Les deux cadastres napoléoniens de 1808 et 1847 montrent que cette maison était située à l'angle du grand chemin Quimper-Lanvéoc, et de la route qui menait du bourg à la Croix Diben et au Stivel. Elle a probablement été reconstruite au XX^ème siècle, car elle est aujourd'hui légèrement décalée vers le nord par rapport à cet endroit.

En 1808, elle porte le numéro 305, et appartient à Daniel Ligavan, tout comme le jardin voisin N° 304. Il va les céder en 1810 à sa sœur Izabelle, épouse de Jean Poulmarch¹ :

"L'an 1810 le 21 du mois de novembre…furent présents Daniel Ligavan, tisserand, demeurant au lieu de Landrevarzec,…d'une part, Jean Poulmarch et Izabelle Ligavan sa femme, aussi tisserand, demeurant à Locronan d'autre part, lequel dit Daniel Ligavan a déclaré et par le présent déclare vendre céder et transporter à titre de licitation et partage en centimes auxdits Jean Poulmarch et femme ses beau frère et sœur prenant et acceptant pour eux et leur hoirs à perpétuité tous ses droits … consistants en meubles, une maison dans la rue des Charettes près le grand chemin et un petit champ près la grand route de Locronan à Lanveau, donnant du levant sur ladite route et du couchant sur la rue Moal. Les dits biens lui sont échus des successions de défunts Jean Ligavan et Catherine Guézennec auteurs communs…".

En 1847, le propriétaire est Guillaume Guédes, tisserand et loueur de chevaux (elle était idéalement placée, au bord de la route Quimper-Lanvéoc). Après son décès en 1853, elle sera transmise à sa veuve Marie Roussel, puis à son fils Noël, tisserand. Vers 1880 elle est achetée par François Eussaff, forgeron, époux de Marie Jeanne Mao. Leur fille Marie Renée se marie en 1923 avec Pierre Chipon.

Au XVIII^ème siècle, cette maison est citée en 1745², lors de la succession de missire Sébastien Merrault, prestre et ancien chapelain de Locronan, qui possédait, entre autre, "une maison couverte de paille située au bout du nord de la rue des Charettes avec sa crèche et son jardin au nord d’icelle le tout profité à titre de simple ferme par Denis Lucas et femme", et " un jardin à l’oriant de laditte maison rue des Charettes donnant d’oriant sur la courtil sur le courtil aux héritiers du feu sieur de Rozaven Moreau vivant avocat, du midy sur le chemin de Locronan à la Croix Diben et au stivel d’occident et nort sur laditte maison et jardin".

Après tirage au sort, la maison reviendra à "Henry Guézennec et Françoise Brouquel sa femme, et François Moreau et Elizabeth Fresnay sa femme", et le jardin à "Corentin Trébuche, David Trébuche, Olivier Salaun et Antoinette Trébuche sa femme". Ce jardin sera racheté par François Moreau le 28 septembre 1745³, par un acte où il est mentionné que Sébastien Merrault l'avait lui-même acquis en 1713 de Françoise Le Moign (veuve de Jean Orieux). Ce couple demeurait alors au château de la Motte Nèvet, au sommet de la montagne de Locronan, propriété de Malo de Névet, qui devait leur avoir confié un poste de responsabilité.

Catherine, fille de Henry Ghézennec et de Françoise Brouquel, va épouser Jean Ligavan, tisserand, en 1765. Ce sont les parents de Daniel Ligavan, le propriétaire cité par le cadastre de 1808 : la maison est restée propriété de la même famille depuis 1745.

Denis Lucas, qui épouse Jeanne Salaun en 1713, puis Anne Le Calloch en 1720, exerçait le métier de tisserand. Sa seconde épouse était la sœur d'Ollivier Le Calloch, gouverneur de l'hôpital de la Motte, établissement fondé par le marquis Malo de Névet en 1705. En 1742, le registre de capitation le situe bien dans la rue des Charettes, où il paye une livre dix sols. Il décède en 1746 sans héritier direct.

Notes

1 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 64, Licitation consentie par Daniel Ligavan à Jean Poulmarch et femme pour leur héritage et pour meubles, 1810.

2 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 8, Partage d'héritages passé entre Henry Guézennec, François Moreau et femme, et Corentin Trébuche, David Trébuche, Olivier Salaun et Antoinette Trébuche sa femme portant 1298 livres, 1745.

3 Arch.Dép.Finistère, 4 E 36 8, Acquet par François Moreau et femme de Ollivier Salaun et femme, 1745.