Maison 86

En 1924, Madame Gautier est, avec sa soeur Marie, copropriétaire des lots 84 (à Marie, épouse Probestau), 85 (aux deux soeurs) et 86 (à Louise) sur la place de Locronan, où elle tient un hôtel, l'Hôtel des Touristes. Elle n'acceptera le classement proposé que si on lui accorde une indemnité substantielle. Elle propose même une reconstruction de son hôtel suivant les plans établis par Mr Tassin, architecte des Beaux Arts. Les trois maisons seront classées le 30 novembre 1926, conformément au rapport du mois de juillet qui le proposait, et malgré la remarque que "les façades de ces maisons ne présentent par elles mêmes aucun intérêt, la partie inférieure est ancienne, mais, étages et toitures ont été modifiés au siécle dernier".

Le projet de modification de l'hôtel abandonné. Seule la maison 84, en bien mauvais état, sera reconstruite.

Ses enfants, Mr et Mme Jacques Pré, construiront quelques années plus tard l'Hôtel Saint Ronan au bas de la grande place.

Sur le cadastre de 1847, le propriétaire est Benoit Morvan, boucher, le grand-père de Madame Gautier.

Cette maison, qui appartenait à la fabrique Saint Ronan, a été expertisée1 et vendue sous la révolution sous le nom de Ty an Ilis :

 « L’an quatre de la république française une et indivisible le vingt huit messidor nous Antoine Joseph Parmentier expert nommé par délibération de l’administration du département du Finistère  en datte du vingt cinq du présent mois et Jean Georget expert nommé par le citoyen René Albert par sa soumission d’acquérir le bien national ci après désigné en datte du même jour vingt cinq du présent à l’effet de procéder à l’estimation en revenu et en capital sur le pied de mil sept cent quatre vingt dix d’une maison nationale nommée Ty an Ilis provenante de la ci devant fabrice de Saint Ronan située sur la place de Locronan vis à vis le puits proche l’église principale. Nous sommes en conséquence des commissions respectives à nous données par ladite administration départementale en datte dudit jour vingt du mois transportés dans ladite maison en compagnie des citoyen Jean Ollivier Mancel commissaire du directoire executif près l’administration de ce canton de Locronan et dudit René Albert soumissionnaire où a près avoir examiné l’état les matières de construction la longueur largeur et hauteur de ladite maison son emplacement clôture et accès et mesuré le terrain qui en dépend  avoir reconnu qu’elle a en dehors trente neuf pieds de longueur en dedans trente six, de largeur seize pieds et demi en dehors et treize pieds en dedans, le pignon donnant sur la place ayant vingt trois pieds pieds de hauteur  celuy du fond de laditte maison huit pieds deux pouces ce dernier pignon séparant la maison appartenant à Jérome Albert son frère occupée par Jean Dubeau sabotier laditte maison nommée ty an ilis soumissionnée étant composée d’une grande pièce dans le bout avec cheminée deux chambres au dessus dont celle donnant sur la place ayant pareillement cheminée deux autres chambres au dessus des précédentes dont celle donnant également sur la place a aussi une cheminée, toutes lesdites chambres séparées seulement par des cloisons et n’ayant au fond pour pignon au levant qu’un mauvais crépi composé de lattes et de mortier, ladite maison couverte en ardoise ayant un escalier en pierre garnie d’une tourelle en dehors donant sur la rue du four proche de l’église de la porte d’entrée de laditte maison donant sur la place du coté du couchant est une cloison en dedans qui conduit audit escalier, au nord de laditte maison est celle appartenante à Jérome Albert qui lui sert en ce moment de magasin entre les murs de ces deux dernières maisons est une petite séparation. Sommes d’avis que la maison ci dessus désignée et soumissionnée nommée ty an ilis valloit en 1790 en revenu annuel la somme de quarante cinq livres, lequel revenu multiplié dix huit fois d’après la loi donne en capital la somme de huit cent dix francs. Et sur ce qu’il ne nous a été fait aucune observation ni par le dit commissaire du directoire exécutif ni par ledit René Albert soumissionnaire nous avons de tout ce que dessus rédigé notre présent procès verbal que nous affirmons sincère et véritable en nos ames et conscience et a ledit commissaire signé avec nous ledit René Albert soumissionnaire ayant déclaré ne savoir le faire a prié de signer pour lui le citoyen Jean Bossenec après lecture".

Elle sera vendue à René Albert par acte du 19 thermidor an IV.

A la fin du XVIIe siècle elle appartenait à Yves Guezengar et Marie Decourt2 sa femme qui l’avaient "acquise d’escuier Pierre Jouan sieur de la Garaine, conseiller du Roy et son advocat au siège présidial de Quimper… le 7e may 1672…". N’ayant pas d’héritier direct, ils la vendent à la fabrique Saint Ronan en 1688, moyennant une somme d’argent et une fondation et le droit d'y demeurer jusqu’à leur mort pour 15 livres par an de rente censive. On lit dans les comptes de la fabrique Saint Ronan, "receu d’Yves Guezengar la somme de quinze livres pour la ferme de la maison où il demeure", puis après son décès en 1703 "pour la maison de Ty Born ar Gazek Guezengar la veuve dudit Claude Merrot paye quarante et cinq livres". Par la suite on trouvera seulement le nom de Ty Born ar Gazek.

 Notes
1 Arch. Dep. Finistère, 1 Q 507, Expertise, An IV.
2 Arch. Diocésaines de Quimper, Locronan, série AAA 7 , donation d'Yves Guezengar à la fabrique Saint Ronan, 1688.