jeanne. Incorporé au 6ème régiment du génie dès octobre 1907 jusqu’en 1909, il le rejoint le 8 août 1914. Blessé le 20 août 1914, il est fait prisonnier en Belgique le 23 du même mois puis interné au camp d’Offenburg (Duché de Bade). Il est rapatrié le 6 mars 1915 à titre d’échange de grands blessés. Il passe au 2ème génie le 15 juin 1916 et reprend du service en Afrique du Nord où il débarque à Oran le 12 juillet 1916. Envoyé en congé illimité de démobilisation le 3 novembre 1919 avec suite de pleurite, il se retire à Locronan, où il se marie le 23 janvier 1921 avec LE COZ Jeanne Marie. Il décède à Locronan le 14 février 1967.
NICOLAS Jean Louis, boulanger
Né à Plogonnec le 1er septembre 1882, fils d’Hervé et SEZNEC Marie Anne. Soldat au 46ème R.I., 4ème Cie, il est fait prisonnier le 10 janvier 1915 à Argonne et interné à Meschede. Il fait partie des prisonniers évacués de Meschede dans la semaine du 15 au 21 avril 1915 pour le camp de Merseburg. Il décède au lazaret de Hanovre le 7 avril 1918 et est inhumé au cimetière Harm-Limmer à Hanovre, tombe 509. Il s’est marié à Locronan le 14 juin 1908 avec COADOU Mélanie Marguerite Anne Marie.
PERENNES René Marie
Né le 8 avril 1895 à Locronan, fils d’Hervé et FLOCH Marie Jeanne Incorporé à compter du 15 décembre 1914, il passe au 148ème R.I. en février 1915, au 62ème R.I. en avril 1915 et au 65ème R.I. le 13 juin 1915. Il disparaît à Beauséjour près de Mesnil-les-Hurlus (Marne) le 25 septembre 1915; on le retrouve au camp de Giessen le 27 novembre 1915, d’où il sera évacué vers Müncheberg puis de là vers Doeberitz en mars 1916. Rapatrié le 31 décembre 1918, il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 8 septembre 1919.
Il est affecté en 1938 à la Poudrerie de Pont-de-Buis puis rappelé au même endroit le 7 septembre 1939. Il se marie à Locronan le 23 avril 1923 avec LE GOAER Marie Anne. il décède à Douarnenez le 11 décembre 1965.
Pupilles de la Nation
La Première Guerre mondiale a engendré une hécatombe humaine meurtrière s’élevant à plusieurs millions de victimes en France. Mais les enfants aussi furent des victimes ; leurs mères durent se débrouiller par elles-mêmes, faisant des travaux d’hommes, très souvent, pour pouvoir les élever. Près d’un million d’enfants seront concernés suite à cette guerre.
C’est pourquoi il fut voté, le 27 juillet 1917 une loi instaurant la qualité de Pupille de la Nation.
Les pupilles de la Nation sont des enfants des victimes de guerre adoptés par la Nation. Ils bénéficient d’une tutelle particulière de l’État, soutien et protection jusqu’à leur majorité.
Ce sont des mineurs, orphelins de guerre ou assimilés, ou encore des enfants victimes civiles d’un conflit.
Ce sont des enfants dont le père, la mère ou le soutien de famille est décédé au cours de la guerre, ou encore d’une victime civile tuée par l’ennemi sans être soldat.
Ce sont aussi des mineurs dont le père, la mère ou le soutien de famille est dans l’incapacité de travailler à cause de blessures ou de maladies contractées au cours de la guerre.
La Nation ne les place pas sous la responsabilité exclusive de l’État ; les familles et les tuteurs conservent le plein exercice de leurs droits et notamment, le libre choix des moyens d’éducation.
L’adoption par la Nation est prononcée par le jugement du tribunal de grande instance dont dépend le domicile du demandeur. La demande peut être déposée par le père, la mère ou le représentant légal de l’enfant lorsqu’il est mineur, par les jeunes eux-mêmes à partir de leur 18ème anniversaire, ou par le procureur de la République par voie de simple requête, tout cela avant le 21ème anniversaire des enfants.
Le tribunal de grande instance prononce le jugement d’adoption ou de rejet. L’adoption, lorsqu’elle est prononcée, doit être mentionnée en marge de l’acte de naissance de l’enfant ou du jeune.
A Locronan, nous en avons trouvé une quinzaine, comme par exemple chez les Gourmelon.