La Municipalité pendant la guerre

La mobilisation générale du premier Août 1914 va bien sûr toucher le Conseil municipal. Dès le début des hostilités, Alain Chipon, Joseph Le Duff et le docteur Henri Magne ont rejoint leur régiment. Ils seront suivis un peu plus tard par François Chipon et Guillaume Hémon, ainsi que par le maire Charles Danielou. La moitié du conseil est finalement sous les drapeaux. Cela se traduit par de nombreuses absences aux vingt séances du conseil tenues entre 1914 et 1919 : 20 pour François Chipon, 19 pour Alain Chipon, 18 pour Joseph Le Duff et le docteur Henri Magne, 12 pour Charles Danielou et 10 pour l'adjoint au maire Guillaume Hémon.

A la séance du 8 janvier 1919, le conseil note que BRELIVET Alain, cesse d'exercer ses fonctions de Conseiller délégué, remplissant les fonctions d'officier d'état civil, qu'il exerçait depuis le 15 avril 1915, date de la mobilisation de HEMON Guillaume Henri Marie, adjoint de la commune de Locronan, ce dernier ayant été démobilisé le 30 novembre 1918, a repris à la date du 8 janvier 1919 ses fonctions d'adjoint maire délégué de la commune de Locronan, Monsieur DANIELOU, maire, étant toujours retenu à Paris par ses fonctions.

Mais la guerre proprement dite trouve peu d'écho dans les décisions transcrites par les comptes rendus du conseil, sauf au début des hostilités. Le 23 août 1914, le conseil, réuni autour du maire, publie la déclaration suivante :

Le conseil municipal, après avoir envoyé un salut fraternel à ceux de ses membres qui sont déjà mobilisés pour la défense du Pays, vote par acclamation l'adresse suivante à l'armée :

"Le conseil municipal de Locronan réuni en session ordinaire d'août 1914, adresse ses hommages respectueux au chef valeureux et à l'armée française qui assume en ce moment la lourde charge de la défense du pays contre un ennemi brutal et sanguinaire qui, au mépris de toutes les lois de la guerre, a envahi notre pays en saccageant la noble Belgique.

Il forme des vœux pour le succès final de notre armée et des armées alliées, pour le triomphe du droit et de la justice. Vive la France et vive les Alliés !"

Le 29 novembre suivant, la séance est marquée par l'annonce de la mort du beau-frère du maire. Le Conseil exprime ses condoléances à la famille Daniélou :

"Monsieur l'adjoint au maire donne connaissance au conseil du deuil cruel qui vient de frapper la famille de Mr le maire en la personne de monsieur Michel Clamorgan âgé de vingt ans, frère de madame Daniélou, qui s'était engagé au début de la guerre, promu caporal sur le champ de bataille, il vient d'être tué quelques jours après d'une balle à la tête en donnant l'assaut à l'ennemi sur la terre d'Alsace. Le conseil municipal prend part à la douleur de la famille de Mr le maire et envoie à Monsieur et à Madame Daniélou l'expression de ses vifs sentiments de condoléances."

Mais les réunions suivantes ne feront plus allusion aux nombreux morts de la guerre, 47 dans notre commune, probablement pour éviter de trop alarmer la population. La mort d'André Stanislas Daniélou, tué à La Boisselle (Somme) le 17 décembre 1914, ne sera pas évoquée. C'était le frère du maire qui, en février 1915, écrira à sa mémoire le poème "In Mémoriam", édité en 1923 dans "La chanson des casques".

Le conseil municipal, sous la direction d'Alain Brélivet en l'absence du maire et de son adjoint, va surtout gérer les affaires courantes. Les décisions relatives à la guerre sont peu nombreuses :

Novembre 1915

Le paquet du prisonnier

Après la circulaire du sous-préfet du 4 novembre 1915, le conseil "trouvant à juste titre que cette œuvre est essentiellement patriotique et charitable. Considérant que ces malheureux prisonniers qui souffrent en Allemagne ont le droit de compter sur la générosité de leurs compatriotes qui n'ont pas été atteints par la guerre. Décident à l'unanimité de verser au compte du paquet du prisonnier la somme de soixante francs pour le soulagement des prisonniers de l'arrondissement de Châteaulin".

Passage des troupes

"Le conseil, vu le fréquent passage et le cantonnement des troupes dans la commune depuis la guerre, vote la somme de 90 francs destinée à l'achat de paille de couchage pour les soldats".

Février 1916 : Constitution d'un comité d'action agricole pour le temps de guerre.

Juillet 1916 : Création d'un bureau communal de placement gratuit (décret du 12 mars 1916).

Outre le maire Charles Danielou, tous les conseillers non mobilisés sont désignés pour faire partie de ce bureau : Alain Brélivet, Yves Gueguen, François Heussaff, Jean-Louis Le Henaff, René Le Quéau, François Billon. Mais "le conseil ne juge pas à propos de voter des crédits, le nombre de mutilés et de réformés étant nul pour le moment".

Août 1918 : Secours aux réfugiés :

"Vu les dossiers et les demandes d'assistance aux vieillards de Mr Delacroix Olivier et de Mme Delacroix née Fayart Adolphine, vieillards agés de 72 ans, réfugiés à Locronan, venant du département de la Somme, de Mme veuve Compère réfugiée , âgée de 68 ans, atteinte de maladie chronique, et madame veuve Despretz, réfugiée, atteinte de maladie de cœur, le conseil décide leur inscription au titre de la loi du 14 juillet 1905."

Janvier 1919 : Alain BRELIVET, cesse d'exercer ses fonctions de Conseiller délégué, et Guillaume HEMON redevient adjoint au maire.

Février 1919 : "Monsieur Guillaume HEMON souhaite la bienvenue aux conseillers municipaux dont six ont été mobilisés pour la guerre et qui sont actuellement tous démobilisés. Le conseil municipal envoie un salut d'admiration à l'armée française victorieuse et aux armées alliées de la France."

Février 1920 : Le conseil municipal, présidé par le maire Charles Danielou, redevenu député, sollicite l'attribution de la Médaille des Epidémies à Marie Suzanne Crozel, sœur Adèle en religion, arrivée à Locronan le 12 septembre 1898, et dont il fait l'éloge :

"Depuis cette époque la sœur Adèle s'est constamment dévouée auprès des malades de la commune de Locronan et des communes voisines avec un zèle et un dévouement digne des meilleurs éloges. Les médecins eux-mêmes admirent l'abnégation avec laquelle en maintes circonstances elle a soigné les malades atteints d'affections épidermiques ; aucune maladie ne l'a rebutée. Mais c'est surtout pendant la guerre de 1914-18, alors que presque tous les médecins étaient mobilisés [en particulier le docteur Henri Magne de Locronan], auprès des défenseurs de la patrie, que sœur Adèle a redoublé de dévouement".

Décembre 1924 : Inauguration du monument aux morts (voir autre panneau).

 

Les conseillers mobilisés

Charles DANIELOU

Mobilisé le 13 mars 1915 au dépôt du service automobile à Paris. Incorporé le 13 mars 1915 au 15e régiment d'artillerie de campagne, section automobile. Réformé le 11 décembre 1915 pour cause médicale. Classé dans le service auxiliaire.

Il sera par la suite nommé par Daladier responsable du service de presse du ministère des Affaires Etrangères, et participera aux travaux préparatoires à la conférence de la paix.

Guillaume HEMON

Mobilisé le 16 avril 1915. Campagne contre l'Allemagne du 16 avril 1915 au 30 novembre 1918. Détaché agricole du 3 mars 1917 au 30 novembre 1918.

Henri MAGNE, docteur

Rappelé à l'activité par le décret de mobilisation du 1er Août 1914. Arrivé au corps le 3 Août 1914. Affecté le 6 Août 1914 à l'hôpital complémentaire 20 à Quimper, le 1er septembre à l'asile d'aliénés à Quimper. Promu le 28 avril 1915 médecin aide major de 2e classe de réserve à titre temporaire. Maintenu à l'asile de Quimper et chargé du service de l'hôpital 7. Dirigé sur la R.P.S. du Bourget le 22 juillet 1916. Passé le 19 juillet au 2e bataillon du 12e régiment territorial. Le 7 mars 1917 affecté au dépôt divisionnaire de la 88e D.I.T. Promu le 28 avril 1917 médecin aide major de 1e classe et renvoyé au régiment. Relevé le 7 janvier 1919 sur la IIe région. Rejoint le 13 janvier 1919 et affecté au 118e régiment d'infanterie. Envoyé en congé illimité de démobilisation le 2 février 1919. Se retire à Locronan.

Croix de guerre avec médaille de bronze. Cité à l'ordre du 12e bataillon d'infanterie territorial :

Le 20/02/1918 : Excellent médecin de bataillon très consciencieux, très actif, d'un dévouement absolu, de beaucoup d'initiative, s'est fait remarqué par son sang froid, en allant donner ses soins aux blessés à plusieurs reprises sous de violents bombardements.

Le 14/11/1918 : malgré un bombardement intense provoquant à chaque instant de nouveaux éboulements, n'a pas hésité à se porter au secours des blessés pour les soigner se tenant dans les endroits les plus dangereux faisant preuve d'un dévouement sans limite.

Lettre d'éloges du ministre au journal officiel du 05/09/1920.

Après sa démobilisation, il installera son cabinet médical à Plonévez-Porzay, où il décède le 18 mars 1930.

Joseph Le DUFF

Mobilisé le 12 août 1914. Passé au 69e régiment d'infanterie le 22 avril 1915. Aux armées le 29 avril 1916. Evacué blessé le 18 février 1918, a rejoint le corps le 30 avril 1918. Evacué blessé le 2 juillet 1918. Arrivé au dépôt le 12 août 1918. Passé au 16e régiment d'infanterie le 6 octobre 1918. Envoyé en congé de démobilisation illimité le 9/3/1919.

Blessé le 18 février 1918 à Bagatelle intoxication par gaz. Cité à l’ordre du régiment N° 157 du 18 juin 1918 "soldat d'une grande bravoure, les 9 et 10 juin 1918 s'est offert comme volontaire pour exécuter des travaux dans des conditions rendues particulièrement pénibles par suite des tirs fréquents et nombreux de l'ennemi. Intoxication par gaz le 2 juillet 1918 à Bessons (Aisne).

Croix de guerre avec étoile de Bronze.

Alain CHIPON

6e régiment du Génie. Mobilisé le 3 août 1914. Passé au 1er Génie le 1er octobre 1916. Passé au 2e Génie le 30 janvier 1917. Embarqué sur le Colbert pour l’armée d’orient le 24 avril 1917. Rentré en France le 28 mai 1917. Envoyé en congé illimité de démobilisation le 3 avril 1919.

Médaille de la victoire. Médaille commémorative.

François CHIPON

Mobilisé le 3 septembre 1914. Passé au 87e territorial d'infanterie le 17 novembre 1914. Passé au 66e territorial d'infanterie le 17 septembre 1916. Passé à la 12e du C.O.A. le 17 février 1917. Envoyé en congé illimité de démobilisation le 8 février 1919.

Alain CHIPON

La seule photographie que nous ayons des conseillers mobilisés est celle d’ Alain Chipon