Seigneurie

 

Dans un aveu1 rendu au Roi en 1644, le baron Jean de Nevet relate l'histoire de sa famille depuis le IVème siècle. Il y retrace parallèlement celle de Locronan, qui sera reprise par J.B. Ogée2 en 1779 dans son dictionnaire historique et géographique de Bretagne, où on lit à la rubrique LOCRONAN : "L'an 395, Locronan n'était qu'un simple hermitage habité par Saint Ronan, et situé dans le milieu d'une forêt, nommée de Némée et ensuite de Nevet. Après la mort de ce Saint, son corps fut enterré dans son hermitage ; et, l'an 1031, Alain Caignard, comte de Cornouailles, fit bâtir, en son honneur, une fort belle église qu'il plaça sur son tombeau. La vénération des peuples a formé, dans l'endroit, un gros bourg qu'on a appellé du nom du Saint qu'on y révère".

Mais Jean de Nevet n'ayant pas indiqué l'origine de ses sources, plusieurs de ses affirmations ont été contredites. La seconde édition du dictionnaire donne une version plus détaillée de l'origine de Locronan : "Les ducs de Bretagne et la noblesse du duché enrichirent l'église de leurs dons. Pierre de Dreux, qui mourut en revenant de la croisade, érigea cette église en prieuré, par son testament de 1250, et fit don de revenus pour subvenir au service religieux qu'il instituait. Son fils, Jean Ier, ajouta à la fondation de son père, et créa le prieur seigneur de la paroisse".

Les archives sont peu nombreuses de la création du minihy au XIIème siècle jusqu'au XVIème siècle, époque des plus anciens aveux des prieurs et des cahiers de compte des fabriques. Mais Locronan n'avait cessé de se développer, si l'on en juge par l'aveu du prieur de 1550, et en partie grâce aux faveurs accordées par les ducs de Bretagne.

On trouve dans les "Lettres et Mandements de Jean V, duc de Bretagne3, plusieurs références à Locronan. Le plus ancien mandement est publié à Saint-Renan, c'est-à-dire Locronan, le 20 juin 1408 ; Jean V (1389-1442), qui rappellera en 1431, "une venue que nous feymes audit lieu de St Renan", était bien présent à Locronan à cette occasion. Il y confirme les franchises, en particulier celle des "fouages présens et avenir", accordées à sa naissance en 1389, par son père Jean IV aux habitants de Saint-Renan des Bois.

D'autres confirmations seront publiées quelques années plus tard, souvent pour répondre à des suppliques des habitants.  Dans celle de 1426, le prieur, vicaire et habitants réclament et obtiennent le rétablissement des exemptions de " toutes imposicions et gabeles de toutes marchendises qui  seroient vandues et achetez" à Locronan, et que les habitants de cette ville " feussent auxi, sa vie durant, francs et exemps de touz guetz et gardes à quelxconques forteresses de nostre duchié". Ces franchises avaient été accordées par Jean IV, son "très redoubté père",  et sa " très redoubtée dame et mère sa compaigne, à présent royne d'Engleterre", qui " autrefois fussent allez par grant dévotion  en pelerinage à l'eglise dudit lieu de St Renan du Boys" (après 1389, selon la lettre ci-dessus). En contrepartie, le prieur Eon de Pendreff  avait promis de "faire par chascun jour de dimanche, tant comme il vivroit, une procession par luy et son vicaire ou par l'un d'eulx avecques les habitans, environ l'église et chapelle dudit lieu, et dire une messe dudit saint desdits jours en ladite chapelle avecques prières et oraessons pour luy et mad. très redoubtée dame et mère sa compaigne la duchesse".

Notons aussi qu'un mandement de 1414 fait allusion à des "plegements pendants en la cour de St Renan du Bois" : le prieuré était doté d'une cour de justice au début du XVème siècle.

Jean V va encore se montrer généreux lors de la reconstruction de l'église Saint Ronan à cette époque. En 14243 bis il fait un don de 50 écus au vicaire pour l'édifice d'un pignon, probablement de la tour et du porche. En 1475, le duc François II, l'un de ses successeurs va "donner et octroier le devoir de billot dudit bourg pour estre employé en l'ediffication de l'église." C'était transmettre à la fabrique de l'église Saint Ronan le privilège de percevoir les droits "d'impots et billots", taxes prélevées par les débitants de vin, qui alimentaient en principe le trésor ducal.

Au XVIème siècle, après le rattachement de la Bretagne à la France, les prieurs vont devoir rendre des aveux au Roi, c'est-à-dire un dénombrement de leurs biens, décrivent en détail la seigneurie du prieuré. Les deux plus anciens datent de 15504 et 15575, et il en existe un troisième de 16806.

Celui de 1550 est rendu par Daniel de Saint Allouarn, abbé de Sainte Croix de Quimperlé et du prieuré de Saint René du Bois, "à lui advenu par le décès de feu frère Hervé de Saint Alouarn".  On y lit notamment que le prieur tient "soubz sa court et juridiction de Chateaulin justice haute, basse et moyenne ayant justicze,  patibulaire et officiers pour servir sa court et jurisdiction desdicts, scavoir seneschal, lieutenant, procureur, greffier, sergents,  seaulx de contractz et actes.".
Il possède "la maison prioralle avec ses estables, basse court, jardin, vergier, ung parc et ung four a ban avec son jardin toutz ensembles  contenant envyron ung journau et demy de terre feran d’un endroict sur ladicte eglise, d’autre endroict sur la maison son jardin du vicaire d’icell prieure que a presant tient et ou demeure maistre Yves le Gentil d’aultre endroict sur la rue appellé la rue du parc d’aultre endroict sur la maison et jardin de missire Paul le Carn pretre et d’aultres endroicts sur la maison et jardin Henryette Calvez oupvrant sur la place du marché de la ville dudit Sainct Renne du Boys", le four à ban qui " peut valloir par communs ans de ferme vingt livres monnoye par chacun an", le moulin "dudict prieuré avec son destroict situé pres et ioignant la chapelle de Sainct Guenollay vallant de ferme par communs ans envyron cent soulz monnoye", le "droict et debvoir de coustume qu’il prand et a droict de lever sur les denrées et marchandises qui se vendent en foires et marchés de ladicte ville et bourg dudict sainct renne du boys ouquel il y a quatre foires l’an les jours qui s’ensuivent scavoir le lundi Quasimodo, le dernier iour de may,  le jour et feste monsieur Sainct Michel en Monte Garganne, et tiers jour de novembre par chacun an et marché a chacun jour de mardy".
Il possède également  "ung fennier appellé le fennyer du prieuré situé  entre terres appartenant a Richard Calvez et terres monsieur de Kerouredan portant par communs ans envyron six charettées de foign" et "ung aultre pre et piece de terre situé pres la chappelle de Nostre Dame appellé l’esglie neuffve sittué entre les terres de Jehan Rouzault de touz endroicts portant par communs ans envyron une charrettée et demye de foign".

Il touche de nombreuses cheffrentes qui sont énumérées pour chacune des rues de la ville, ainsi que les "debvoirs de ventes et lods qu’il a de chacun contract heritier qui se faict des heritaiges estant ou fié dudit prieuré".

En général la prieur n'habitait pas à Locronan ; il se contentait de toucher les bénéfices de ses biens, gérés par son fermier. Les devoirs religieux étaient assurés par un vicaire "perpétuel". Au XVIème siècle le prieur sera souvent un moine de l'abbaye de Quimperlé, dont dépendait le prieuré de Locronan.  En 1550, le prieur Daniel de Saint Allouarn est aussi l'abbé de Sainte Croix de Quimperlé, sa fonction principale.

En 1557 l'aveu est rendu par "humble et dévot religieulx et orateur frère Allain de Kerguern, prieur du prieuré de Sainct René du Boys ", sans autre précision.

Mais en 1634 un "sermant de fidélité" est "fait au Roy par vénérable et discret frère Jacques Prevost, prieur clostral de l'abbaye de Sainte Croix de Quimperlé, et prieur de Saint René du Bois autrement Locrenan en la paroisse dudit Locrenan pour raison du temporel dudit prieuré qu'il tient prochement de sa majesté en fief amorti à devoirs de prières et oraisons sous la juridiction de Chasteaulin.".

Son successeur sera Denis Rousseau, qui fait un serment de fidélité au roy en 1653, analogue au précédent, et qui rend un aveu en 1680 :

 C'est la "declaration et dénombrement des maisons terres fief justices rantes et hérritages que noble et discrète personne messire Denis Rousseau  prestre prieur et seul seigneur spirituel et temporel du prieurée de Saint Ronan du Boys autrement Locornan demeurant cloistre et paroisse de Saint Benoist à Paris, tient et possède prochement et noblement du Roy notre sire sous son domeine et récepte de Chateaulin".

C’est un prieur commendataire, qui réside à Paris près de la Sorbonne, loin de son prieuré de Locronan dont il se contente de toucher les bénéfices. Il décède peu après cet aveu, et est remplacé par Charles Feydeau, qui à cette époque réside dans le même quartier de Paris, et qui dans un aveu du 14 octobre 1688 est qualifié de « messire Charles Feydeau Seigneur de Sainct Remy chevallier de l’ordre de Sainct Jan de Jérusalem et prieur titullaire du prieuré dudit Locronan  sainct Ronan du Bois ». Contrairement à Denis Rousseau, ce nouveau prieur commendataire est un laïc ayant séjourné à Locronan. Il ne résidait sans doute pas dans la maison du prieur qui était louée à un bourgeois, notaire ou marchand. Il fréquente le manoir de Tresseol, où il fait la connaissance de Marie Anne du Plessix, veuve depuis 1684 de François Joseph du Bois, le seigneur de ce lieu.

Il  était fils de Pierre Feydeau et de Catherine Vivien, de Paris, et avait été reçu chevalier de l’ordre  de  Malte en 1667. Il avait donc fallu qu'il soit dispensé de ses vœux pour épouser la veuve de Tresseol le 16 octobre 1690 dans l’église de Plonevez-Porzay. Mais le recteur n’enregistrera le mariage que le 18 août 1691, parce que, dit-il, les témoins sortirent de l’église et s’en allèrent sans donner leur qualité. N’était-ce pas plutôt pour manifester sa désapprobation au mariage du prieur de Locronan ?

Après avoir baptisé un premier enfant à Locronan, le couple s’établit au manoir du Plessis en Nizon, propriété familiale de Marie Anne, où naissent plusieurs autres enfants. Son arrière-arrière-petit-fils sera Théodore Hersart de la Villemarqué, l’auteur du Barzhaz Breizh, qui contient une « vie de saint Ronan ».

Il restera sans doute prieur de Locronan jusqu'à son décès le 13 avril 1703. Les liens du prieuré avec madame Feydeau persisteront ultérieurement, puisqu’elle est mandatée en 1707 par la fabrique Saint-Ronan7 pour porter ses titres et garants à Rennes.

Après le décès de Charles Feydeau, le prieur de Locronan sera François Joseph de Coëtlogon, neveu de l'évêque de Quimper, décédé en 1706. Plusieurs actes en témoignent :
Le 14 octobre 1709 à Guengat, où il est parrain de son petit-neveu Joseph Olivier Aleno, il est dit chanoine de Quimper et prieur de Locronan.
Le 17 mai 1713 il loue la maison du prieur de Locronan à Maître Jean Verron.
Le 31 décembre 1724, le prieur de Locronan, demeurant à Quimper, reçoit une déclaration en forme d'aveu de la part d'Henry Challin.
Il décède le 4 avril 1725 à Quimper.
Il est qualifié de Prieur de Locronan et de Montcontour dans l'Histoire de la Maison Royale de France8.

Le premier avril 1731, Missire Nicolas Botreau du Val, seigneur prieur de Locronan, baptise Nicole de Leissègues, et en 1733, le prieur de Locronan il entame une procédure civile contre les héritiers de François Joseph de Coetlogon, procédure qui sera poursuivie entre 1758 et 1765 par Mathieu Genitor du Bois de Lavaud9.

L'abbé Duval-Bottereau avait été le secrétaire de Montesquieu entre 1720 et 1730. Les documents relatifs à cette période nous ont été communiqués par Catherine Volpilhac-Auger10. Elle nous a transmis deux reçus, trouvé dans le fond de la Brède, à la bibliothèque municipale de Bordeaux11, accordés à l'abbé Bottereau-Duval par Jean François (Foucquet), évêque d'Eleuthéropolis en Palestine, "pour les six mois de la pension que je me suis réservée, sur le prieuré de Locornan que je lui ait résigné, echeus le vingt quatre décembre de cette année 1730". Montesquieu lui-même évoque cette transaction dans deux lettres au père Cerati12.

Nicolas Duval-Bottereau tenait donc son prieuré de Jean François Foucquet. Ce dernier, né à Vézelay le trois mars 1665, avait enseigné plusieurs années en Chine ; il revient en Europe en 1722, rencontre le pape qui lui procure en 1725 le titre d'évêque d'Eleuthéropolis, et sans doute aussi le bénéfice du prieuré de Locronan après le décès de son titulaire François Joseph de Coëtlogon cette même année. Sur la demande de Montesquieu, il négociera sa "résignation" à l'abbé Duval-Bottereau en 1730, mais en se réservant une part des bénéfices, 28 écus romains tous les six mois (environ 160 livres tournois). En 1712, le montant de ce bénéfice avait été évalué à 867 livres, mais était chargé de 200 livres de pension congrue pour le vicaire : Duval-Botterau en conserve à peine la moitié.

 

Au XVIIIème siècle, les autres prieurs étaient donc :

  • François de Coëtlogon, chanoine de Quimper, qualifié de Prieur de Locronan et de Montcontour dans l'Histoire de la Maison Royale de France8, qui décède en 1725. C'était le neveu d'un autre François de Coêtlogon, évêque de Quimper jusqu'en 1706.
  •  Jean François Foucquet, évêque d'Eleuthéropolis en Palestine, de 1725 à 1730.
  •  L'abbé Nicolas Duval-Bottereau, secrétaire de Montesquieu de 1720 à 1731, qui lui avait obtenu le prieuré en 1730. Il était encore en fonction en 1735, mais nous ne connaissons pas sa date de décès.
  • Dom Genitor Testor du Bois de Lavaud, seigneur titulaire et commandataire du prieuré de Locronan, est prieur de Locronan vers 1758, selon l'inventaire des minutes du greffe du présidial de Quimper pour la période 1758-1761 : "Messire Mathieu-Génitor du Bois de Lavaud, prieur du prieuré de Locronan, représenté par maître Guillaume-Nicolas de Brisagues [de Leissègues en fait], sieur de Kergadio, procureur fiscal dudit prieuré, contre François-Marie Aléno, de Saint-Alouarn, chevalier de Saint-Louis, capitaine des vaisseaux du Roi, héritier de dame Marie-Françoise de L'Honoré, veuve en premières noces de Yves-Marie de Tremic, sieur de Keraneizan, et en secondes noces de messire Jean-René Geffroy, chevalier, sieur de Villeblanche, conseiller au Parlement de Bretagne, ladite dame de Villeblanche héritière de messire François-Joseph de Coëtlogon, doyen des chanoines de la cathédrale de Quimper et prieur dudit prieuré de Locronan". En 1779, c'est Jacques le Doaré, marguillier en charge du général de Locronan, qui intente un procès contre Mathieu Génitor Testaud du Bois de Lavaud, prieur de Saint-Ronan des Bois13. A cette époque, ce dernier semble vouloir réactiver tous ses droits seigneuriaux en réclamant des aveux à plusieurs de ses vassaux. Ils doivent déclarer les droits qu'ils tiennent "à titre de foi et hommage, lods et ventes, quitte de rachat, sous le seigneur prieur de Locronan". Ils s'obligent à la suite de cour, de moulin et four banal.
    Ce prieur était originaire du Dorat, en Haute-Vienne. Il est évoqué dans la notice nécrologique relative à l'un de ses petits-neveux, Jean Baptiste Testaud-Marchain14, publiée dans le "Compte-rendu des travaux de la société du Berry de 1861", où on lit en note (page 301) : "Jacques Testaud, sieur de Boislavaud, son bisaïeul, exerça avec distinction la médecine au Dorat pendant près d'un demi-siècle. De ses cinq fils, les quatre puînés furent, selon les idées du temps, destinés à l'église. L'un d'eux, Testaud de Boislavaud, chanoine de Saint-Pierre du Dorat, bibliothécaire du Vatican et secrétaire particulier du cardinal Ganganelli (le pape Clément XIV), vint finir ses jours à l'abbaye de Fontgombaut. Un autre, religieux de ce dernier monastère, fut prieur de Saint-Savinien en Saintonge, et de Magnac Laval en Marche. Un troisième, Jean-Baptiste Testaud de Razes, était chanoine du Dorat en 1768. Le quatrième, connu sous le nom de Testaud l'Herbouchet, fut aussi chanoine du même chapitre, aumonier du roi et prieur de Locronan, en Bretagne. Jacques-Laurent Testaud, sieur de Marchain, près de Montmorillon, frère des précédents, embrassa la carrière des armes et fut capitaine d'une compagnie de grenadiers au régiments de la Roche-Lambert. Jean-Baptiste Testaud de Marchain, l'un de ses enfants, fut docteur en médecine à l'Université de Montpellier, et se fixa à Chatillon-sur-Indre, par le mariage qu'il y contracta en 1777, avec Melle Franquelin, fille du procureur du roi en la maréchaussée. Tous deux moururent jeunes, laissant en bas âge, un fils et une fille. Le premier fait l'objet de la présente notice".
    Selon ce document, Testaud l'Herbouchet, dont nous savons d'autre part que le prénom était Gabriel, aurait été prieur de Locronan. Mais toutes les sources bretonnes citent pour ce bénéfice, Mathieu Génitor Testaud du Bois de Lavaud, qui serait un autre des cinq fils cités de Jacques Testaud et de son épouse Florence Chatillon.

    Une autre note15, des "Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis", nous semble plus vraisemblable : "Le 16 novembre 1763, dom Mathieu-Genitour Teytaud du Boisdelavant, prêtre, religieux de Saint-Benoit, ancien bliothécaire de feu le cardinal Passionei, demeurant à Rome, actuellement au bourg de Saint-Savinien-du-Port, logé à l'auberge où pend pour enseigne l'image de deux marchands, ayant été pourvu du bénéfice simple du prieuré de Saint-Savinien par mutation de dom Louis Peru, religieux du même ordre, prend possession, en présence de Favre, curé de Saint-Savinien".

    Le prieur de Locronan était donc l'ancien bibliothécaire du cardinal Passionéi (1684-1761) au Vatican. La généalogie de la famille Testaud, ou Teytaud, a été publiée par Michel Boiron sur le web16. Jacques Teytaud, médecin, était l'époux de Florence Chatillon. Plusieurs enfants sont nés au Dorat de leur union, dont trois au moins seront chanoines : Mathieu-Génitor, né le deux février 1714, Jean-Baptiste, né le 29 avril 1715 et Gabriel, né le premier juillet 1717.

    Notons également qu'à la naissance de Henry Testaud le six novembre 1785 à Chatillon sur Indre, fils de Jean-Baptiste Testaud et de Geneviève Franquelin, le parrain est Génitor Testaud, du Dorat.

  • Mathieu le Houarner (1751-1804), nommé en 1787, sera le dernier prieur de Locronan. Il prête serment le 30 Janvier 1791, devient vicaire après le concordat et meurt à Locronan le 7 avril 1804. Il réside à Locronan pendant toute cette période et entreprend la restauration de la maison priorale près de l'église sur ses propres deniers.

Nous venons de voir que les prieurs ne résidaient pas à Locronan. Ils avaient en charge le temporel du prieuré et en touchaient les bénéfices. Les devoirs religieux étaient exercés par un vicaire perpétuel, assisté de plusieurs chapelains.

Dans le mandement de Jean V de 1426, le vicaire est Morice de Langueouez. Entre 1577 et 1579, les actes de baptème, rédigés en latin, sont signés de Johannes Goalan, vicaire17. A la fin du XVIème siècle le vicaire René Hascoet est assisté de cinq ou six prêtres.

Vers 1660 le titulaire est Hervé Croissant ; il signe comme "vicaire perpétuel", mais cela ne l'empêchera pas d'abandonner ses fonctions au profit de François Le Hé en 1672, pour redevenir chapelain, comme il est indiqué dans son acte de décès.

François Le Hé lui-même cèdera sa place à Jean Caro en 1686, qui ne l'occupera que quelques mois, puisqu'il décède en 1687.  Il est suivi de Mathurin Séné qui, entre 1687 et 1713, est assisté de quatre prêtres chapelains. Ce sera ensuite Philippe Perrault, qui signe comme vicaire perpétuel lorsqu'il entre en fonction, avant de porter le titre de recteur de Locronan quelques années plus tard et sur son acte de décès du 20 mars 1747. Ses successeurs seront eux aussi nommés recteur : Benoit Guillo(1747-1758), Guy François Le Jadé(1758-1763), Y. Le Coedic(1763-1768), L.C. De Perrien (1768-….), Philippe Jacob (vers 1780), Jean André (décédé en 1785), Mathieu le Houarner, nommé prieur en 1787, et remplacé comme vicaire par Jean Piclet.

 

 Notes

1 Arch. Dép. Finistère,1 G 156, Aveu du Seigneur de Névet, 1644.
2 J.B. OGEE, Dictionnaire Historique et Géographique de la province de Bretagne, Edition originale, Vatar, Nantes, 1779 ; Nouvelle Edition revue et augmentée, Molliex, Rennes, 1843.
3 René Blanchard (éd.), Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, Nantes, Société des bibliophiles bretons, 5 vol., 1889-1895.
3 bis Bibliothèque Nationale, Manuscrit 8267, fol. 104, Comptes de Jehan Droniou, trésorier général de Bretagne.
4  Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 800, Rentier du prieuré de Locronan, 1550.
5  Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 800, Rentier du prieuré de Locronan, 1557.
6  Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 1164, Rentier du prieuré de Locronan, 1680.
7 Arch. Diocésaines de Quimper, Locronan, série AAA 7, Locronan.
8 P. Anselme, Histoire de la Maison Royale de France, Paris, 1733, Tome 8, pp721.
9 Le Menn, Luzel, Inventaire sommaire des archives départementales du Finistère, Procédure civile des prieurs de Locronan contre les héritiers de François Joseph de Coëtlogon, Tome I, pp48, 52, Quimper 1889.
10 Catherine Volpilhac-Auger, Bibliothèque virtuelle Montesquieu, en ligne à partir de fin 2014 (ENS de Lyon).
11 Bibliothèque Municipale de Bordeaux, Fonds de la Brède, Manuscrit 2584, B 156.
12 Montesquieu, Lettres familières du président de Montesquieu baron de la Brède à divers amis d'Italie, lettres n°1 du 12 décembre 1729 et n°2 du premier mars 1730.
13 Le Menn, Luzel, Inventaire sommaire des archives départementales du Finistère, Procédure civile des prieurs de Locronan contre les héritiers de François Joseph de Coëtlogon, Tome I, pp56, 30, Quimper 1889.
14 Compte rendu des travaux de la société du Berry, Paris, octobre 1861, p301.
15 Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, 1876, III, p206.
16 Michel Boiron, Généalogie de la famille Teytaud, Geneanet.
17 Arch. Diocésaines de Quimper, Locronan.