Maison 177 – « Les Trois Piliers » ou Ty Danielou

En 1926, Jean Rolland recteur de Locronan, accepte le classement de la maison lui appartenant, "située du côté ouest de la place de Locronan, maison de 1669, et inscrite sous le numéro 177 du plan cadastral section I de Locronan, avec un rez-de-chaussée, un étage avec deux fenêtres et un grenier avec une superbe lucarne". 

Maisons 176-177-180. Angle nord-ouest de la place

Maisons 176-177-180

Maison 177, anciennement Les Trois Piliers

Maison 177, anciennement Les Trois Piliers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette maison avait été vendue en 1903 par Jean Bradol et Pauline Trellu à Madame veuve Paul Lemonnier. Elle y logera les sœurs du Saint Esprit, après la nationalisation des biens du clergé de 1905. Elle en fait don à l'église en même temps que l'école des filles qu'elle avait financée à l'arrière : "je lègue à Mr l'abbé Salomon inspecteur diocèsien à Quimper, l'école Anne de Bretagne, école de filles construite par moi en 1913. De plus la vieille maison et ses dépendances habitée par les sœurs filles du Saint Esprit et leur personnel". Cette donation explique l'intervention du recteur lors du classement de cette vieille maison.

Sur le cadastre, les propriétaires successifs sont la veuve de Lucien Daniélou en 1847, Jean Bradol en 1864 et madame Lemonnier en 1905.

Avant la Révolution, la localisation de cette maison apparait clairement dans un aveu du 25 février 17811, consenti par Pierre Chapalain et Marie Guivarch sa femme, et autres, à noble et discret missire Dom Mathieu Genitor Testaud Dubois de Lavaud seigneur prieur titulaire et commendataire du prieuré de Locronan Saint Ronan des Bois. Les premiers confessent tenir et posséder :

 "Une maison nommée les Trois Piliers sittuée au couchant de la grande place dudit Locronan couverte d’ardoises consistant en une boutique cuisine chambre au dessus et grenier donnante et ouvrante du levant  sur laditte grande place de Locronan, du midy joignant la maison du sieur Villeneuve Gueguen, du couchant joignant l’écurie cy après, et du nord joignantes autre maison nommée « La Croix Blanche », ayant laditte maison un demy pignon en son bout du midy et un autre demy pignon en son bout du nord, contenante de long à deux longères vingt cinq pieds, de franc  par dedans seize et de hauteur vingt cinq pieds.

L’écurie au nord de laditte maison couverte de paille ayante une chambre au dessus contenant de long et deux demye  longères vingt cinq pieds, de franc huit pieds et demy et de hauteur vingt deux pieds.

Un jardinet au couchant desdittes maisons et crèches contenant de long cinquante pieds, de large dix pieds donnant du levant sur la précédente crèche, du midy sur mur du jardin du sieur Villeneuve Guéguen, du couchant sur venelle menante au Troussel et du nord sur jardin dépendant de la maison nommée « La Croix Blanche », ayant ses murtins du couchant".

Cet acte nous renseigne donc sans ambigüité sur les noms des trois dernières maisons du côté ouest de la place au XVIIIème siècle : la maison des "Trois Pilliers" est située entre celle du sieur Villeneuse Gueguen au sud, où se faisait le contrôle des toiles, et "l'Auberge de la Croix Blanche" au nord.

Les différents avouants étaient tous descendants de Henry Chalin, maitre tisserand et marchand toilier, qui avait acquis la maison de François Trébuche, fils de Pierre, notaire et sergent, en 1719. Marie Guivarch épouse de Pierre Chapalain était la petite fille de Henri Chalin et de sa première épouse Marie Donval. Pierre Chapalain, qui possède2 la boutique où ils ont leur forge devait être maréchal ferrant comme son père.

Marie Guivarch qui ne possédait qu'une partie de la maison en 1781, rachète l’autre moitié en 17883. En 1808 on y trouve son gendre Jean Danielou, marchand, maire de Locronan de 1803 à 1814, et sa femme Marie Yvonne Chapalain. Leur fils Lucien Danielou, époux de Josephe Chauvin, meurt en 1847 sans descendance. Désiré Chauvin, héritier de Josephe, la vend en 1862 à Jean François Bradol, qui la cèdera en 1903 à Marie Louise Lemonnier.

Marie Yvonne Chapalain avait épousé successivement Mathias Kervern (cinq septembre 1792), et Jean Danielou (30 avril 1800) en secondes noces. Par son premier mariage elle est l'arrière-grand-mère de Charles Daniélou, maire de Locronan de 1912 à 1945, député et plusieurs fois ministre. Mais son second marie Jean Danielou, maire de Locronan de 1803 à 1814, n'est pas un ascendant direct du ministre.

Les Chapalain avaient achetés la maison de François Trebuch et Marie Merrault sa femme par contrat du dix neuf Juin mil sept cent dix neuf au raport de Kerlan notaire.

En 1795, Marie Guivarch et Mathias Kervern son gendre demandent et obtiennent aussi le rachat d’une rente constituée4, qui avait été assise par François Trébuche en 1718 envers la fabrique de la chapelle Notre Dame de Bonne Nouvelle, dans une  lettre aux administrateurs du directoire du district de Ville sur Aone du 13 prairial an III :

« Nous sommes propriéraires d’une maison et dépendances sittués sur la place de Locronan, commune du même nom, nommée les Trois Piliers. Sur cette maison est hypothèquée une rente constituée de seize livres treize sols neuf deniers par an, au principal de trois cent livres, crée au profit de Notre Dame de Bonne Nouvelle en laditte commune de Locronan, suivant contrat dont nous ne sommes pas saisis…suivant la certificat susdaté, le contrat auquel cette rente fut assise sur notre maison est du 6 9bre 1718».

 Notes
1 Arch. Dep. Finistère, 4 E 38 66, Aveu de Pierre Chapalain et Marie Guivarch sa femme au prieur de Locronan, 1781.
2 Arch. Dep. Finistère, 4 E 38 60, Vente de la maison des Trois Pilliers, par les héritiers Lagadec, à Pierre Chapalain et Marie Guivarch sa femme, 1778.
3 Arch. Dep. Finistère, 4 E 38 72, Vente d'une moitié de maison où demeure Marie Guivarch,  par Guillaume Castrec et Marie Chalin sa femme, Corentin le Dreau et Marie Anne Chalin sa femme,  à Marie Guivarch, 1788.
4 Arch. Dep. Finistère, 1 Q 763, Remboursement d'une rente constituée sur la maison des Trois Piliers, due à la fabrique de la chapelle Notre Dame de Bonne Nouvelle, 1795.