Maison 163

Lors du classement de la place en 1924, les propriétaires Yves Hémon, boulanger, et Anne le Gars son épouse acceptent le classement de leur maison "avec rez-de-chaussée, un étage, avec mansarde et une lucarne et située au haut de la place au coin de la rue Lann et comprise au plan cadastral sous le numéro 163 de la section I et portant en inscription : Mètre Trobert et demoiselle Elisabeth".

Cette inscription est encore visible actuellement :

Linteau maison 163

  METRE RENE : TROBERT : DEMOISELE MARIE ELISABETH : (MILLIER ?)

La troisième ligne est presqu'effacée ; on devine au début le prénom ELISABETH, mais la suite est illisible. Selon les archives, l'épouse de René Trobert était Marie Elisabeth MILLIER.

Sur le cadastre de 1847 le propriétaire est Jean Marie Bernard, époux de Marie Conan, boulanger. Son fils Jean René se marie avec Marie Anne Boete qui, veuve en 1874, sera la mère de Yves Hémon après un second mariage avec Joseph Hémon.

 

 

 

 

 

 

Maitre René Trobert, sieur de la Garenne, marié en 1710 avec Elisabeth Millier, était notaire et greffier en chef de la juridiction du Rible au début duXVIIIème siècle. L’inscription précédente est donc postérieure à 1710, et a sans doute été réalisée lors de travaux d'entretien de cette maison, déjà propriété de la famille Trobert à la fin du XVIIème siècle selon un aveu1 de Jean Verron, fabrique de Notre Dame de Bonne Nouvelle au prieur de Locronan Charles Feydeau, daté du 14.10.1688 :

« Une portion de maison consistants en deux chambres haultes de la maison autrefois appartenante à deffunct maistre Jan Trobert le vieux contenantes de francq de largeur et longueur vingt et six pieds sans comprendre la saillie de pavé, la costière ou longueur du midy contient de haulteur quinze pieds et de longueur vingt et six, au dessous de la chambre à l’occidant il y a une issue sur terre ayant de longueur treize pieds et de largeur neuf, donnants devers oriant sur la grande place dudit Locronan, devers midy sur la rue Lann, devers occidant sur autre maison appartenante à noble homme Sébastien Tanguy et devers le nort sur maison profiltée par Rodolphe Bariou, une moitié de jardin avec sa muraille du midy contenant en fond une cordée et demye donnant à l’oriant sur terre et maison aux héritiers de deffunct maistre Jacques Trobert et à François Guiot, du midy sur ladite rue Lann, à l’occidant sur jardin aux héritiers du feu Sieur de Rozaven Moreau et devers le nort sur autre moittié de jardin appartenant auxdits héritiers de Trobert , lesdits héritages quitte de cheffrente, advenus à la fabrice de ladite chapelle par les avoir acquis de noble homme Laurent Nicolas et damoiselle Marie Couetsquiriou sa compaigne par contract du dix septiesme novembre mil six cent quatre vingts sept. »

Jean Trobert le vieux , notaire, époux de Jeanne de Fay, fils d’un autre Jean Trobert et de Anne Coatquiriou, était lui aussi sieur de la Garenne et René était probablement son fils. Jacques Trobert, notaire et sergent, était l'époux de  Catherine Lair. On voit que tout ces Trobert étaient des hommes de loi ; plus tard Marie Anne, une des filles de René épousera Louis Kerlann lui aussi notaire à Locronan.

En 1746 les héritiers Trobert louent la maison2 à Julien Harré et Anne Raoul sa femme à l’exception de la pièce où se trouve l’étude de Louis Kerlann ; elle fait partie de l’héritage de la demoiselle Pommier à son décès en 1752 et est transmise au sieur Chardon.

Marie Anne Chardon veuve de Louis le Dall de Kerangalet la vend3 à Laurent Poulmarch et Marie Guédès sa femme le 2 messidor an 2 (20/06/1791) ; c’est alors « …une maison couverte d’ardoises située en la rue Lanne consistant en une cuisine, cave, chambres et grenier, donnant laditte maison d’oriant sur la place, du midy sur la rue Lanne, d’occident sur maison à Grandmoul, et du nord sur maison à Alix… »

Elle restera ensuite dans la famille Poulmarch : sur le cadastre de 1808 la propriétaire est sa veuve et sur celui de 1847 sa petite fille Marie Conan mariée à Jean Marie Bernard, boulanger.

 Selon l'acte précédent la maison avait aussi appartenue à Maître Laurent Nicollas, sieur de Kernallevet, notaire et greffier du prieuré de Locronan, et Marie Couesquiriou son épouse. Laurent Nicollas était abbé de la frérie du Saint Rozaire en1686-87, mais quand il cède ses fonctions à Mathieu le Gal en 1687, il se trouve incapable de rembourser à ce dernier le reliquat de ses comptes, ce qui entraine la vente de sa maison à la fabrice de Bonne Nouvelle, selon un acte du 19 novembre 1687 :

«Copie de délibération  des parroissiens de Locronan portant contrat de cession et transport, par laquelle délibération sur la proposition faite par Mathieu le Gal abé de la frérie du Saint Rozaire audit Locronan, que ledite frérie étoit dénuée d’ornements, que n :h : Me Laurent Nicolas sieur de Kernallevet, abbé de ladite frérie l’année alors dernière, lequel lui avoit déclaré n’être point en état de payer son reliquat consistant en 135 livres 4 sols sur quoy il a été arrêté entre lesdits parroissiens et ledit sieur Nicollas, Delle Marie Quoesquiriou son épouse, Delle Marguerite Trobert veuve d’escuyer Jean Quoesquiriou, sieur et dame du Quistillic, savoir, que ledit sieur Nicollas et sadite épouse cèdent et transporte audit général leur maison où ils demeurent , jardin, et le bas au dessous de ladite maison, et en général tout ce qui en dépend, du consentement de ladite Trobert , en payement de leurdit reliquat, ladite maison donnant d’oriant sur la grande place dudit Locronan, du midy sur la rue Lann, d’occident sur maison à Me  Sébastien Tanguy, et du nord sur maison proffiltée par Rodolphe Bariou ; et ledit jardin donnant d’oriant sur maison à François Guiot, du midy sur la rue Lann, d’occident sur maison aux héritiers du jardin  sieur de Rozaven et du nord sur autre moittié de jardin proffilté par Catherine Lair veuve de Jacques Trobert, pour tourner au proffit de la fabrique de la chappelle et fabrice de Notre Dame de Bonne Nouvelle audit Locronan, (David Conan étoit alors fabricque) pour ladite fabrice en jouir et disposer à l’avenir ledit transport fait pour 186 livres 4 sols, en ladite somme comprise celle cy dessus de 135 livres 4 sols pour ledit reliquat, laquelle sera payée à ladite frérie du Rozaire pour l’embellissement d’icelle, et la surplus qui est de 51 livres sera payé auxdits Nicollas et femme des deniers de ladite fabrice de Notre Dame de Bonne Nouvelle ; on a donné audit sieur Nicollas terme de racquis de 6 ans».

 Notes
1 Arch. Diocésaines de Quimper, Locronan, série AAA 7 , Aveu de Jean Verron fabrique de Notre Dame de Bonne Nouvelle, à Charles Feydeau, prieur du prieuré de Locronan, 1688.
2 Arch. Dep. Finistère, 4 E 36 9, Bail à ferme du sieur Kerlann à Julien Harré et femme, 1746.

3 Arch. Dep. Finistère, 4 E 71 10, Vente à Laurent Poulmarch et Marie Guédes sa femme, d'une maison située à l'angle de la place et de la rue Lann, pat Marie Anne Chardon, veuve, 1794.