Bourlan Bras

L’aveu du prieur de Locronan de 1680 indique que Bourlan Bras est un village "contenant en fond dix huict journal tenu par Jan Philippe en qualité de domainier dudit seigneur de Keridiern son seigneur foncier sans charge fors un comble de froment de cheffrante sur la grande montagne y adjacente nommé Menez Kerdoutoux".1

Le propriétaire foncier était l'écuyer Vincent de Kéridiern, fils de Jean de Keridiern et de Marie Keratry, qui déclare ses terres au roi en 1680.2 On trouvera des indications sur la famille de Kéridiern dans un article de Daniel Bernard, paru en 1909 dans le bulletin de la société archéologique du Finistère.3

Certaines de ses terres relevaient également de la Seigneurie de Lesarcoet. On lit ainsi dans la déclaration de 16804 : "Au Bourglan,la seigneurie de ligence a tous debvoirs  seigneuriaux sur le parc uhelaff pillaff, sur un parc de terre chaude en la parée de Bourglan bihan, sur parc an Liguiric, parc an coat uessaff, parc an coat pilaff, sur une montaigne et bois tailliff joignant le bois au duc, le tout et apartenances du Bourglan bras et bourglan bihan apartenantes audit sieur de Queridiern sur lesquelles terres est debue à la seigneurie de cheffrante par chacun an une paire de gantz", et un peu plus loin : "Proche de Bourglan, la seigneurie de ligence et tous debvoirs seigneuriaux sur une piece et estandue de terre contenant sep journeaux, et sur une montaigne  à bois tailliff située entre le bois tailliff du duc et le village du Bourglan appartenent audit sieur de Queridiern". 

Vincent de Kéridiern, époux de Suzanne Poullain, décède à Cleden le 11 septembre 1711, sans héritier. Sa succession échoit à Jacques de Kératry, fils de François et de Renée Toulguengat, né à Ploaré en 1676, époux de Marie Anne de Kerguelen.

A la veille de la Révolution le village appartient à la famille de Moellien, selon la déclaration de 17875 :

"Suivant acte du 14 juillet 1771, il est dû par Marie Philippe sur le lieu de Bourlan Bras de rente foncière pour argent, chapons, corvée et droit de moute quatre vingts cinq livres six sols evalués cent six livres dix sept sols six deniers".

Guy Marie de Moellien ayant émigré, le village sera vendu comme bien national le 5 floréal an 7 (24 avril 1799), et adjugé à Guillaume Nézet du village voisin de La Villeneuve6 :

"Il a été allumé un premier feu pendant la durée duquel le fond du convenant Bourlan Bras tenu à domaine congéable par Yves et Hervé Chapalain, consistant en maisons, crèches, jardins et coutil, dix journaux deux tiers de terre chaude, vingt de terre froide, six journées à faucheur sous prairie, de revenu soixante douze francs et six chappons, ainsi qu'il est détaillé au procès verbal d'estimation du vingt quatre thermidor an six au rapport de Leissègues Rozaven expert, situé commune de Locronan dans le canton d'idem, provenant de l'émigré Guy Marie Moellien, suivant le bail du 10 mai 1786, sur une mise à prix de 692 francs et porté à 717 francs par le citoyen Mezonan, à 730 francs par le citoyen Bellet et à 735 francs par le citoyen Mezonan. Ce premier feu éteint, il en a été successivement allumé deux autres pendant la durée desquels la plus forte enchère a été a été portée à 765 francs par le citoyen Mezonan. Un quatrième feu allumé s'étant éteint sans enchères, l'administration, oui le Commissaire du Directoire exécutif, a adjugé ledit bien au citoyen Mezonan, qui a déclaré faire pour le citoyen Guillaume Nézet de Locronan".

Guillaume Nezet (1857-1802) et Marie Jeanne Hemon (1753-1826) deviennent les propriétaires fonciers du village, encore détenu actuellement (en 2017) par leurs successeurs (Nicolas Mevel et Marie Anne Nezet, Guillaume Joncour et Marie Mevel, Guillaume Joncour et Marie Anne Gouriten, Pierre Garrec et Marie Joncour, etc.

Les domaniers.

Le 22 février 1683, Jan Philippe, fils de Jan, épouse Louise Cloarec. Ils auront une dizaine d'enfants à Locronan, dont certains sont déclarés nés à Bourlan Bras. Le domanier cité en 1680 dans l'aveu du Prieur doit être l'un de ces deux Jan. Plusieurs descendants de ce couple vont eux aussi demeurer dans ce village, dont deux des quatre filles mariées :

Renée (1691-1742), épouse Guillaume Hascoet en 1722. Ils auront plusieurs enfants à Bourlan Bras, dont Yves (1723-1779), qui épouse Anne Lastennet en 1750, qui est dit de Bourlan Bras en 1756 lors de ses fonctions de fabrique de Saint-Eutrope7.

Janne (?-1773), parfois appelée Marie, épouse Pierre Kernescop en 1727. Ils auront aussi plusieurs enfants à Bourlan Bras, dont Pierre (1723-1786), qui épouse Gabrielle Ligavan en 1760.

Ce dernier couple reste lui aussi à Bourlan Bras, et trois de leurs filles (Jeanne, Marie Jeanne, Anne Gabrielle), s'uniront avec trois frères Chapalain (Yves, Hervé, Pierre). Yves et Hervé sont les domaniers cités dans la vente de 1799.

Les exploitants du village sont donc restés dans la même famille depuis l'aveu de 1680, ce qui s'explique par la transmission successorale des droits réparatoires.

Après 1799, les propriétaires fonciers seront aussi les exploitants. Au début du XIXème siècle, outre leur métier d'agriculteurs, il exerceront aussi celui de tisserand, comme dans la plupart des villages de Locronan à cette époque. C'est ce que montre deux inventaires datés de 18078 et 18119, où l'on trouve des informations sur la culture et le tissage du chanvre. On relève ainsi en 1811 :

 

Un dévidoir (1 franc), un peigne à chanvre (10 francs), 160 bottes de chanvre à peigner (60 francs), un métier à tisserand avec lame et dévidoir (36 francs), trois broies et une pelle à four (15 francs), une castellée de graine de chanvre (1 franc).

Les parcelles de Bourlan Bras sur le cadastre de 1847, section 3 :

Ar Foennec (13), Foennec ar Prat (14), Liors Guéot (15), Liors ar Quefelec (16), Jardin ar Quefelec (17), Liors Bras (18), Maison, crèche et four (19), Liors ar Forn (20), Prat ar Feuteun avec fontaine et lavoir (21), ar Leurguer (22), Parc Bihan (23), Jardin Huela (24), Jardin alleur (25), Aire, Hangard, Crèches (26), Prat Alleur (27), Liors Parc Alleur (28), Parc ar Foennec (29), Parc ar Stoquer? (30), Parc an Droennou (31, 32), Parc an Dromini (33,34), Menez Bourlan (35), Portion d'ar Menez (53).

Bourlan Bras en 1847

Notes

1 Arch. Dép. Loire-Atlantique, B 1164, Rentier du prieuré de Locronan, 1680.
2 Ach. Nat., P 1553, Terrier des domaines de Bretagne, Déclaration d'escuyer Vincent de Queridiern, seigneur dudit lieu et de Kerdoutoux, demeurant en son manoir de Kerdoutoux en la paroisse de Plonévez Porzay ,1678.
3 BERNARD Daniel, La Seigneurie de Keridiern, Bulletin Soc. Arch. du Finistère, 1909, pp269-277.
4 Ach. Dép. Loire-Atlantique, B 1144, Déclaration et dénombrement des biens de Claude de Guergorlay, chevalier seigneur marquis de Cleudon, 1681.
5 Arch. Dép. Finistère, 38 J 6, Aveu du Seigneur de Moellien, 1788.
6 Arch. Dép. Finistère, 1 Q 692, Vente du village de Bourlan Bras, 1799.
7 Arch. Dép. Finistère,4 E 36 16, Bail accordé par Yves Hascoët, de Bourlan Bras, fabrique de Saint Eutrope, 1756.
8 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 61, Société de meubles, passée entre Marie Jeanne Hémon veuve de Guillaume Nézet, et Nicolas Mével et Marie Nézet sa femme, 1807.
9 Arch. Dép. Finistère, 4 E 36 65, Inventaire fait à Bourlan Bras, après le décès de Guillaume, Marie et Marie Jeanne Nézet à la requête de Nicolas Mével, tuteur, 1811.