Auditoire et Prison

Il y avait à Locronan un auditoire et une prison , d’après les aveux de 1550  et de 1680. Mais la cour de justice était bien antérieure, puisqu'elle est mentionnée dans une lettre de Jean V de 14141. En 1591, une rubrique du compte à décharge de la fabrique porte sur des réparations à la porte de l'auditoire.

Le bâtiment est décrit en détail dans une lettre du 22 mai 17932 (an 2 de la République). La municipalité de Locronan y réclame des réparations pour "un petit édifice national qui a toujours servi de prison. Il consiste en quatre appartements dont l’un servoit de cachot, l’autre de prison, le troisième de chambre au geolier et la quatrième enfin d’auditoire . Mais tous ces  appartements manquent de portes et de fenêtres, ou plutôt elles sont en si mauvais état que les personnes que l’on y conduit n’y restent qu’autant de temps qu’elles veulent bien le rester, à moins qu’on y mettent une sentinelle."

Emplacement de l'auditoire

Emplacement de l'auditoire

Quelques actes notariés du XVIIIème siècle permettent de le situer. Ainsi,les enfants de François Moreau et Elisabeth Fresnay déclarent posséder en 17833 :

une maison couverte d’ardoises où ils demeurent, donnant au couchant sur la grande place dudit Locronan, du midi sur une maison aux Chapalains, d’orient sur une venelle qui conduit à l’écurie des héritiers des Fays, et du nord sur maison desdits héritiers, ayant de long à deux longères et un pignon trente huit pieds, de haut dix neuf et de franc vingt.

une écurie joignant ladite maison au levant ayant de long à une longère et deux pignons trente neuf pieds, de hauteur quatorze et de franc trente, donnant du levant sur l’auditoire, du midi sur leur à Lautrou, et du nord sur la rue des charettes.

une petite cour concentrée entre ladite maison et l’écurie contenant sous fonds dix cordes.

sur lesquelles maison écurie et cour est due annuellement de cheffrente une geline et demie.

Autre maison couverte d’ardoises au levant de la  précédente avec sa cour et une petite crèche couverte d’ardoises donnant du levant sur l’auditoire du midi sur Leur an Autrou du couchant sur la précédente et du nord sur la rue des Charettes, ayant laditte maison de long à deux longères et deux pignons une corde six pieds et demi et haut huit pieds et de franc treize, laditte écurie ayant à une longère cinq pieds de haut huit de long et quatre de franc, la cour contenand sous fond dix pieds. »

Cette maison est certainement le lot numéro 81 du cadastre de 1847, dont le propriétaire est Alain Kernaleguen époux de Marie Elisabeth Moreau héritière d’Ollivier Moreau. Elle a été détruite en 1882 pour élargir la route vers Crozon et prolongeait le côté nord-est de la place.

En  se projetant  à l’est de cette maison, on peut situer l’auditoire et la prison vers le magasin connu aujourd’hui sous le nom de « Lysik ».

Ceci est confirmé par le cadastre de 1808 où la prison est indiquée sur le lot 380.

L’auditoire apparait encore en 1736 dans un bail à ferme consanti par le sieur Merrault, prêtre, à Mathurin le Bretton :

 "… lequeldit sieur Merrault a par le présent avec bon garantage à la coutume baillé et cédé à titre de pure et simple ferme pour le temps de six ans qui commenceront à la saint Michel prochaine et qui finiront à pareil jour après l’expirement dudit temps audit Mathurin  le Bretton acceptant une maison couverte de de paille située à l’occident de l’auditoire du seigneur prieur de Locronan ouvrant au midy sur le marché au fil anciennement la maison de Pierre Saliou … "

Ce sieur Merrault se prénommait Sébastien et sa succession a été recueillie et partagée par ses nièces et neveux dont Elisabeth Fresnay épouse de François Moreau. La maison du bail de 1736 doit-être l'une de celles de l’aveu de 1783, ce qui conforte notre localisation de l’auditoire.

Notes

1 René Blanchard (éd.), Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, Nantes, Société des bibliophiles bretons, 1889-1895, n° 1161.
2  Arch. Dep. Finistère, 20 L 11, Etat de la prison, 1793.
3 Arch. Dep. Finistère, 4 E 38 92, Aveu des enfants de François Moreau, 1783.