La campagne

La petite ville de Sainct René du Boys, aujourd'hui Locronan, est décrite aux XVIème et XVIIème siècles dans plusieurs aveux du prieur au roi1,2. La campagne est peu étendue autour du bourg. En 1680, on y trouve seulement une dizaine de villages, souvent exploités par plusieurs fermiers (ou domaniers), qui profitaient de leur tenue dans le cadre d'un bail dit à domaine congéable et réparable. Dans ce type de contrat on distinguait la propriété du fond de celle des surfaces et des édifices, dont la valeur s'appelait les droits réparatoires. Pour exploiter sa tenue, le domanier devait acheter ces droits réparatoires, et payer ensuite une rente annuelle en argent ou en nature au propriétaire foncier. A l’expiration du bail il pouvait être congédié par le propriétaire foncier, qui devait lui rembourser les droits réparatoires. Dans un village le mot "propriété" s’appliquait donc soit au fond soit à ces droits réparatoires ; les deux pouvaient se vendre, s’acheter ou se transmettre par héritage.

Le tableau suivant rassemble les propriétaires fonciers et les exploitants de ces villages en 16802 :

Village Propriétaire foncier Domanier
Kervavarn de Keridiern Nouel Pengalet
Parc David de Ferriere Buffé Louis le Bescond
Kerourien A. et B. le Kergoat
Kerjaury Fabrique Saint Ronan Jan Petit
Creach de Moelien

de Rozaven Moreau

Guillaume Belenger

Jan Youenou

François Salaun

Bourlan Braz de Keridiern Jan Philippe
Stiffvel Dame de Bodilieau Guillaume Guezennec

Guillaume Hémon

Leustec de Rozaven Moreau René Philippe
Menec Dame de Tresseaul et Bodilieau

du Stiffvel Moreau

Louis Sevaer

François Sevaer

Moulin du Prieur Prieur

En 15501, le prieur doit faire une description par pièce de terre et non celle par village qui sera utilisée en 1680. Les redevances autour de la ville sont dispersées entre plusieurs propriétaires qui y demeurent. Ce n'est pas le cas pour les possessions du prieur dans les paroisses voisines, chaque village y étant divisé plusieurs "estaiges". Citons par exemple le cas de Trévigodou en Plonévez-Porzay, où il y a cinq tenues, dont la première est ainsi décrite :

"Dessus ung lieu et tenement de heritaiges avec ses issues et appartenances que Jehan Martin, Jehan Grall, Jehan Cloerec, Henry Bourgeaut et aultres leurs consorts tiennent au village de Treffbigodou contenant tant soubz maisons, aire, pourpris et courtils, terres chaudes et froides, prés et prairies, tant en clos que en frostaiges envyron vingt et six journeaulx de terres. A chascun vendredy prochain apres la saint antoine en janvier vingt et neuff soulz et quatre deniers monnoie, deux gelines, troys rennées rases fourment et troys rennées rases avoyne neuff livres fourment neuff livres avoyne".
Certains lieux-dits cités en 1550, n'apparaissent plus à la fin du XVIIème siècle, comme Kerdelant, qui était situé entre le Maenec et Kervavarn, ou encore Kermahorn. Kerjaury disparaitra aussi par la suite.

Limites de Locronan au XIX ème siècle (en rouge)                                                                                          Géoportail

 

Après un premier agrandissement éphémère sous la Révolution, il faudra attendre 1929 pour que Locronan atteigne ses limites actuelles. Sous l'impulsion de Charles Daniélou, son député maire, plusieurs villages  y sont annexés aux dépends de Plonévez-Porzay

Notes

1 Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 800, Rentier du prieuré de Locronan, 1550, 1557.
2  Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 1164, Rentier du prieuré de Locronan, 1680.