La troménie de 1917

 Les années d'avant 1914 avaient été marquées par les luttes anticléricales, qui avaient abouti à la séparation de l'Eglise et de l'Etat. La mobilisation contre l'Allemagne, va faire oublier ces luttes politiques, et provoquer une sorte d'union sacrée autour de la Nation. Elle va regrouper les citoyens de toutes opinions, aussi bien les syndicalistes, socialistes et autres partisans de la paix, que les catholiques encore meurtris par les récentes nationalisations. Dans une zone éloignée des combats, les grandes manifestations religieuses vont attirer de plus en plus de monde, et ce sera le cas pour la grande Troménie de 1917.

Elle sera relatée par Léon le Berre dans un petit fascicule publié en 1923, intitulé " Autour de Plaz-ar-C’horn, Troménie de Guerre ". Tout au long de son article l’auteur insiste sur l’absence des hommes partis au front. Arrivé " démocratiquement " par le train à la gare de Guengat, il rejoint Locronan à pied, parmi d’autres pèlerins, dont beaucoup pleurent un absent, comme cette jeune fille qui dit à sa compagne : " Madame a perdu son mari et ses deux frères ". La guerre est présente comme un leit-motiv dans son récit.

Il écrit, au départ de la procession, que " les classes 19 et 20, ceux dont l’enfance s’estompe trop vite, au gré des Mères, dans les brumes d’antan, n’ont pas eu le loisir d’apprendre. Ils essaient leur jeune force au port des bannières, et près d’eux, des hommes très mûrs les doublent… ". A Plas-ar-C’horn le prêtre " évoque tous ces poilus, jeunes fervents des troménies, ces pères de famille dont l’absence se fait cruellement sentir…Saints des âges reculés, Soldats d’aujourd’hui, se donnent la main pour la Civilisation et le Droit…".

En quittant Locronan par Douarnenez, il saluera enfin les matelots et les fusiliers-marins, et tous ceux dont "les corps reposent loin du pays, dans l’humide batterie des tranchées sépulcrales… ", mais dont " les âmes ont pris leur vol vers les Menez bretons. "

 

Femmes en noir

Femmes en noir