Rue de la Montagne

Rue de la Montagne sur le cadastre de 1847

Rue de la Montagne sur le cadastre de 1847

Rue de la Montagne sur le cadastre de 1932

Rue de la Montagne sur le cadastre de 1932 (mise à jour 1993)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La route départementale de Châteaulin à Douarnenez a été ouverte vers 1840. Sur le cadastre1 de 1847, seules deux maisons apparaissent avant le bourg en bordure de cette route, qui traverse des terrains de la Montagne du Prieuré appartenant à la commune. La plus éloignée (n° 79), se trouve au carrefour du chemin qui monte à Plac ar C'horn. Elle appartient à Fournier de Pescaye, au lieu-dit Parc Levenez ; mais au recensement2 de 1851 son nom devient "Ar Trapp", et elle est occupée par la famille du couple François Ruello (couvreur) -Jeanne Bécam. La seconde, (n°95), beaucoup plus proche du bourg, est, sur le cadastre, la propriété du sieur Forestier à Parc ar Menez, et le recensement de 1871 la situe au "Felipp" (qui deviendra le Phlipp), carrefour du chemin qui descend à Kerjacob.

Le 3 novembre 1931, lors d'une adjudication des biens de la famille Forestier3 (4 E 39 122), le deuxième lot d'une vente aux enchères est constitué de "deux vieilles maisons et un petit terrain à leur bout du couchant, connu sous le nom de "Filip", en bordure du chemin de grande communication de Douarnenez à Châteaulin, et figurant au cadastre sous le numéro 95 de la section 2 pour une contenance totale d'un are quinze centiares".

"Les enchères ayant été déclarées ouvertes sur une mise à prix de six mille francs, des feux ont été allumés ; pendant la durée de plusieurs bougies des enchères successives ont été portées dont la dernière mise par Monsieur Corentin Lautrou époux de Marie Jeanne Perennou, né à Pouldavid le dix juin mil neuf cent cinq, menuisier, demeurant à Goulit ar Guer en Locronan, a fait monter le prix à dix mille francs".

Vue aérienne en 1935

Vue aérienne en 1935

Locronan, vue du Menez-Hom au fond de la baie de Douarnenez

(Locronan vue du Menez-Lokorn,  au fond de la baie de Douarnenez)

Les registres de recensement2, édités tous les cinq ans, nous renseignent sur les habitants des rues. La famille de Corentin Lautrou est recensée en 1936, dans la rue de la Montagne, qui a absorbé le Phlipp, Elle y restera de nombreuses années ; l'atelier de menuiserie se trouvait à l'ouest et les pièces d'habitation à l'est de l'immeuble.

Cette zone sera progressivement urbanisée après la première guerre mondiale, à la demande des habitants qui cherchent des terrains à construire.

Le 28 février 1922, le Conseil Municipal de Locronan4 reprend un projet déjà envisagé avant la guerre : la vente en cinq lots des landes situées entre le chemin de Kerjacob et la route départementale n° 7. Nous pouvons considérer que c'est le premier "lotissement" de la commune. La rue dans le prolongement de la rue du Four, sera baptisée rue de la Montagne.

En 1921, il y avait une maison au Trapp, habitée par le couple Guillaume Guillou- Marie l'Helgouarch, et deux au Phlipp : la construction du lot n° 95 citée ci-dessus, et celle de Jean Stéphan et Catherine Kergoat, plus récente. En 1926, elles font partie des cinq maisons de la nouvelle "Rue de la Montagne". Ce nombre va ensuite croitre : il y en aura 10 en 1931, 15 en 1936, 19 en 1946 et quelques unes de plus en 1954.

Ces maisons sont visibles sur une photographie des années 1930, que l'on peut consulter aux archives départementales du Finistère (21 FI 531). Sur le cliché on remarque aussi les maisons du centre bourg, dont certaines viennent d'être reconstruites vers 1935, en particulier la grande bâtisse du haut de la place. Après la maison du Phlipp située dans le virage à gauche, les habitations de la photo devraient être celles des familles recensées en 1936 :

Jean Stéphan

René Moreau et Cornic Marie Anne, ensuite Troadec.

Hascoet et Anna Riou, ensuite Guillou.

Guillaume Yannou et Bernadette Michel, ensuite Cadiou

Jean Robin et Marie Rozais.

Yves le Guillou et Marie Bodenan, ensuite Chatalic.

Les projets doivent être approuvés par le Conseil Municipal, avant les actes de vente signés chez Me Crouan, notaire à Quéménéven.

28/02/1922 :

Le conseil municipal de la commune de Locronan, considérant la crise des logements qui sévit un peu partout et même et même à Locronan où il y a actuellement trop peu d'habitation.

Considérant d'autre part que la commune de Locronan possède un terrain vague communal en bordure de la route de Grande Communication N° 7 de Châteaulin à Douarnenez, terrain qui n'est d'aucune utilité à la commune et qui convient très bien comme terrain à bâtir.

Décide à l'unanimité des membres présents, de demander à Monsieur le Préfet l'autorisation de vendre ledit terrain vague communal aux clauses et conditions suivantes :

1°) Ladite vente sera faite par Monsieur Crouan, notaire à Quéménéven, après approbation de Monsieur le préfet du Finistère et les publications et affichages prévus par la loi.

2°) Elle aura lieu aux enchères publiques à la mairie de Locronan en Présence de Mr le percepteur receveur communal et de deux délégués du conseil municipal.

3°) Ledit terrain vague est divisé en cinq lots distincts, suivant un plan annexé envoyé par Monsieur l'agent voyer cantonal et chaque lot sera mis en vente suivant un prix minimal de vingt centimes le mètre carré.

4°) Les enchères seront de cinq francs au minimum et l'adjudication ne sera définitive   qu'après extinction de trois feux consécutifs allumés sans surenchères

5°) Les adjudicataires payeront tous les frais occasionnés par la présente vente : plan, publications, affiches, timbre et enregistrement.

6°) Nul ne pourra se rendre acquéreur de deux lots à la fois, et les adjudicataires de chaque lot devront construire une habitation sur leur lot respectif dans une période maximum de cinq ans à partir du jour dr l'adjudication. Faute de quoi le lot non bâti redeviendra de droit à la commune pour être mis en vente de nouveau aux risques et périls de l'adjudicataire défaillant, le bénéfice s'il y en a revenant à la commune de Locronan.

Après l'accord du préfet du 25 août 1922, les lots seront mis en vente le 5 septembre suivant. Les enchères sont décrites dans un acte de Maître Crouan de Quéménéven.

Premier lot : 1070,65 m², mise à prix de 214,13 francs, "à prendre dans la partie ouest de la pièce de terre (n°88), ayant de largeur 30 mètre au sud en bordure du chemin de grande communication n°7, et 30 mètre au nord le long du chemin rural n°12 limité à l'ouest par droits à Stéphan et à l'est par le lot suivant". Après enchères, il est attribué à Mr Romain Gautier, hôtelier à Douarnenez, frère de Louise Gautier l'épouse de Jacques Pré pour la somme de 1500 francs.

Deuxième lot : 907,58 m², mise à prix de 181,52 francs, "attenant au premier lot, mesurant 20 mètre de large au sud en bordure du chemin de grande communication, et même largeur au nord le long du chemin rural n° 12, donnant de l'est sur le troisième lot". Après enchères, il est attribué à Mr Yves Hémon, agissant pour madame Anne Riou, couturière demeurant à Rozaguen, veuve de Hervé Hascoet, pour la somme de 1470 francs.

Troisième lot : 1073,80 m², mise à prix 214,76 franc, "ayant de largeur 20 mètre au sud, le long du chemin de grande communication, et 20 mètres au nord le long du chemin de Kerjacob". Après enchères, il est attribué à Guillaume Marie Yannou pour la somme de 1500 francs.

Quatrième lot : 1216,64, mise à prix 243,33 franc, "à l'est du troisième lot, ayant 20 mètres de large au sud, le long du chemin de grande communication, et 20 mètres au nord le long du chemin de Kerjacob". Il est attribué à Jean Victor Robin pour la somme de 1680 francs.

Cinquième lot : 1371,82 m², mise à prix 274,36 franc, " ayant 20 mètres de large au sud, le long du chemin de grande communication n°7, et 20 mètres au nord le long du chemin de Kerjacob, limité àl'est par droits à la commune". Il est attribué à Guillaume Guillou, agissant pour le compte de Jean Marie Landrin et Marie Conan son épouse, pour la somme de 2040 francs.

Toutes ces parcelles sont construites et habitées selon le recensement de 1936. Mais nous remarquons que les noms des acquéreurs des premier et dernier lots n'y apparaissent pas. Avaient-ils vendu leur parcelle ?

Le cinquième lot avait été acheté par François Pierre Marie Landrin, gendarme à cheval, qui avait épousé la locronanaise Marie Corentine Conan le 13 juillet 1903. Deux enfants naquirent de cette union, François Pierre en 1907 et André Donatien en 1909. Mais leur mère Marie Corentine décède le 13 octobre 1924 à Paris, alors que la construction de leur maison était en cours. Un subrogé tuteur est nommé, "à raison de l'opposition d'intérêts entre lesdits mineurs et leur père tuteur naturel et légal". Les biens du couple seront vendus, selon deux actes du 17 juillet 1925 qui décrit les biens et du 25 août suivant, relatif à la vente :

"Une maison en cours de construction, construite en maçonnerie, couverte en ardoises, élevée en partie sur cave d'un rez-de-chaussée comprenant quatre pièces avec entrée, grenier sur le tout.

Un terrain entourant ladite maison, mesurant vingt mètres de largeur, au sud le long de la grande route de communication n° 7 et vingt mètres au nord en bordure du chemin rural de Keryacob, limité à l'est par les droits de à la commune de Locronan, et à l'ouest par Robin.

Le tout figure au plan cadastral sous le numéro 88 p de la section II pour une superficie de mille trois cent soixante onze mètres carrés quatre vingt deux décimètres carrés."

"Les enchères ayant été déclarées ouvertes, une première bougie a été allumée ; pendant sa durée, plusieurs enchères successives ont été portées et la dernière mise par Monsieur Yves Marie Michel Le Guillou, cultivateur, demeurant au Bois du Duc en la commune de Quéménéven, a fait monter le prix à 22 600 francs.

Ce dernier et madame Marie Jeanne Bodénan son épouse à ce présente ont déclarés accepter ladite adjudication comme acquéreur solidaires…".

La maison n'étant pas terminée, il faudra attendre 1931 pour voir leurs noms apparaître sur le registre de recensement, avec celui de leurs enfants Marie Anne et Yves.

Le premier lot, attribué en 1922 à Emile Gautier, a également dû être vendu ; en 1931 il est occupé par René Moreau, son épouse Marie Anne Cornic, et la famille de leur gendre Yves Troadec, qui y décède en 1981.

Le lot n° 2 est construit et occupé dès 1926 par la propriétaire Anne Riou veuve de Hervé Hascoet. On y trouve aussi la famille de Louis Coic et Marie Mocaer, qui devaient y être en location. Nous la trouvons également dans les années 1930 sur la longue liste des familles assistées par la commune.

Guillaume Yannou, l'adjudicataire du troisième lot, décède le 19 mars 1925. C'est son épouse, née Bernadette Michel qui, avec sa fille Joséphine, réside dans la maison en 1926. On y trouve en outre en location la famille de Jean Gonidec et Anne Hénaff, et en 1931, la famille de Baptiste Le Gall et Marie Bernard, leur fils Pierre, et le demi-frère de Baptiste, Joseph le Gall, le célèbre sculpteur, dont c'était probablement la première résidence à Locronan où il était venu en 1929. Signalons aussi que Joséphine Yannou deviendra l'épouse de Guillaume Cadiou, et la mère de Marie France, Marie Thérèse, Ronan et Michèle Cadiou.

Le lot n° 4 n'apparait pas sur le registre de 1926 ; en 1931, ce pourrait la maison 94, sans aucun occupant. Son adjudicataire Jean Victor Robin décède le 28 août 1933 à Locronan. En 1936, la maison est occupée par son épouse Marie Rosais et son frère Julien Rosais.

De l'autre côté de la route, les terrains étaient privés, et les noms des propriétaires enregistrés sur les matrices cadastrales. Chaque lot est identifié par le numéro du cadastre de 1847 jusqu'à l'édition d'un nouveau cadastre en 1932, où il sera modifié.

Lot n° 100, Parc ar Menez.

L'ancien cadastre nous apprend qu'il appartient à Jean Louis le DUFF époux Guéguen depuis 1884 (voir folio 211), après avoir eu plusieurs propriétaires depuis 1847 : René Conan jusqu'en 1859, Jean-Marie Bernard (1859-1875), Jean-Baptiste (1875-1876) et Hervé Philippe (1876-1884).

Jean Louis le Duff décède à Kerjacob le 9 décembre 1924. Cinq jours auparavant les époux Le Duff-Gueguen avait acté une donation-partage à leurs enfants y compris Pierre Treussier issu du premier mariage de Marie Jeanne Gueguen. Le premier lot "qui est attribué par les donateurs à madame Marie Marguerite le Duff épouse l'Helgoualch, sous l'autorisation de son mari, se compose d'un champ de terre labourable contenant cinquante cinq ares vingt sept centiares numéro 100 de la deuxième division du plan cadastral de Locronan, ayant ses murs à l'est et au nord, donnant de l'ouest sur terre au bureau de bienfaisance, et sur droits à Guillaume Hémon et du sud à Louis Gouyette. Le champ a été acquis par les époux Le Duff-Guéguen de Hervé Philippe et Marie Jeanne Petitbon suivant acte reçu par Me Hervieu notaire à Quéménéven le 24 novembre 1882…" .

C'est sur ce lot que les époux Elie L'Helgoualch-Marie Marguerite Le Duff construirons leur maison en 1929. Elle sera recensée en 1931.

Lot n° 101, également appelé "Parc ar Menez"

Ce terrain appartient aux enfants de Guillaume Gueguen (folio 164 du cadastre) jusqu'en 1859, à Jean Marie Gouyette jusqu"en 1912, et ensuite à Louis Gouyette. Par acte du 14 août 1930, cette parcelle est vendue par Louis Gouyette à Pierre Marie Michel et son épouse Marie Rosine Le Franc. La transaction concerne "une parcelle de terre de dix huit ares quatorze centiares à prendre dans la partie est du champ de terre labourable appelée "Parc ar Menez" figurant au plan cadastral sous le numéro 101 de la section 2, ayant édifices à l'est et au nord, donnant du nord sur Elie l'Helgoualch, du sud à Guillaume Hémon et Pierre Chipon, de l'est sur terrains communaux et de l'ouest sur le reste du champ".

En 1936 la maison est occupée par le couple Michel Trepot- Thérèse Michel, Thérèse étant la sœur de Pierre Michel, et en 1946 par Marie Le Franc, jusqu'à son décès en 1949, et la famille Harré, qui y résidait toujours en 1954.

D'autres terrains seront cédés un peu plus tard par la commune pour la construction, sur des demandes individuelles.

17 août 1930

Terrain de Jean Chaillou

Terrain de Jean Chaillou

On peut voir ces maisons sur des photos aériennes postérieures aux précédentes :

Les deux maisons sont recensées pour la première fois en 1946.

Une autre demande est faite par Mademoiselle Gonidec le même jour :

Le maire expose aux conseillers municipaux qu'il est saisi d'une demande d'achat de terrain communal d'une contenance de 300 m² faite par mademoiselle Gonidec qui habite actuellement à Locronan rue de la montagne.

Le conseil municipal à l'unanimité de ses membres présents, désirant voir construire de plus en plus dans la commune, émet un avis favorable pour céder à mademoiselle Gonidec 300 m² de terrain dans la parcelle 209 de la section B 10 mètre en bordure de ma route de grande communication n° 7 de Châteaulin à Douarnenez sur 30 mètres en profondeur vers le nord.

Le terrain entre Mr Suignard et Melle Gonidec sera vendu à Mr Le Lay en 1941 :

Monsieur le maire expose une demande d'achat de terrain appartenant à la commune de mille deux cents m² environ faite par Mr Le Lay Louis horloger.

Le conseil ayant murement délibéré considérant que le terrain demandé Mr Le Lay qui de trouve dans le terrain de lande sur le bord de la grande route de Châteaulin à Douarnenez entre les lots vendus à Melle Gonidec Marie Anne et à Mr Suignard Auguste n'est pas de grande utilité à la commune, décide de vendre ce terrain à Mr Le Lay, avec condition de construction d'une maison d'habitation au prix de 7 francs le m².

Ce lot ne sera finalement construit que vers 1960.

Les ventes vont reprendre après la seconde guerre. Un premier projet de lotissement date de 1950 ; le 10 septembre les demandes d'achat de Francis Larcher, Ernest Le Meur, Jean Louis Person, Jean Louis Jain, Jean Chatalic et Jean Louis Quéau sont enregistrées à la mairie.

Cette liste sera modifiée et complétée par la suite, et les premiers lots seront vendus en 1951.

 

Vue de la maison Brelivet dans les années 1950

Vue de Locronan, dans les années 1950 : la maison Brelivet est sur le bord gauche.,