Maison 180 –  » La Croix Blanche »

En 1924 le propriétaire est Pierre Guillou qui consent le classement de "la maison avec rez de chaussée avec un étage, un grenier sans lucarne, et située au coin ouest du bas de la place et comprise au plan cadastral sous le numéro 180 section I".

Au Loup Garou Gourmand. Ancienne auberge de La Croix Blanche

Au Loup Garou Gourmand

Maison 180. Ancienne auberge de "La Croix Blanche".

Ancienne auberge de "La Croix Blanche", au centre, derrière le puits

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1880 les propriétaires étaient Maudé Poulmarch, tisserand, époux de Marguerite Le Tallec.

Selon l’aveu Chapalain de 1781 la maison située au nord de celle des Trois Piliers s’appelait « La Croix Blanche » ;  plusieurs autres actes montrent que c’était une auberge. D’après les registres de baptèmes, les aubergistes y étaient Pierre Vrigneau et Marie Touchart sa femme en 1718, qui avaient tenus l'auberge Notre-Dame en 1713.

Le 5 mai 1721 le controleur des actes1 enregistre "un estat et procès verbal de scellé mis en la maison de La Croix Blanche sur les meubles laissés le décès de demoiselle Catherine Tancre veuve de Maître Jacq Moreau, sieur du Menec, de Locronan". Catherine Tancre payait déjà le billot en 1688, ce qui confirme sa qualité d’aubergiste et montre qu’elle a tenu la Croix Blanche pendant de longues années à la jonction des XVIIe et XVIIIe siècles.

Plus tard le propriétaire sera  le sieur de la Marre qui est cité comme aubergiste dans le registre d’insinuation de 1736 : "a esté insinué des lettres de bénéfice d’inventaire obtenue à la chancellerie de Bretaigne le 30e may 1736  par Gilette, Suzanne et Elizabeth Moreau autorisée de leur mère à l’exception de Suzanne, demeurants à Chateaulin et Locronan, pour la succession de Jan de la Marre vivant aubergiste à Locronan signé et scellé ledit jour 30e may pour l’insinuation desquelles j’ai receu neuf livres ", avec en marge : "le sieur de la Marre était à la vérité aubergiste mais il a toujours eu au moins quatre ou cinq cent livres de rente, et l’on a deu le considérer comme bourgeois vivant de son revenu ou au moins nottable artisan. Rechargé de neuf livres, étant deu par chacun des impétrans six livres".

Jan de la Marre, était le fils de Jacques, sénéchal, et de Marie  Moreau. Sa femme, Antoinette Doutte, avait épousé en première noces Jacques, fils de Jacques Moreau et Catherine Tancre, les propriétaires de "La Croix Blanche". Elle tiendra l'auberge après le décés de son mari en 1736, payera le billot, impôt sur le vin, à la fabrique Saint Ronan en 1737-38. En 1742, elle doit verser 9 livres de capitation, soit la troisième contribution de Locronan, et 2 livres 10 sols pour ses employés, un valet et une servante. Lors des incidents de la troménie de 1737 entre les habitants de Locronan et les cavaliers de la maréchaussée de Châteaulin, ceux-ci se réfugient "chez la demoiselle de La Marre, hôtesse". L'auberge devait être, à l'époque, la plus importe de Locronan.

Après son décès en 1744, alors que la succession de son mari n'est pas encore réglée, l’auberge est finalement acquise par noble homme Jean Guillier, sieur du Marnay qui en fait une prise de possession2 le 4 mai 1745 :

"…après quoy nous nous sommes tout exprais transportés jusques et dans une grande maison sittuée en laditte ville de Locronan à laquelle pend pour enseigne La Croix Blanche, de laquelle maison il dépend une grande cour close, une grande écurie et un jardin le tout proffilté à tiltre de simple ferme par la demoiselle veuve Le Boulch aubergiste y demeurante ou estant ledit sieur procureur inrem usant encorre du pouvoir luy octroyé par le susdit contract et en nos présences mis et induit ledit sieur du Marnay acquereur dans la réelle corporelle et actuelle jouissance et possession de laditte maison, de la cour de l’écurie et du jardin en dépendant et des autres issues appartenances et dépendances après l’avoir fait entrer dans laditte maison, ensuite dans la cour écurie et jardin fait feu et fumée boire et manger et généralement toutes les autres actes requis et nécessaires pour bonne et valable possession prendre et acquérir…"

La demoiselle veuve le Boulch (Marie Josephe Lalehousse) renouvellera son bail3 en 1747, mais décède en 1748. En 1787 la maison est louée4 par les Guillier à Yves Velly et Janne Harnay sa femme, qui en ont "une parfaite connaissance par la jouissance qu’ils en font depuis longtemps". Les bailleurs "devront mettre la longère donnant sur la place en bon état de réparations.. "

 Les héritiers du sieur du Marnay vendent le 13 octobre 1793 à Thomas le Tallec et Perrine le Corre sa seconde femme5  " …la maison vulgairement appellée La Croix Blanche, cour, écurie et jardin… ". Après le décès de Perrine en 1797, Thomas se marie en 1798 avec Marguerite Hemon et décède en 1801. Marguerite se remarie avec Jean Hemon en 1802, qui est le propriétaire sur le cadastre de 1808. Sur celui de 1847 la maison est à Maudé Poulmarch, tisserand, mari de Marguerite, la fille du troisième mariage de Thomas le Talec avec Marguerite Hémon.

Un inventaire6 est fait en 1812 après le décès de Marguerite Hemon ; parmi les objets inventoriés il y a un métier à tisser et divers accessoires de tisserand. La Croix Blanche était-elle encore une auberge ? En l’an 7 si on trouve Yves le Velly comme débitant de cidre sur la liste des patentes, Thomas le Talec y apparait comme menuisier.

 Notes
1 Arch. Dep. Finistère, Contrôles des actes, 25 C 1 06, Scellés à La Croix Blanche après le décès de Catherine Tancre,  veuve de Me Jacq Moreau, 1721.
2 Arch. Dep. Finistère, 4 E 36 8, Prise de possession pour le sieur du Marnay dans l'acquest qu'il a fait de l'auberge de la Croix Blanche, 1745.
3 Arch. Dep. Finistère, 4 E 36 10, Ferme du sieur du Marnay à Marie Josephe Lalehousse, 1747.
4 Arch. Dep. Finistère, 4 E 71 9, Ferme du sieur du Marnay à Yves Velly et Janne Harnay sa femme, 1787.
5 Arch. Dep. Finistère, 4 E 71 10, Vente de La Croix Blanche par les héritiers du sieur du Marnay, à Thomas le Tallec et Perine Le Corre sa femme, 1793.
6 Arch. Dep. Finistère, 4 E 36 66, Inventaire à La Croix Blanche, 1812.