Maisons 210-213-214

En 1808, ces maisons font partie de l'ilot 306 du cadastre. On y trouve trois propriétaires, l'abbé Alexandry Hyacinthe du Laurent, chanoine à Quimper, François Nourry, charbonnier, époux de Renée Talamot, et Anne Goaer, veuve de Guillaume Hémon, cultivateur au Stivel. Chaque lot a une surface de 120 m².

 

En 1847, la maison 210, la plus à l'ouest, appartient à Corentin Harnay, époux de Marie Scaon, celle du centre est à Corentin l'Helgouach et Marie Renée Nourry (petite fille de François Nourry), et la troisième à Maudé Bossenec, maréchal. D'autres propriétaires vont ensuite s'y succéder. Les deux dernières seront démolies en 1874, et celle du centre sera reconstruite en 1876 par Guillaume Alain, forgeron.

Plusieurs actes notariés nous permettent de préciser l'histoire de ces maisons à la fin du XVIIIème siècle et au début du siècle suivant.

En 1783, la maison la plus à l'est était celle de Marie Fercoq, selon l'aveu qu'elle rend au prieur de Locronan1 :

"L'an mil sept quatre vingt trois, le quinze aout…a personnellement comparu Marie Fercocq veuve de Guillaume Balanec demeurant ville et paroisse de Locronan, laquelle déclare tenir et posséder à titre de foi, hommage, lods et vente…  une maison donnant du midi sur la rue des Charettes , du couchant sur maison à François Trebuche, du nord sur cour et jardin à laditte avouante et du levant sur la grand chemin qui conduit à Brest, aiant de long trente huit pieds, de haut neuf de large dix sept ; un jardin donnant du midi sur laditte maison et du nord sur terre à François Trebuche, du couchant sur terre à Guillaume Trébuche et du levant sur la grand chemin qui conduit à Brest…Reconnait l'avouante avoir acquis lesdites du sieur du Laurent de la Barre pour lui payer par an de rente censive [effacé]…".

Selon cet acte, la maison voisine, au centre est celle de François Trébuche.

En réalité elle ne possédait qu'une rente censive sur cette maison, dont le fond restait propriété du sieur de la Barre, selon un article du registre de contrôle des droits des décrets volontaires du 10 octobre 17802 :

"Reçu de René Ligavan et Marie Balanec sa femme, autorisé en tant de besoin de Marie Fercoq veuve Guillaume Balanec…la somme de 4 livres 2 sous pour les 2 derniers par livre de celle de quatre cents quatorze livres principal au denier vingt des rentes censives de dix huit livres et quatre livres dix sous contenus dans l'acquet par eux fait d'écuyer Antoine du Laurent sieur de la Barre d'une maison et courtil derrière sittués rue des Charettes de cette ville… suivant contrat du 12 mai 1780 au rapport d'Y : Mancel… ".

Antoine du Laurent décède en 1789, et c'est son fils Alexandre Hyacinthe qui va hérité de ses biens à Locronan. C'est ainsi qu'il va racheter la rente censive précédente de 18 livres par an en 18063 :

"L'an 1806, le trente du mois de juin…ont personnellement comparus Anne le Gars veuve de Pierre Poulmarch et Jean Poulmarch son fils tisserand, demeurant ville et paroisse de Locronan d'une part, monsieur Alexandry Hyacinthe du Laurent, chanoine demeurant ville et mairie de Quimper, et actuellement à Locronan pour la suite de ses affaires, d'autre part. Entre lesquels il est reconnu que lesdits Anne le Gars et son fils Jean Poulmarch doivent audit Alexandry Hyacinthe du Laurent, une somme de 270 francs pour quinze années d'arrérages de la rente censive et annuelle de 18 francs par an sur la maison qu'ils occupent dans la rue des Charettes à Locronan, et comme ils ne sont point en état de lui faire la payement de cette somme, ils ont déclarés et par le présent déclarent abandonner purement et simplement audit du Laurent acceptant ladite maison avec toutes ses dépendances, pour et en faveur d'une somme de 160 francs…".

Nous avons vu que la maison du centre était celle de François Trébuche, tisserand. Mais en 1780, il ne possédait lui aussi qu'une rente censive que lui avait accordé l'écuyer Antoine du Laurent2 :

"Reçu de François Trébuche, père et garde naturel des enfants de son mariage avec deffunte Jeanne Le Guédes, demeurant ville et paroisse de Locronan Saint Ronan des Bois, la somme de deux livres trois sous quatre deniers pour les 2 deniers par livre de celle de deux cents soixante livres de principal au denier vingt portée au contrat d'acquet par eux fait d'écuyer Antoine du Laurens d'une maison une crèche et petit jardinet derrière situé rue des Charettes de cette ville et relevant roturièrement à fond du prieuré de locronan, par contrat du 14 juin 1778 au rapport d'Y : Mancel, controlé et insinué à Locronan le 21 dudit mois suivi de prise de possession et de bannies pout parvenir à un appropriement…".

Le 25 floréal an VI (25.05.1798), Guillaume et Joseph Trébuche vont vendre la maison à François et Gilles Nourry (père et fils) et leurs femmes Renée Talamot et Marie Jeanne Le Corre4,5. Ils sont charbonniers, c'est-à-dire qu'ils fabriquent du charbon de bois dans la forêt de Névet, pour le commercialiser ensuite aux environs, et en particulier à Douarnenez. Ceci explique les trois chevaux mentionnés dans l'inventaire réalisé chez eux en 1807, après le décès de Marie Jeanne Le Corre6.

Enfin, la maison la plus à l'ouest appartenait à la famille Hémon du Stivel, ainsi que le montre un acte de partage des biens du couple Guillaume Hémon-Anne le Goaer.

"L'an mil huit cent six, le 20 du mois de mars… ont personnellement comparus, Anne Goaer, veuve de feu Guillaume Hémon, cultivateur, demeurant au village du Stivel en la mairie de Locronan, d'une part, Julienne Bradol veuve de Pierre Hémon, cultivatrice et tutrice des enfants mineurs de son mariage, demeurant au lieu du Stivel, Guillaume Hémon, cultivateur demeurant au lieu de Keryequel en la mairie de Quéménéven, Jean Marie Hémon, officier de santé, demeutant au chef lieu de la mairie de Pont Croix, Yves Maubihan et Marie Anne Hémon sa femme de lui autorisée demeurant au village de Penhoat en la mairie de Quéménéven, meunier de profession, d'autre part, laquelle dite Anne Goaer considérant son age avancé qui la rend incapable de veiller aux soins de son ménage, et désirant voir avant sa mort terminer entre ses enfants tout arrangement relatif aux biens qui lui sont eschus de la succession de feu Guillaume Hémon leur père et à ceux qui doivent leur échoir de son chef… les biens à partager consiste en une tenue au village du Stivel, une maison située dans la rue des Charettes à Locronan, un courtil aux issues du village de Kerjacob…".

Notes

1 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 93, Aveu fourni par Marie Fercoq au prieur de Locronan, 1783.
2 25 C 7 3, Registre de contrôle des droits des décrets volontaires, 1780.
3 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 60, Contrat d'acquet d'une maison par Alexandry Hyacinthe du Laurent d'Anne Le Gars et fils, 1806.
Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 52, Contrat d'acquet fait par François et Gilles Nourry et leurs femmes, de Névet en Plonevez Porzay, de François, Guillaume et Joseph Trébuch de Locronan, 1798.
5 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 52, Prise de possession de François et Gilles Nourry, de Névet en Plonevez, dans l'acquet par eux fait de François et Gilles Trébuch de Locronan, 1798.
6 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 60, Inventaire fait à Locronan après le décès de Marie Jeanne Le Cor, à la requête de Gilles Nourry, veuf et tuteur légal, 1807.