Ti Bian an Ilis

Il y avait, à l’angle de l’église et de la rue du four, une maison aujourd’hui disparue dite « la petite maison de l’église » où « Ti Bian an Ilis »  appartenant à la fabrique de l'église Saint Ronan, dont la présence est attestée par plusieurs actes.

 

Emplacement de "Ti Bian an Ilis"

Emplacement de "Ti Bian an Ilis"

Sous la Révolution, après la nationalisation des biens du clergé, elle est expertisée1 le onze thermidor an quatre, avant son achat par René Le Broche :

 L’an quatre de la République française une et indivisible le onze thermidor nous Antoine Joseph Parmentier expert nommé par délibération de l’administration du département du Finistère en datte du sept du présent mois, et Jean Georget expert nommé par le citoyen René le Broche par sa soumission d’acquérir une petite maison nationale ci après désignée, tous trois demeurant séparément à Locronan, laditte soumission en datte du lendemain huit du présent mois, à l’effet de procéder à l’estimation en revenu et en capital sur le pied de 1790 de la maison dont il s’agit nommée Ty bian an ilis servant ci devant de corps de garde et provenante de la fabrice de Locronan. Nous sommes en conséquence desdittes commissions à nous données et susdattées transportés en compagnie des citoyen Jean Ollivier Mancel commissaire du directoire exécutif près cette administration cantonale de Locronan et René le Broche soumissionnaire sur les lieux où après avoir examiné l’état de ladite maison les matières de sa construction, sa longueur, largeur et hauteur, son emplacement, distribution, clôture et accès et mesuré le terrain qui en dépend avons reconnu que laditte maison attenante à l’église principale coté du nord ayant sa porte donant sur la place avec son ouverture en formule boutique, petite fenêtre au nord donant sur la rue du Four conduisant de la place de Leur an Notrou du levant et midy à laditte église, laditte maison ayant en dehors treize pieds de hauteur et douze en dedans, onze pieds de largeur aussi en dedans et quatorze pieds et demi de longueur, couverte en ardoise ayant un petit escalier en bois et deux cheminées et n’ayant aucun plancher ni en bas ni en haut mais seulement les poutres de l’étage au dessus de la pièce du bas sans porte ni fenêtre. Sommes d’avis que ladite maison nommée ty bian an ilis valait en 1790 en revenu annuel la somme de dix francs lequel revenu multiplié dix huit fois d’après la loi donne en capital la somme de cent quatre vingt francs.

Nous avons pareillement mesuré un petit terrain en forme de carré long étant entre la maison  et l’église coté du midi lequel contient onze pieds de longueur en dedans sur quatre pieds six pouces de largeur que nous estimons valoir en 1790 de revenu annuel un franc Lequel revenu multiplié vingt deux fois d’après la loi donne en capital la somme de vingt deux francs : total en revenu onze francs et en capital deux cent deux francs et sur ce qu’il ne nous a été fait aucune observation ni par ledit commissaire ni par ledit René Broche nous avons de tout ce que dessus fait et rédigé notre présent procès verbal que nous affirmons sincère et véritable en nos ames et conscience…".

Cette petite maison, en très mauvais état, sera définitivement ruinée par la chute du clocher de l'église en 1808. Le 26.11.1810, René le Broche veuf de Suzanne Baron, cède ce qu'il en reste à Jean Cornic de Kergaradec en Plonevez-Porzay, pour la somme de 36 francs2. Curieusement, ce petit emplacement sera vendu une seconde fois par les héritiers Le Broche à Pierre Forestier, marchand de vin vers 1850. Celui-ci bâti une échoppe en brique à la place de l'ancienne maison. Mais une lettre du préfet à l’évêque, datée du 22 septembre 1851, montre qu’il sera obligé de la détruire : « Prenant en considération les irrégularités qui ont été commises et qui ont, en quelque sorte, autorisé le sieur Forestier, de Locronan, à se mettre en contravention aux règlements, en construisant, sans avoir obtenu un alignement régulier, une maison qu’il a adossé à l’église de Locronan, j’ai pris des arrengements avec ce propriétaire pour acquérir le terrain sur lequel est construite sa maison au prix de 400 francs, à charge par lui de démolir et de déblayer immédiatement ledit terrain de tous matériaux…L’église de Locronan se trouvant classée au rang des monuments historiques je ferai verser, à titre de secours, le prix de l’acquisition dans la caisse de la fabrique qui en comptera le montant au vendeur ».

Avant la Révolution, la location de cette maison fait partie des recettes de la fabrique de l'église Saint Ronan . En 1689 et 1690, Claude Merrot paye vingt sept livres, ses héritiers doivent la même somme en 1704, et, "pour la maison de Born ar Gazec Guezengar la veuve dudit Merrot payt quarante et cincq livres". Mais en 1745, elle est baillée3 à Hélaine Morice femme de Mathias Marhic pour 19 livres seulement, et en 1788 elle "sert de décharge à l’église Saint Ronan".

Signalons enfin, que dans ses notes manuscrites, Louis le Guennec fait référence à un croquis de F. Debret, vers 1820, qui « montre l’église vue de face, avec le clocher surmonté de sa flèche octogonale, assez courtaud, non ajourée, garni sur ses 4 pans face d’une haute lucarne à 6 ouvertures. On voit à droite de la chapelle du Penity une grande cintrée, et à gauche de l’église un pignon de chapelle qui n’existe plus, puis une autre porte cintrée . Le reste n’a pas changé ».

 La maison apparaît dans l'aveu de 1550, rue Creis an Kaer, sous le nom "d'Ostel Le Berre, qui jouxte le pignon de l'église Sainct Renné", sur lequel les enfants de Yvon Le Calvez payent une cheffrente de douze deniers.

 Notes
1 Arch. Dep. Finistère, 1 Q 507, Expertise, An IV.
2 Arch. Dep. Finistère, 4 E 36 64, Vente par René Le Broche à Jean Cornic, 1810.
3 Arch. Dep. Finistère,4 E 36 8 , Bail à ferme, 1745.