Rosancelin

Avant 1929, le village de Rosancelin était situé à la frontière de Locronan et de Plonévez-Porzay , avec ses terres partagées entre les deux communes. Les constructions se trouvaient sur la commune de Plonévez_Porzay, à l'exception du four.

A la fin du XVIIème siècle, il est décrit sommairement dans l'aveu au roi du seigneur de Lesharscoet , qui possède :

"La seigneurie de ligence sans rachat sur ledit lieu de Rosanselin ses appartenances et depandances comme il est à presant possédé par noble homme Jan Moreau sieur de Rosanselin, y comprins Foennec an Guib, Goarem Lombart, Goarem Penfeunteun Prat Rosancouet, Parc an Poul Uhelaff sur lequel est deue deux sols six deniers monnoye de chefrante suivant aveu du dixneuffiesme de décembre mil cincq vingt sept, et Parc Richard ou Parc an Ogez sur lequel parc est deu de cheffrante cincq sols de cheffrante par argent et huict livres de fromant au premier jour de janvier toutes lesdites terres sujettes à la dixme seigneurialle à raison de la quinziesme gerbe"1.  

Selon le même acte, c'est à Locronan que s'exerçait la jurisdiction de la seigneurie de Leshascoet, "aux environs de laquelle ville de Locronan se voyent aujourd’hui les mazières et ruines des veilles prisons et cachot de la seigneurie de Leshascouet, et proches d’icelles veilles prisons aussy aux environs dudict Saint René du Bois est une garenne nommée la garenne de la potence cy devant employé en laquelle estoient élevés les pattibulaires de ladicte jurisdiction qui sont à présent ruinés depuis un long temps, ladicte garenne ayant toujours retenu le nom de la garenne de la potance".

Un article indique que le seigneur de Leshascoet avaient "la seigneurie de ligence à tous devoirs devoirs seigneuriaux sur les mazures cours et courtils desdites vieilles prisons de Leshascouet afféagées par ledit seigneur à Corentin Morvan, situés sur le chemin de Locronan à Kerlaz, joignant les terres de Rosanselin près Locronan", et un autre cite la " Gareine de la Potance…contenant sept journeaux et trois quarts de terre tant chaude que froide, appartenant à Nicolas Le Douaré, Marie Bouard sa femme...".

Le cadastre napoléonien de Plonevez-Porzay permet de les situer puisqu'on y relève à l'entrée de Locronan lorsque l’on vient de Douarnenez, un peu avant le manoir de Rosancelin, une parcelle (n° 640, cadastre 1851, section D2 de Moellien) nommée  "Parc ar Prisoncou", sur laquelle devaient s’élever les prisons de Leshascoet.

Rosancelin vers 1850, en Plonevez-Porzay à gauche, en Locronan à droite

Jean Moreau, sieur de Rosancelin était le frère de Henry Moreau, sieur de Rozaven, car , selon un autre article du même acte, le seigneur de Lezhascoet avait "la seigneurie de ligence à tous debvoirs seigneuriaux sur un bois tailliff nommé Coat Hémery, apartenant par indivis à Maistre Henry Moreau sieur de Rozaven, et à Maistre Jean Moreau sieur de Rosanselin son frère, contenant cincq cent vingt cordes donant à l'orient sur le Bois du Duc, et de tous autres endroicts sur une montagne et autre bois tailliff apartenant au sieur de Keridiern".

Leurs parents étaient Louis Moreau et Marie Hémery. Le trois décembre 1674, Marie Emiry, veuve de noble homme Louis Moreau, sieur de Kerhauen, fait établir et instituer un contrat de fondation à Rosancelin, paroisse de Plonévez-Porzay, où elle demeure, avec le consentement son fils Jean Moreau sieur de Rosancelin.2 Cette fondation consiste "en une messe à notte et requiem à chaque jour de N : D : de la Chandeleur en l'église paroissiale de Sainct Ronan du Bois, et sur le grand autel d'icelle, et à l'issue de ladite messe, faire une recommandation sur la tombe de ses prédécesseurs, et après son décès sur la tombe où elle seroit enterrée en lisant les leçons et de ses parents", moyennant une somme annuelle de 10 sols à verser à la fabrique.

Jean Moreau avait épousé Anne de la Sauldraye, apparentée à Jacques de la Sauldraye, écuyer, qui est présent à la naissance de leur fils Joseph à Locronan en 1680. Il est avocat, conseiller du roi, alloué et bailli de la juridiction de Châteaulin. Ses fils François (né à Locronan en 1682, époux de Anne Meillon, et décédé en 1720 à Châteaulin), et Urbain (né en 1685 à Châteaulin, époux de Gabrielle Le Saux, mort à Châteaulin en 1732) lui succèderons dans ces fonctions. Urbain portera le titre de sieur de Rosancelin, mais ses enfants naissent tous à Châteaulin. Sa fille Anne Urbaine, épouse de Jacques Valentin de Leissègues, décède en 1756, et sa part de Rosancelin revient à son fils Urbain François Silvestre3, lui aussi sieur de Rosancelin, qui avait épousé Catherine Olive de Leissègues en 1753, et qui meurt à Plonevez-Porzay en 1767. Son épouse lui survivra jusqu'en 1816, et est probablement la dame de Rosancelin propriétaire du village sur la cadastre de 1810.  Après le décès de son mari, elle afferme la métairie de Rosancelin en y gardant la maison manale pour sa demeure personnelle avec ses enfants. Des baux sont signés avec :

Allain Le Guyader et Anne Sibiril le 28 octobre 1768.4
Pascal Le Queffelec et Hélène Piriou le 19 avril 1774.5
Marie Saliou veuve de Yves Pennaneach, et son fils René, le 14 janvier 1784.6

En 1847, Rosancelin appartient à Jean Pierre Marie Danielou et Marie Anne Kervern, les grands-parents de Charles Danielou.

Notes :

1 Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 1164, Aveu de Jacques de Quergorlay, 1681.
Arch. Nat., P 1553, Etat des domaines et droits domaniaux du roi, 1681.
http://www.geneanet.org/archives/registres/view/24436/212

2 Archives diocésaines de Quimper : archives du prieuré de Locronan, série AAA 7 / 1, 2,
Contrat de fondation de Marie Emiry, 1674.
3 Arch. Dép. Finistère, 25 C 2 21, Succession collatérale de Urbaine Moreau pour Urbain François Silvestre Moreau, 1757.
4 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 24, Bail à ferme consenti par Madame de Rosancelin à Allain Le Guyader et femme, 1768
5 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 29, Bail à ferme consenti par Madame de Rosancelin à Pascal Queffellec et femme, 1774.
6 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 38, Bail à ferme consenti par Madame de Rosancelin à Marie Saliou veuve de Yves Pennaneach, et son fils René, 1784.

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