Rue des charrettes

Au XIXème siècle, la route principale passant par Locronan était la départementale N°1 Quimper-Lanvéoc, qui arrivait au sud par la rue Saint Maurice, et sortait au nord vers Plonévez-Porzay par la rue et la place des Charettes. Depuis un aveu  du prieur de Locronan au roi daté de 1550, tous les actes officiels ont utilisé ce nom français pour cette rue. Seule la place est parfois appelée "Loc Herry" dans quelques écrits.

Aveu de 1550

Aveu de 1550

Cette route a été rectifiée entre 1875 et 1884, comme on peut le voir sur la carte. A la sortie nord, au lieu d'obliquer vers la gauche, une nouvelle chaussée a été percée, entrainant la destruction de plusieurs maisons, dont certaines étaient déjà ruinées.

Rectification 1882

Au cours du XXème siècle, les maisons de la rue des Charettes ne seront  pas classées, contrairement à celles de la place, et plusieurs pourront être rénovées, remaniées, ou reconstruites.

 

Au XVIIIème siècle, beaucoup étaient occupées par des artisans, tisserands et marchands principalement, qui avaient acheté une rente censive d'avec les propriétaires fonciers, ce qui les assuraient de la propriété utile de leur maison, moyennant le versement d'une rente annuelle. Nous donnons des exemples pour quelques maisons référencées par leur numéro sur le cadastre de 1847.

Cadastre 1847

Maison 67 : elle a été bien conservée depuis la date de 1693 inscrite sur le linteau de la lucarne, bien qu'elle ne soit pas classée.

Maison 67, début XXème siècle

Au début du XVIIIème siècle, elle appartenait à Pierre Sommier, marchand de fil, qui fournissait le fil de chanvre aux tisserands, en général déjà monté en "chaines", destinées à être installées rapidement sur le métier à tisser.

Sous la révolution, elle était occupée par Jean Granmoul, fabricant et marchand de toiles à voiles. Il sera poursuivi par la justice "pour avoir rescellé des pièces de toiles à l’effet de les dérober à la circulation en contravention à la loi du 26 Juillet 1793 l’an 2 de la République contre les accapareurs".

Plus près de nous, au siècle dernier, ce sera la demeure de Guillaume Hémon, adjoint au maire de Charles Daniélou pendant de longues années, qui va le seconder très efficacement pour obtenir le classement de la grande place dans les années 1920.

Maison 75 : cette maison serait la plus ancienne de Locronan, si l'on en juge par la date de 1585 inscrite en haut et à droite de l'une de ses vieilles fenêtres. Sur son pignon est, il ne reste que les vestiges d'une autre habitation, incendiée en 1860 et jamais reconstruite.

Un acte de 1749 la désigne comme maison de Nicolas Danielou, qui était maître tisserand. Deux de ses descendants seront maires de Locronan, Jean Danielou (1803-1814) et Charles Danielou (1912-1944), ce dernier plusieurs fois ministre.

Maison 76 : la façade, avec sa grande porte de garage, date de 1963.

Au milieu du XVIIIème siècle, elle habite l'atelier de tissage de Jacques Guénolé. Selon un registre d'imposition de 1742, ce serait alors l'un des plus importants de la ville, employant, outre le patron, deux compagnons et un apprenti.

Maison 81 : partiellement démolie lors de la rectification de la route N° 1 en 1882. La façade date de la fin du XIXème siècle.

C'était auparavant une auberge, à l'enseigne du "Treillis vert", nom cité en 1775 et sur le cadastre de 1847. Sur un linteau de l'ancienne façade, réutilisé dans une ferme des environs, on pouvait lire le nom d'Antoine Quinquis, dont l'épouse Gilette Le Borgne était hôtesse au début du XVIIème  siècle.

Maison 204 : C'est l'une des plus anciennes maisons de la rue, mais elle n'est pas classée. Sa façade a été modifiée dans les années 1930, par le percement d'une boutique, une boucherie tout d'abord, devenue actuellement magasin de souvenirs. Au XVIIIème siècle, elle est achetée par le vicaire du prieuré Jean Piclet, consécutivement à la succession vacante des demoiselles Gourio. La famille de Gourio était l’une des rares familles nobles ayant résidé à Locronan.

Maison 207 : Comme on le remarque aisément, cette maison a été reconstruite il y a quelques années.

En 1808, le propriétaire était Guillaume Conan, artisan tisserand. Un inventaire1 est réalisé chez lui le 24 mars 1806, après le décès de son épouse Marie Jeanne Le Bidan. On y trouve tout le matériel d'un tisserand en activité : un dévidoir, deux métiers à tisserand, dix sept lames, trois chaines de fils, et une pièce de toile. Le couple possédait également un cheval avec ses équipages, pour aller vendre les produits textiles de leur fabrication sur les foires et marchés des environs : draps, nappes, chemises, coiffes, cornettes, mouchoirs, jupes, justins ou camisoles, tabliers.