Chapelles

Il y avait autrefois trois chapelles à Locronan, si l'on excepte celle du Penity attenante à l'église principale : Saint Maurice, Saint Eutrope et Notre Dame de Bonne Nouvelle, qui subsiste seule aujourd'hui. Toutes les trois ont été expertisées en 1796 sous la Révolution, lors de la vente des biens du clergé, ce qui nous permet d'en connaître les caractéristiques. Auparavant chacune d'elles avait sa fabrique et son budget pour en assurer l'entretien.

Saint Maurice

Elle est indiquée sur le plan cadastral de 1808 en haut de la rue du même nom, mais sur celui de 1847 on lit seulement la Croix Saint Maurice, croix qui existe encore aujourd'hui.

Elle avait été expertisée1 le 27 thermidor an 4 à la demande de Antoine Parmentier soumissionnaire :

"Avons reconnu que la ditte chapelle Saint Maurice située sur le grand chemin au dessus de Locronan contient de longueur cinquante pieds compensés sur vingt deux de large et huit et demi de hauteur compensée, le portail de ladite chapelle donnant du couchant sur la grande route de Locronan à Quimper, du nord, levant et midi entouré de son cimetière, ayant outre sa grande porte une autre porte au nord....Le cimetière et ses édifices tout autour donant du nord et levant sur un champ nommé parc Kerourien, du midi sur la montagne  Place a Foir, et du couchant sur laditte chapelle et grande route contenant ledit cimetière compris ses édifices vingt cordes ....."

Cette expertise nous apprend que le champ au-dessus s'appelle "Place a Foir" : il pourrait s'agir du lieu où se tenait les foires aux bestiaux.

La fabrique Saint Maurice est citée dans quelques documents, mais aucun de ses cahiers de comptes n'a été conservé.

En 1765, le registre des baptêmes fait état de la bénédiction d'une nouvelle cloche : "Le vingtième aout mil sept soixante cinq a été solennellement bénite par le soussignant recteur avec la permission de François de Farcy chanoine de l'église cathédrale et grand vicaire du diocèse de Quimper, une cloche pour la chapelle de Saint Maurice, de poids de quatre vingt onze livres, nommée Joseph Louise. Parain et maraine ont été messire Joseph René de Moëlien, chevalier seigneur dudit lieu, Lanhoulou, Kerdoutous et autres, chef de nom et d'armes, chevalier de l'ordre militaire de Saint Louis, capitaine des vaisseaux du Roy, et demoiselle Louise, Julie, Charlotte, Marie de Moëlien qui signent".

 

Saint Eutrope

Elle se trouvait sur la droite en descendant la rue Moal, comme on peut le voir sur le cadastre de 1808.

Elle a été expertisée2 le 4 thermidor an IV, à la demande de Louis Antoine Gestin soumissionnaire :

"...avons reconnu qu’en dedans de ladite chapelle place nommée le cœur coté du levant, contient 40 pieds de longueur sur 38 de largeur, et que les deux bas cotés du même cœur contiennent chacun  quinze pieds de longueur sur neuf pieds de largeur , et ledit cœur dix pieds de hauteur compensée non compris les pignons que le bas de ladite chapelle séparé du cœur par le cancel  contient cinquante six pieds de longueur sur vingt huit de largeur, sept pieds six pouces de hauteur coté du nord et treize pieds quatre pouces coté du midi, la sacristie de ladite chapelle au nord du coté du levant donnant sur l’ancien cimetière ensemencé de pommes de terre contenant seize pieds de circonférence en dedans et sept pieds de hauteur , ladite chapelle et sacristie y attenant donnant au levant et midi sur ledit cimetière, cour et maison dites de l’hopital, du couchant sur la rue Nelic où est la porte principale de ladite chapelle ayant de front trente deux pieds, et du nord sur l’ancien presbytère et son petit jardin, ladite chapelle et sacristie couvertes en ardoises et baties tant en pierres de taille que moëlon .... Le cimetière faisant aujourdhui jardin ensemencé de pomme de terre contenant sept cordes donnant au levant sur le chemin à rose avec une ouverture sur icelui, au midi coté du levant sur une maison appartenant aux héritiers de Jean Conan autre partie du midi sur les jardins de Guillaume Conan et de Jean Piclet, du couchant sur la cour de l’ancien hopital et du nord sur le jardin de l’ancien Presbytère, séparé par un petit muret dépendant dudit cimetière ..."

La vente à L.A. Gestin est datée du 10 thermidor an IV ; mais elle n'aboutira pas puisque la chapelle sera finalement vendue sans lui à éteinte de chandelle le 24 floréal an 6, à François Jérôme Le Dean.

Sur le cadastre de 1808 on distingue très bien la chapelle (362), entourée de son cimetière (363), avec  le presbytère (361) et son jardin (360) au nord. Le plan de 1847 est plus détaillé, mais la chapelle a disparue (emplacement 198) ; le lot 196 au midi appartient à la commune et représente ce qui était autrefois la maison et la cour de l'hôpital. Le lot 195, aussi propriété de la commune, est l'ancien presbytère. L'ensemble donne au nord sur un espace appelé le Roz (le Coteau), ce qui explique le "chemin à rose" passant derrière le cimetière, que l'expert de l'an IV aurait du écrire "chemin du Roz".

Sept livres de comptes de la fabrique Saint Eutrope ont été conservés (1703, 1706, 1714, 1747, 1768, 1769, 1788), certains incomplets. La fabrique était prospère, le reliquat des comptes passe de 114 livres en 1707 à 1920 livres en 1770, mais redescend à 289 livres en 1789. Certaines dépenses sont parfois surprenantes ; ainsi à l'occasion du grand pardon de la chapelle en 1703 et 1708, on dédommage une femme "pour avoir fourny l'eau servant à faire l'eau des reliques", en 1714 on paye Pierre Larrour pour déboucher "un canal et le refaire de neuf". A quoi servait ce canal, quelle était l'utilisation de ces eaux de reliques ? L'eau venait peut-être de la fontaine située près de Notre Dame de Bonne Nouvelle, connue sous le nom de fontaine Saint Eutrope. Saint-Eutrope est un saint guérisseur que l'on vénère en particulier à Saintes ; l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, dont dépendait le prieuré de Locronan, avait également un hôpital Saint-Eutrope où les malades pouvaient suivre la messe dans la chapelle du même nom ; sur le parcours de la Troménie la première station est placée sous le patronage de Saint Eutrope : un prêtre y faisait baiser son reliquaire aux pèlerin et les invitait à boire un verre d'eau de sa fontaine, "l'eau des reliques" ?

 Sous la Révolution, elle servira de salle de réunion3 aux citoyens actifs des paroisses de Locronan, Plonévez-Porzay et Quéménéven.

 

Notre Dame de Bonne Nouvelle

C'est la seule des 3 chapelles expertisées sous la révolution qui subsiste. L'expertise4 est faîte le 1er fructidor an IV, le soumissionnaire étant Guy Bernard de Locronan :

"...Avons reconnu que ladite chapelle de Notre Dame de Bonne Nouvelle située à Locronan au bas de la rue Moal contient en dehors de longueur soixante douze pieds sur vingt de largeur et vingt pieds de hauteur compensée, ayant sa fontaine et douet à laver le tout en pierre de taille, laditte chapelle ayant deux portes d’entré l’une au nord et l’autre au couchant...".

Elle est estimée 252 francs, soit beaucoup moins que celle de la maison voisine, expertisée dans le même acte : "une maison sise auprès de ladite chapelle nommée la maison de Notre Dame avec un petit jardin ayant sa porte d'entrée rue Moal, couverte en chaume, contenant trente pieds de longueur sur dix neuf de largeur en dehors, et dix pieds de hauteur compensée, et ledit jardin trois cordes…". La maison et le jardin sont évaluées à 504 et 66 francs.

La fontaine, appelée fontaine Saint Eutrope, porte l'inscription " I. Connan marchand de toile l'an 1698".

Après la Révolution, cette chapelle sera rétrocédée à l'église de Locronan par la famille Bernard en 1817, et considérée comme propriété de la paroisse jusqu'au début du XXème siècle. Un vice de forme dans la donation de 1817, va permettre d'éviter sa nationalisation après 1905, mais avec l'inconvénient de laisser les frais d'entretien à la charge du diocèse. Elle sera finalement rachetée par la commune vers 1980.

La chapelle a été classée monument historique en 1915, son calvaire et la fontaine en 1926.

Chapel Ar Zonj {Chapelle du souvenir}

Suite à la construction d’une chère à prêcher en 1887, au sommet de la montagne de Locronan, au lieu dit "Plas-ar-c'horn" une chapelle sera édifiée grâce aux dons de Madame Paul Lemonnier. Elle fut construite en 1911 et inaugurée en 1912 comme l’atteste sa plaque inaugurale.

 

Elle fut détruite en 1977. A l’emplacement de cet édifice jugé trop haut, exposé aux assauts du vent et de la foudre, Monsieur l’abbé Maurice DILASSER, recteur de la Paroisse, préféra faire construire une petite chapelle basse répondant aux besoins de la grande Troménie inspirée de la Chapelle Saint They à la Pointe du Van et achevé pour la Grande Troménie de 1977.

Notes

1 Arch. Dép. Finistère, 1 Q 507, "Expertise de la chapelle Saint Maurice", 1796.
2 Arch. Dép. Finistère, 1 Q 507, "Expertise de la chapelle Saint Eutrope", 1796.
3 Arch. Dép. Finistère, 10 L 88, "Assemblée primaire des citoyens actifs des municipalités de Locronan, Plonévez-Porzai et Quéménéven", 1791.
4 Arch. Dép. Finistère, 1 Q 507, "Expertise de la chapelle Notre Dame de Bonne Nouvelle", 1796.